Maxime Longangué -
Monsieur le ministre Lawrence Cannon,
Je suis un ancien employé de Droits et Démocratie, ayant démissionné depuis peu et avec regret. J'ai occupé les fonctions de président du Syndicat des employés de Droits et Démocratie au cours des dernières années et, bien que n'y travaillant plus, j'ai encore à cœur la survie de cet organisme. J'espère pouvoir vous convaincre de l'importance d'agir.
J'ai lu avec grand intérêt, lundi dernier, la réponse du gouvernement du Canada au rapport du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international intitulé Droits et Démocratie: vers un avenir meilleur. J'avais d'ailleurs eu l'occasion de témoigner devant le Comité lors des audiences sur la crise à Droits et Démocratie en avril dernier. Je dois admettre que j'ai trouvé la réponse insatisfaisante et plutôt décevante.
Dans cette réponse, «le gouvernement souligne la confiance qu'il accorde au conseil d'administration actuel et au président de Droits et Démocratie, M. Gérard Latulippe». Or certains faits récents me portent plutôt à croire que, sous la gouverne de ce conseil d'administration et de M. Latulippe, Droits et Démocratie est en déroute, opinion partagée par de nombreux employés qui ne peuvent s'exprimer publiquement par crainte de représailles.
Envenimer la situation
Loin d'avoir réussi à calmer la crise en réaffirmant la non-partisanerie de l'organisation, les décisions récentes de M. Latulippe et du conseil d'administration n'ont fait qu'envenimer une situation déjà intenable. Il y a matière à s'inquiéter du fait que l'argent des contribuables sert à payer d'innombrables avocats et consultants plutôt qu'à promouvoir le respect des droits de la personne et le développement démocratique dans le monde, que la mémoire institutionnelle est considérablement compromise et que l'expertise internationalement reconnue des employés de Droits et Démocratie est décimée.
En outre, il est à craindre que les programmes et partenariats développés par l'institution depuis plus de 20 ans soient irrémédiablement dénaturés ou tout simplement abandonnés. Bref, le mandat même de l'organisation semble mis en cause.
Sur le plan financier, depuis l'entrée en fonction du nouveau président, soit depuis sept mois seulement, on pourrait estimer que le Centre a dépensé plus d'un demi-million de dollars des fonds publics en contrats de consultants. Le tout semble fait sans appel d'offres, alors même que cette pratique amorcée au cours de l'intérim de M. Jacques Gauthier avait fait l'objet de vives critiques. Lorsqu'on ajoute à ces dépenses celles contractées de janvier à mars 2010 par le conseil d'administration, sous la présidence intérimaire de M. Jacques Gauthier, la facture de cette crise s'élèverait à plus d'un million de dollars en fonds publics.
Rapport public
Au chapitre de la cohésion institutionnelle et de l'efficience de l'organisme, notons que l'embauche répétée de consultants, dont plusieurs ont effectué le travail d'employés en poste, n'a rien fait pour rétablir la confiance interne et assainir le climat de travail. À cela s'ajoute le fait que seuls quatre projets élaborés par le personnel ont été formellement approuvés depuis l'entrée en fonction de M. Latulippe, alors qu'une douzaine d'autres ne peuvent être mis en oeuvre, faute d'approbation.
Dans ce contexte, on ne s'étonnera pas de la dégradation rapide de la situation sur le plan des ressources humaines depuis l'arrivée de M. Latulippe: huit départs volontaires, quatre départs découlant d'abolitions de postes et de nombreux congés pour épuisement professionnel, qui s'ajoutent aux quatre congédiements effectués par M. Gauthier entre janvier et mars 2010. Bref, depuis le début de la crise, le Centre a vu son effectif diminuer de plus du tiers et une dizaine de postes restent encore vacants.
En ce qui a trait à l'image publique de Droits et Démocratie, M. Latulippe et le conseil d'administration n'ont toujours pas honoré leur engagement de rendre public le rapport d'enquête de Deloitte et Touche. Cela est d'autant plus préoccupant que ce rapport devait faire la lumière sur des allégations de mauvaise gestion accompagnées d'accusations graves selon lesquelles l'institution aurait financé des groupes terroristes sous la présidence de feu M. Rémy Beauregard.
Dans ces circonstances, il est important que ce rapport soit rendu public et que lumière soit faite sur ces allégations. Il en va de la crédibilité de Droits et Démocratie, du respect de l'intégrité de son personnel et de la mémoire de M. Beauregard.
Monsieur le ministre, je crains que le conseil d'administration et le président actuels ne conduisent peu à peu Droits et Démocratie à perdre toute crédibilité, et ce, en se prévalant de la confiance que vous leur accordez. Cela nuirait davantage à la réputation internationale du Canada.
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Maxime Longangué - L'auteur a travaillé à Droits et Démocratie jusqu'en octobre 2010 et fut président du Syndicat des employés de cet organisme au cours des trois dernières années
Droits et Démocratie
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