On comprend que les profs qui ont été formés pour donner le cours d’éthique et de culture religieuse (ECR) en prennent la défense. Sauf que dans les arguments évoqués se trouvent justement les motivations de l’urgente révision ordonnée par le ministre de l’Éducation.
On dit que la culture religieuse est une réalité sociale importante. C’est vrai, mais pourquoi y consacrer un cours entier chaque année du primaire et du secondaire alors que l’«éducation financière» est confinée à la 5e secondaire et qu’on fait encore l’impasse sur plein de questions pressantes comme la citoyenneté numérique?
Le fait religieux appartient de plein titre aux sciences humaines et devrait donc être présenté dans des matières qui le placent dans son contexte historique et social. Pas au moyen d’activités d’apprentissage caricaturales qui présentent les pratiques les plus rigoristes comme le centre mou de la foi.
Citoyens du Québec
L’autre problème du cours actuel d’ECR, c’est que ses promoteurs poursuivent un objectif politique. Dans une tentation orwellienne assumée qui donne froid dans le dos, on cherche ouvertement à rendre impossible l’élaboration par l’élève d’une parole critique des religions et du multiculturalisme.
«On veut faire des gens des citoyens du monde», plaide Marc Chevarie, président de l’Association québécoise en éthique et culture religieuse dans ce qui ressemble à une prodigieuse déconnexion du consensus démocratique québécois. Pour rejoindre l’universel, il faut partir d’une culture bien ancrée dans des connaissances partagées. Ce que l’école a la vocation de former, ce sont des citoyens québécois.
Éparpillement
Le gouvernement devra toutefois éviter l’éparpillement entre les huit thèmes qu’il envisage d’inscrire au programme et les désirs de tout un chacun. Plus d’histoire! Plus de littérature! Plus d’anglais!
La réforme de l’éducation, pour faire plus de place aux matières de base, avait évacué plusieurs cours, dont la formation personnelle et sociale. Voilà qu’elle revient par la porte d’en arrière.