Dans moins d’un an, les Québécois seront appelés aux urnes. Dans quel état d’esprit s’y présenteront-ils ?
Si l’élection partielle de Louis-Hébert nous donne une idée de l’état d’esprit de l’électorat, on peut croire que le PLQ a de bonnes raisons de s’inquiéter. Ce n’est pas un simple vent de changement qui s’est fait sentir dans Louis-Hébert.
Protestation
Les électeurs n’ont pas simplement voulu envoyer un message de protestation. Ils ont manifesté leur ras-le-bol.
On peut comprendre. En 2018, cela fera 15 ans que le PLQ est au pouvoir, si on laisse de côté la parenthèse péquiste de 2012-2014.
Il s’agit d’un pouvoir usé. Très usé.
Par ailleurs, depuis qu’il est chef du PLQ, Philippe Couillard mène un combat idéologique obsessif contre l’identité québécoise. Un moment donné, le commun des mortels en a assez de se faire accuser d’intolérance.
Et pourtant, le PLQ n’est pas battu. Et cela, pour une raison simple : le vote francophone est profondément divisé.
Si dans la région de Québec la CAQ est sans le moindre doute l’alternative au Parti libéral, il n’en est pas de même partout. Ailleurs, c’est vers le PQ que se tournent les électeurs antilibéraux.
Jusqu’aux prochaines élections, les deux grands partis francophones seront en guerre l’un contre l’autre pour s’imposer comme solution de rechange au PLQ.
Qu’on me permette d’insister : que se passe-t-il dans la tête d’un électeur libéral ? Chez ceux qui sont issus de la communauté anglophone et des communautés culturelles, on le sait, il s’agit d’une forme d’ultrafédéralisme canadien militant.
Mieux vaut le PLQ que n’importe quel nationaliste québécois. Mais qu’en est-il chez les rares francophones qui leur reste ? Il y a évidemment les fédéralistes purs et durs. Ceux-là minouchent le drapeau canadien.
Il y a aussi ceux qui y voient le parti de l’économie, des affaires et de la prospérité. Ils ne manquent pas d’imagination.
La CAQ, en 2018, aura l’avantage de la nouveauté politique. Le parti a beau rassembler un bon lot de vieux routiers, il a la vertu, pour beaucoup d’électeurs, de sortir le Québec du débat entre souverainistes et fédéralistes.
En la matière, la CAQ prétend jouer sur les deux tableaux. Autant elle donne plus de gages qu’elle n’en devrait au fédéralisme, autant elle cherche à occuper le créneau de l’identité québécoise.
CAQ-PQ
La stratégie n’est pas mauvaise, mais elle conduira ce parti à de réelles contradictions. Entre la constitution canadienne et l’identité québécoise, il faut choisir.
On se demandera aussi : quel Québec veut la CAQ ?
Le PQ a-t-il encore des chances ? La tendance lourde ne joue pas pour lui. C’est un peu comme si le PQ était une marque usée, qui ne conserve plus la sympathie que de ses plus anciens fidèles.
Mais au nombre de fois où on l’a enterré en 15 ans, mieux vaut se garder une petite gêne avant d’écrire sa rubrique nécrologique.
Il demeure probablement le mieux placé pour jouer la carte de la fierté québécoise. Reste à savoir si elle parle encore aux électeurs.
On verra.