Trump est parti pour gagner l’élection de 2020. Cela signifie davantage de juges conservateurs nommés dans les tribunaux fédéraux comme à la Cour suprême, donc, culturellement « un retour en arrière ». Cela signifie, également, la déconstruction de 70 ans de politique étrangère « néoconservatrice », donc la fin des changements de régime. Cela signifie, enfin, l’ultra-expansion de la capacité dissuasive de la plus grande puissance économique, énergétique et militaire au monde, donc davantage de tordage de bras, certes soft, exercé à l’encontre des pays étrangers. Et cela signifie, bien sûr, le démantèlement de l’État profond, remplacé par un autre, celui des fidèles du président lui-même.
C’est donc intolérable pour l’establishment bipartisan, la CIA, le State Department (Affaires étrangères). D’autant plus que le ministre de la Justice Barr et le procureur Durham ont élargi leur enquête (et leur budget) sur les causes et le déroulement du « Russiagate », reprenant à rebours un chemin qui les mène maintenant aux portes du palais, celui de la CIA, du FBI et de leurs alliés européens et australien. L’enquête avance, en dépit des entraves bureaucratiques mises en place par la CIA (laquelle freine la remise des documents dits déclassifiés aux enquêteurs, au nom de la sécurité nationale).
Nos précédentes chroniques ont expliqué comment ces gens, souvent travaillant à la Maison-Blanche, ont bâti une nouvelle histoire – « l’Ukrainegate » – en liaison avec Nancy Pelosi et Adam Schiff, non seulement afin de sortir Trump pour « abus de pouvoir » et « extorsion », mais aussi afin de fermer la boîte de Pandore ukrainienne. Car c’est de là, sous Porochenko, que sont parties bon nombre d’accusations contre Donald Trump et sa campagne, ce que le ministre de la Justice Barr doit analyser avec les autorités ukrainiennes. Et c’est en Ukraine que le personnel diplomatique américain d’Obama, toujours présent sous Trump, est intervenu auprès des procureurs locaux afin de stopper certaines enquêtes contre certains oligarques ou certaines ONG, ainsi que précisé par Rudy Giuliani, l’avocat privé de Trump, que ce dernier a envoyé en Ukraine afin de donner un coup de fouet aux enquêtes en cours, de peur qu’elles ne soient discrètement enterrées.
Il n’est donc pas surprenant que Pelosi et Schiff ne veuillent, par les méthodes « staliniennes » dont nous avions déjà parlé, d’abord interroger, en secret, le personnel diplomatique américain – exclusivement #NeverTrump et impliqué en Ukraine – afin de « prouver » que Trump a forcé Zelensky à rouvrir les enquêtes sur les actions de la machine Obama-Clinton en échange de financements militaires. Une histoire grandit ainsi, faite exclusivement de données de seconde ou troisième main, qui fuite sélectivement, afin d’ahurir le public, lui faisant penser que voici enfin la fin de Trump.
Il est maintenant question que le Sénat vote une motion de désapprobation de la Chambre, exigeant d’elle qu’elle procède selon les modèles Nixon et Clinton (droits de la défense, procédure contradictoire). Faute de quoi, le Sénat considérerait l’impeachment de Trump comme nul et non avenu, n’ouvrant ainsi pas le procès du président. Si toutefois les républicains du Sénat suivent Trump. Par ailleurs, Joe Biden, lui-même impliqué dans le méli-mélo ukrainien, sera-t-il « démissionné » de la course, laissant ainsi le champ à Bloomberg, Hillary Clinton, voir Michelle Obama ? Les jeux sont ouverts.