Les trois partis qui s'affrontent à l'élection municipale à Montréal rendront public au fil de la campagne le nom de tous les donateurs leur ayant versé plus de 100 $. L'idée émane de Louise Harel, la chef de Vision Montréal. Le parti Projet Montréal l'a presque aussitôt faite sienne. Le week-end dernier, Union Montréal les rejoignait, le maire Gérald Tremblay comprenant au terme de nombreuses tergiversations qu'il n'avait d'autre choix pour ne pas laisser croire qu'il a des choses à cacher. Il met aussi fin, comme les autres, à la pratique des dons anonymes.
Que le parti du maire Tremblay se soucie tout à coup de transparence en matière de financement électoral vient confirmer que l'intégrité est bien l'enjeu principal de la campagne qui s'amorce. Il aura beau dire que «la dernière chose qu'il faut faire est une campagne basée sur le passé», il vient de montrer qu'il ne peut, comme le disent ses adversaires, éviter de rendre compte de sa gestion passée en ce qui a trait à l'attribution des contrats. Il ne peut escompter que les Montréalais ferment les yeux sur les enquêtes policières en cours dans un certain nombre de dossiers et sur cette analyse du Vérificateur général de la Ville sur le mégacontrat des compteurs d'eau qui doit être déposée le 21 septembre.
Les hésitations d'Union Montréal à ouvrir ses livres de comptes étaient d'autant plus étonnantes que le geste est dans une certaine mesure symbolique. On ne fait que devancer le dévoilement du nom des contributeurs des partis que la loi fixe au 1er avril de chaque année. Néanmoins, on peut croire que le geste aura un effet dissuasif auprès des personnes physiques ou morales qui contournent la loi par le biais de généreux dons anonymes ou encore, dans le cas des entreprises, en remboursant à leurs employés les dons qu'ils feront... le tout dans l'espoir, bien sûr, de dividendes futurs. Quant aux partis eux-mêmes, ils s'imposent d'être plus vigilants sur la source des dons reçus.
Le souci de transparence des politiciens montréalais devrait inspirer les autres partis municipaux du Québec. Il n'y a pas qu'à Montréal que se posent des problèmes d'intégrité. Souvent, la tentation est encore plus forte dans les municipalités de moyenne importance de verser dans le financement occulte des élections. L'enquête menée par le Directeur général des élections en 2000 sur des élections dites «clés en main» l'a bien démontré. Même si elles n'ont pu être prouvées, les allégations voulant que des bureaux de services professionnels aient financé des partis politiques municipaux en retour de l'obtention de contrats persistent. Ce sont des gestes d'autodiscipline comme ceux faits à Montréal qui seuls peuvent convaincre les électeurs que les politiciens ont encore un souci d'intégrité. Dans un but d'équité, la politique est un jeu qui doit se pratiquer à visage découvert.
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