Ma collègue Josée Legault signait vendredi une chronique où elle soulignait que dans un monde qui change, le Québec a l’air de faire du surplace depuis 1995. Voilà que l’élection de la CAQ de François Legault semble avoir réintroduit un certain mouvement.
Reste à voir de quoi sera fait le changement.
Québec figé
C’est effectivement une impression qu’on avait, celle de voir un Québec désespérément figé, alors que ça bouge partout ailleurs.
Aux États-Unis, le conservatisme de George W. Bush et son rejet du multilatéralisme ont vu lui succéder l’espoir disproportionné de Barack Obama, puis la colère trumpiste.
En France, on tente de se réformer en testant différents styles de leadership, de l’omniprésidence de Nicolas Sarkozy à la technocratie d’Emmanuel Macron, qui rencontre actuellement ses limites, en passant par l’affligeante normalité de François Hollande.
Même au Canada, on a connu un nouveau nationalisme harperien, pétrolier et militarisé, gonflé par l’effort olympique. On est ensuite passé à l’angélisme postnational de Justin Trudeau.
Partout, on essayait des choses et on vivait des moments qui laissaient des traces.
Puis chez nous, rien.
L’éternité libérale, sans projet. Le triomphe de la langue de bois, de la simple administration à la petite semaine et l’absence de revendications pour le Québec.
Changement de ton
Avant les dernières élections québécoises, les détracteurs de François Legault dénonçaient l’apparente similarité qu’avait son programme avec celui du PLQ. Celui qui dit que le Québec sera radicalement différent dans quatre ans ne nous a effectivement pas vraiment proposé un grand projet de société.
Le changement est surtout dans le ton, on dirait, mais il n’est pas banal. Le premier ministre invite à l’ouverture, à prendre les bonnes idées là où elles sont. Sur Twitter, on voit le ministre des Transports, François Bonnardel, discuter de la panne du traversier F.- A.-Gauthier, reliant Matane à Baie-Comeau, avec Pascal Bérubé, chef du deuxième groupe d’opposition et député concerné.
Et si c’était ça, la vraie nouvelle politique ? Simplement gouverner avec une volonté réelle de régler les problèmes, plutôt que de seulement protéger ses intérêts partisans.
Ne serait-ce pas là un changement qui porterait en soi quelque chose de révolutionnaire ?
Est-ce que c’est de ça que 2019 sera fait et qui remettra en marche la machine Québec ?
Parce que quand on regarde les nouveaux ministres de la CAQ, manifestement peu portés sur la fidélité partisane, on a peut-être le goût de se dire que plusieurs sont peut-être tout simplement là pour les bonnes raisons.
Maintenant, est-ce que les partis d’opposition sont intéressés à se mettre dans les mêmes dispositions ?
Surtout, est-ce que les Québécois ont envie de ça et est-ce que c’est une histoire que les médias auront envie de raconter ?
On a envie d’y croire et, après tout, on peut bien rêver. L’année n’a que sept jours...