Ottawa - Jouer son va-tout

Élection fédérale 2009

Tout indique que les Canadiens seront bientôt appelés de nouveau aux urnes. Les partis d'opposition, qui n'ont jamais accepté le verdict rendu par les électeurs le 16 octobre dernier, sont désormais en mesure de faire tomber le gouvernement de Stephen Harper. Après des mois de tergiversations, le Parti libéral de Michael Ignatieff se dit prêt à joindre sa voix à celles du Bloc québécois et du NPD lors d'un prochain vote de défiance.

Les raisons de défaire les conservateurs sont nombreuses. Les politiques qu'ils pratiquent sont à l'opposé des valeurs d'une majorité de Canadiens, aussi bien en matière de justice et de droits que sur le plan social et culturel. Malgré cela, les électeurs semblent prêts à tolérer encore quelques mois leur présence au gouvernement qu'ils leur ont confié à deux reprises depuis 2006, les préférant au Parti libéral. Ils n'ont pas tort, car des élections hâtives pourraient nuire à la reprise qui s'annonce.
Si de fait des élections ne sont pas souhaitables à ce moment-ci, il faut admettre leur caractère inévitable. Le Parlement actuel est instable. Depuis le printemps, les conservateurs ne cessent de provoquer les libéraux en les mettant devant l'alternative de les défaire ou de voter leurs politiques de droite, sachant que ces derniers, sans ressources financières et sans organisation, craindraient de déclencher des élections précipitées. Or, ce jeu, Michael Ignatieff ne pouvait plus s'y prêter au risque de se retrouver avec l'image d'un faible. Le sort des conservateurs apparaît arrêté puisque le NPD et le Bloc québécois ont plusieurs fois déclaré leur volonté de faire tomber le gouvernement.
Tant Michael Ignatieff que Stephen Harper jouent leur va-tout dans ce prochain affrontement. D'emblée, rien n'est gagné. Les sondages les montrent au coude à coude. L'actuel premier ministre se doit de remporter une victoire décisive. Ses militants n'accepteront pas un autre résultat similaire à celui du 16 octobre dernier. À sa troisième tentative, il lui faut un gouvernement majoritaire. Le chef libéral sera pour sa part durement jugé s'il n'arrive pas à chasser les conservateurs du pouvoir. Comme Stéphane Dion avant lui, il n'aura pas de deuxième chance. S'il prend le risque d'élections hâtives, c'est qu'il estime non sans raison que ses chances de l'emporter sont meilleures à ce moment-ci alors que persiste une certaine morosité économique dont il pourra faire porter la responsabilité aux conservateurs. S'il attendait le printemps prochain, ceux-ci auraient la chance de s'appuyer sur un budget plein de bonnes nouvelles pour faire campagne. En fait, les vrais motifs de cette élection sont d'ordre tactique.
L'occasion de faire tomber le gouvernement se présentera à la fin du mois. D'ici là, le gouvernement Harper pourrait bien essayer de changer la donne en cherchant l'appui du Bloc ou du NPD. Cela est plus qu'improbable, mais nous aurons à vivre ces quatre prochaines semaines une précampagne électorale. Si tous les partis d'opposition sont bel et bien résolus à défaire le gouvernement, aussi bien que cela arrive rapidement. Rien n'interdit au premier ministre Harper de demander la dissolution du Parlement comme il l'a fait l'an dernier. On évitera ainsi de perdre un temps précieux.
***
bdescoteaux@ledevoir.com


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->