Quand je regarde l'année 2015 et que je me demande ce qui a marqué les 52 dernières semaines, la réponse est assez évidente. C'est l'année où on ne peut plus rien dire.
En effet, quand on fait la liste de certaines des controverses qui ont marqué l'année, on se rend compte qu'elles ont un point commun: restreindre la liberté de parole, la liberté d’humour, la liberté de créer en paix.
Sois fin et tais-toi!
Ça a commencé le 7 janvier avec l'assassinat des joyeux lurons de Charlie Hebdo. Pas le droit de rire de Mahomet ni même de dessiner Mahomet sinon on risque la mort au bout d'une kalashnikov.
Dans les autres cas, il n’y a pas eu mort d’homme, mais la mort d’une certaine liberté...
Il y a eu l'émission Pow Wow, un titre de travail pour l'émission musicale de Pierre Lapointe et Claudine Prévost, qui a changé de nom pour ne pas faire de la peine aux autochtones. Pour ne pas faire de la peine à ces mêmes autochtones, il ne fallait pas non plus arborer de chapeau à plumes dans les festivals de musique, sous peine de passer pour un sale raciste.
Puis il y a eu Serge Chapleau qui a affirmé au Devoir que l'équipe de son émission Ici Laflaque avait décidé de ne faire aucune marionnette à l’effigie de Mahomet.
En 2015, on a découvert l’expression «appropriation culturelle» dont on n’avait jamais entendu parler avant. C’est une invention de l’extrême gauche qu’on pourrait définir ainsi: «Tout homme blanc occidental qui utilise un symbole d’une culture autre que la sienne est un crétin...»
Donc un humoriste blanc ne peut pas se déguiser en noir pour imiter un noir, un étudiant de l’université d’Ottawa ne peut pas faire de yoga parce que c’est un art sacré indien, et un amateur de musique d’Osheaga ne peut pas se planter trois quatre plumes dans les cheveux.
2015, c’est aussi l’année où on a voulu interdire un rappeur macho et un conférencier sexiste. Au lieu de les laisser parler puis de les critiquer, on a préféré les baillonner.
Le silence des réseaux
Louis Morissette, qui s'apprête à nous présenter son émission de revue de l’année, nous dit que depuis son premier Bye Bye, les avocats qui relisent les textes n'ont jamais été aussi frileux que cette année. Une poursuite est si vite arrivée!
Quand Patrice L'Écuyer faisait des Bye Bye, il y a des siècles, il a déjà personnifié Gregory Charles en étant peint en noir de la tête au pied. En 2015, ce genre d’idées ne se rend même pas au stade du brainstorm.
Bref, 2015 c’est l’année où on marche sur des œufs, on en enfile des gants blancs, où on tourne sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler.
C’est l’année où on consulte 24 avocats avant d’écrire une blague, où on consulte les lobbys, les associations, les groupes, les groupuscules, les cercles des fermières du fin fond de l’Abitibi avant d’émettre le moindre commentaire ou de faire la moindre blague.
Vous avez vu le titre du spectacle de la jeune humoriste féministe Mariana Mazza? C’est: Femme ta gueule.
Je trouve que ça résume bien l’année 2015.
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