Contrer le profilage racial des policiers dès les bancs d'école

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Demain, la police du Québec sera castrée par l'antiracisme militant


Contrer le profilage racial, c'est l'un des objectifs d'un cours obligatoire de sociologie que doivent suivre les étudiants en technique policière du Collège de Maisonneuve, à Montréal.




Pour aller au-delà de la théorie, un jumelage a été créé avec des nouveaux arrivants en apprentissage du français du Centre Yves-Thériaul, dans le nord de la ville. Des échanges qui se font dans la foulée desconsultations sur le racisme et la discrimination systémiques à Montréal et d'un rapport indépendant qui montre que les interventions du SPVM sont partiales à l'égard de certaines communautés.


Trois étudiants au Centre de francisation Yves-Thériault.

Étudiants au Centre de francisation Yves-Thériault : Marjorie Gonzalez Torres, Xin Xu et Isabel Celeste Gamez Narvaez.


Photo : Radio-Canada / Karine Mateu




Isabel Celeste Gamez Narvaez, Xin Xu et Marjorie Gonzalez Torres étudient le français au Centre Yves-Thériault. Ils sont nouvellement arrivés au Québec. Un jumelage avec des étudiants en technique policière est une façon pour eux de pratiquer leur nouvelle langue, tout en faisant tomber certains préjugés envers les policiers.



Quand on arrive, on a toujours l'image des policiers de chez nous. Dans mon cas, c'est toujours une mauvaise image... Les policiers, pas proches de moi!


Isabel Celeste Gamez Narvaez


Isabel a été jumelée à Aurélie Fillion, étudiante en deuxième année en technique policière. Celle-ci raconte certains échanges : Elle [Isabel] nous a posé une question : ''Est-ce qu'on réagit différemment face à d'autres cultures?'' Pour nous, on n'a aucun problème avec ça. On apprend dans nos études à interagir avec toutes les cultures. Elle était étonnée de ça. Elle était contente.



C'est sûr que certains policiers vont avoir une mentalité plus fermée. Il faut juste qu'ils apprennent à s'ouvrir et qu'ils comprennent l'ampleur de leurs actes.


Aurélie Fillion


Des étudiants plus ouverts


Deux étudiants en technique policière.

Les étudiants en technique policière au Collège de Maisonneuve Jérémy Thibodeau et Étienne Després


Photo : Radio-Canada / Karine Mateu




Dans le cadre de leur cours de sociologie, les étudiants en technique policière devaient présenter au public le fruit de leurs recherches sur le pays des nouveaux arrivants rencontrés lors du jumelage. Ça permet de défaire des préjugés. En faisant des recherches et en les côtoyant. Ce n'est pas vrai que c'est facile de venir ici et que ça marche tout bien, dit Jérémy Thibodeau, qui a participé au jumelage.



On le voyait que les gens avaient de la difficulté à s'établir et que c'est dur, car ils ne connaissent pas la langue et les valeurs sont différentes. C'est juste de réaliser que ce n'est pas facile d'immigrer dans un pays.


Jérémy Thibodeau


Son coéquipier Étienne Després souhaite devenir policier à Montréal. C'est sûr que quand on regarde les études qui sont sorties récemment sur le SPVM, ça porte à croire autre chose, mais avec le programme de technique policière et ce qu'on leur explique aussi, ils voient qu'il y a une ouverture qui est beaucoup plus grande, un cheminement qui se fait au fil des années et on espère pouvoir éliminer le profilage racial dans la police. C'est ça le but du cours, explique Étienne.



Ça apporte une certaine réalité au niveau de leurs conditions de vie autant dans leur pays qu'ici. On réalise qu'ils ont vécu certains épisodes traumatiques. Alors des fois leur approche avec les policiers, ici, à Montréal, peut être plus difficile. Il faut savoir aborder ça avec eux.


Étienne Després


Une image positive des policiers


Les étudiants du Centre de francisation Yves-Thériault participent au jumelage avec le Collège de Maisonneuve.

Les étudiants du Centre de francisation Yves-Thériault participent au jumelage avec le Collège de Maisonneuve.


Photo : Radio-Canada / Karine Mateu




Xin Xu, de la Chine, est arrivé au Québec il y a cinq ans et apprend le français depuis un an. Pour lui, les policiers de Montréal sont très ouverts.



À Montréal, je crois que les policiers sont très dynamiques. Il y a plusieurs femmes policières, plus que dans d'autres pays.


Xin Xu


Aussi, pour les étudiants futurs policiers, ils sont nés au Québec, mais leurs parents viennent de différents pays. Ça nous donne beaucoup de chance pour que les policiers comprennent les différentes cultures, ajoute Xin.


Les rencontres avec les étudiants ont rassuré Marjorie Gonzalez Torres, originaire de Cuba.



Ça nous donne une idée comment ils vont faire les futurs policiers, comment ils sont éduqués. Ils sont très sérieux et respectables.''


Marjorie Gonzalez Torres


Ce contact avec les policiers, les futurs, les étudiants, c'est bon, parce que tu dois savoir les différentes cultures pour savoir comment les personnes avec qui tu vas parler vont réagir, dit-elle.


Échanger sur le profilage racial


La conseillère pédagogique au Centre Yves-Thériault, Émilie Prenoveau, dans son bureau.

La conseillère pédagogique au Centre Yves-Thériault, Émilie Prenoveau.


Photo : Radio-Canada / Karine Mateu




La conseillère pédagogique au Centre Yves-Thériault, Émilie Prenoveau, explique que les nouveaux arrivants demandent régulièrement d'avoir l'occasion de parler avec des Québécois : Ils nous disent, ''on n'a pas la chance de parler en dehors de l'école!'', soit parce qu'ils n'ont pas le temps, soit parce qu'ils sont trop gênés, soit parce qu'ils n'arrivent pas, par les hasards de la vie, à rencontrer ou se faire des amis québécois.


Le fait que le jumelage se fasse avec des étudiants en technique policière amène un intérêt de plus, explique-t-elle.



Lors de leur deuxième visite, la moitié de nos élèves sont arrivés avec le Journal Métro et en première page, c'était ''Policiers biaisés'' le gros titre et ils leur ont demandé : ''ça veut dire quoi? Expliquez-nous!!''


Émilie Prenoveau


Des cours obligatoires sur le profilage


La conseillère à la vie étudiante en interculturel, Julie Prince, et la professeure de sociologie au Collège de Maisonneuve, Nancy Moreau.

La conseillère à la vie étudiante en interculturel, Julie Prince, et la professeure de sociologie au Collège de Maisonneuve, Nancy Moreau.


Photo : Julie Prince




La professeure de sociologie au Collège de Maisonneuve et responsable du jumelage, Nancy Moreau, explique que les étudiants doivent suivre deux cours obligatoires de sociologie pendant leur scolarité : le premier, sur le profilage social (itinérance, violence conjugale), et le deuxième, sur l'interaction avec les communautés culturelles et ethniques et les communautés autochtones. C'est dans ce dernier cours que le profilage racial est abordé.


Le but du cours c'est de les ouvrir et leur faire rencontrer le plus possible de communautés, au niveau de la diversité ethnique, culturelle, religieuse, et la question autochtone, les ouvrir le plus possible, explique-t-elle.



Ça rapproche...Parce que la xénophobie, c'est la peur de l'autre, c'est la peur de ce que l'on ne connaît pas. Ils [les étudiants] vont s'en rappeler, je pense que ça marche, je l'espère.


Nancy Moreau


Julie Prince, conseillère à la vie étudiante en interculturel au Collège de Maisonneuve, est responsable de favoriser ce type de projet pour l'institution. Elle croit qu'en ce qui concerne l'interculturel, il ne faut pas seulement apprendre par la théorie, mais qu'il faut aussi le vivre. Ça nous permet vraiment de faire une réciprocité, dit-elle.




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