Alec Castonguay - Le caucus très médiatisé du Parti libéral du Canada à Sudbury cette semaine et la décision de Michael Ignatieff de renverser le gouvernement à la première occasion n'ont pas changé la donne au Québec. À l'approche d'une possible campagne électorale, le Bloc québécois demeure en tête dans les intentions de vote, particulièrement chez les francophones, révèle un sondage Léger Marketing-Le Devoir.
Par contre, le Parti libéral suit de près en deuxième position, ce qui laisse présager une chaude lutte entre Gilles Duceppe et Michael Ignatieff. De son côté, le Parti conservateur, malgré un été rempli d'annonces à saveur économique, ne parvient pas à retrouver la faveur des Québécois. Le parti de Stephen Harper est à égalité avec le NPD, loin derrière le PLC et le Bloc.
Le coup de sonde Léger Marketing-Le Devoir a été effectué entre le 31 août et le 2 septembre, soit pendant le caucus libéral. Durant cet événement, Michael Ignatieff a annoncé qu'il tentera de renverser rapidement le gouvernement. Depuis, la fièvre électorale frappe Ottawa de plein fouet.
Le Bloc québécois récolte 35 % des intentions de vote, soit le même résultat qu'en juin dernier.
Le Parti libéral du Canada reçoit 30 %, en baisse de 5 % comparativement au sondage de juin. Le Parti conservateur est crédité de 16 % des intentions de vote, en hausse de 4 % depuis deux mois. Stephen Harper partage toutefois la dernière place des grands partis avec Jack Layton, qui reçoit lui aussi 16 % des intentions de vote (hausse de 1 % depuis juin).
Avec de tels résultats, le Parti libéral est en position pour faire des gains au Québec lors des prochaines élections, soutient Christian Bourque, vice-président de Léger Marekting. «Certaines circonscriptions qui leur sont généralement favorables pourraient redevenir rouges, notamment en Mauricie et en Estrie», dit-il.
Les trois grands partis fédéralistes ont toutefois une côte à remonter pour rattraper le Bloc québécois dans les intentions de vote chez les francophones, qui décident du sort de 80 % des 75 circonscriptions de la province. Ainsi, le Bloc récolte 42 % chez les francophones, contre 26 % pour le Parti libéral, 15 % pour le NPD et 14 % pour le Parti conservateur.
Cette avance chez les francophones facilitera la tâche au Bloc québécois dans plusieurs régions, dit M. Bourque, qui y va tout de même d'un avertissement: la campagne n'est pas gagnée d'avance. «Il y a une réelle curiosité envers Michael Ignatieff. Gilles Duceppe devra trouver un moyen de motiver ses troupes et de renouveler son message.»
Le Parti conservateur est quant à lui encore victime de la cassure de la dernière campagne électorale, alors que Stephen Harper a mis de l'avant des politiques rejetées par les Québécois. «Le lien de confiance est toujours rompu, dit Christian Bourque. Le problème, c'est que si une élection est déclenchée cet automne, Stephen Harper risque de manquer de temps pour rétablir cette confiance.»
À la question: «À quel chef faites-vous le plus confiance?», les électeurs de la province ont répondu Gilles Duceppe à 32 %, Jack Layton à 23 %, Michael Ignatieff à 14 % et Stephen Harper à 12 %. Fait à noter, 17 % des citoyens ont dit ne pas savoir ou ont refusé de répondre.
Le bon résultat de Jack Layton n'étonne pas Christian Bourque. «Le NPD est porté par deux personnalités fortes que les gens aiment, soit MM. Layton et Mulcair», dit-il, ajoutant que maintenir les intentions de vote à ce niveau jusqu'au jour du scrutin sera difficile. «Il n'y a pas beaucoup de place au centre gauche de l'échiquier politique, entre le Bloc et le Parti libéral. Une partie des électeurs va probablement migrer vers le Bloc ou les libéraux. C'est comme si le NPD avait deux bons pilotes, mais assis dans la mauvaise voiture», image-t-il.
Malgré une économie qui semble se stabiliser et un été placé sous le signe des annonces en tous genres, les Québécois sont toujours aussi insatisfaits du gouvernement Harper. Près de 68 % des répondants se disent «insatisfaits» ou «très insatisfaits», alors que 27 % sont «satisfaits» ou «très satisfaits».
Le sondage a été réalisé en ligne auprès de 1005 répondants selon une méthodologie fiable et éprouvée lors des dernières élections américaine, canadienne et québécoise. La marge d'erreur est de 3 %, 19 fois sur 20.
Ailleurs au pays
Un autre sondage rendu public hier, cette fois de la firme Ekos pour le compte du réseau CBC, place les conservateurs et les libéraux à égalité à l'échelle du pays. Les deux partis récoltent 32,6 % des intentions de vote, suivis du NPD (16,5 %) et du Parti vert (9,9 %). La marge d'erreur est de 2,1 %, 19 fois sur 20, puisque 2118 Canadiens ont été interrogés par téléphone.
Le Parti libéral a toutefois l'avantage dans les régions du pays qui feront la différence lors du prochain scrutin. Pendant que le Parti conservateur reste dominant en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, des provinces déjà acquises à Stephen Harper, le Parti libéral a fait une remontée en Ontario, province cruciale avec ses 106 circonscriptions.
Ainsi, le Parti libéral récolte 40,4 % des intentions de vote en Ontario, contre 33,1 % pour le Parti conservateur. Le NPD obtient 15,6 % et le Parti vert, 10,9 %. La marge d'erreur dans cette province est de 3,7 %.
***
La méthodologie
L'industrie du sondage a beaucoup évolué au cours des dernières années avec l'arrivée des sondages Internet. Au cours des dernières élections américaines, canadiennes et québécoises, la démonstration a été faite quant à la qualité et la précision des résultats des sondages Internet. À cet égard, Léger Marketing a développé le plus grand panel Internet aléatoire et probabiliste comptant plus de 300 000 personnes. L'utilisation de techniques de recrutement aléatoire éprouvées, combinée à un processus d'inscription rigoureux en trois étapes assurent le caractère hautement représentatif du panel. Chaque fois qu'ils participent à un sondage, les internautes doivent valider leur identité et leurs caractéristiques personnelles, protégées par un code secret leur garantissant l'anonymat, assurant ainsi des données fiables et mises à jour à chaque utilisation.
Les sondages en ligne sont réputés pour produire des résultats d'une grande qualité, notamment parce qu'ils sont plus attrayants, interactifs et visuels, et parce que nous disposons d'une attention accrue de la part du répondant, qui peut lire les questions et prendre le temps d'y répondre au moment de son choix. Les sondages en ligne permettent aussi l'utilisation d'images fixes ou animées, de son et de techniques de mesure avancées, ce qui en fait un véhicule plus performant que les sondages traditionnels par téléphone.
Vers des gains libéraux au Québec
Le Bloc demeure largement favori chez les francophones
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé