La Ville d'Orillia, en Ontario, demande à ce que soit réinstallée la statue de l'explorateur Samuel de Champlain, une pièce maîtresse de son paysage riverain depuis près d'un siècle.
Parcs Canada, propriétaire du monument et du terrain sur lequel il se trouvait, tarde à remettre les lieux en état depuis plus d'un an, tandis qu'un groupe de travail cherche une manière de répondre aux plaintes reçues concernant la manière dont les Autochtones sont représentés dans l'oeuvre d'art.
Le conseil municipal d'Orillia a voté la semaine dernière en faveur de la reconstruction du monument dans sa forme originale, mais en l'accompagnant d'un nouvel élément qui permettrait de mieux refléter à la fois son contexte historique et la prise de conscience actuelle en faveur de la réconciliation avec les Premières Nations.
Le maire Steve Clarke espère que Parcs Canada y voit tout comme lui «une formidable opportunité éducative».
«Il faut que le monument reconnaisse toute notre histoire, ce qui veut dire la grandeur et le bien, mais aussi le mal et la laideur», a-t-il déclaré en entrevue.
D'autres ne le voient pas comme ça.
Des dizaines de personnes ont profité de la fête du Canada pour manifester à l'endroit où se trouvait le monument jusqu'à son retrait en 2017. Ceux-ci ont qualifié sa représentation des membres des Premières Nations de «blessante» et «raciste».
La sculpture originale, conçue à l'époque de la Première Guerre mondiale, visait à souligner l'arrivée sur le territoire ontarien des colons européens et à réconcilier les différends entre le Canada français et le Canada anglais. Elle était surmontée par une statue à l'effigie de l'explorateur français en grand costume, le regard plongeant vers le lac Couchiching à la manière d'un conquistador espagnol.
En-dessous de lui, d'un côté, se trouvaient des représentations en bronze de deux Autochtones assis aux pieds d'un prêtre jésuite. De l'autre côté se trouvaient deux autres personnages autochtones aux pieds d'un marchand de fourrures.
Une plaque apposée sur le monument indique qu'il a été «érigé pour commémorer l'avènement de la race blanche en Ontario», sous la gouverne de Champlain.
Parcs Canada avait fait démonter la structure et envoyé les sculptures de bronze en restauration à la suite d'une inspection effectuée en 2015 indiquant que la base et les marches s'effondraient.
Toutefois, après avoir reçu des plaintes et pris acte des conclusions de la Commission de vérité et de réconciliation fédérale, l'agence a mis en doute son projet de reconstruction et formé un comité pour étudier la question.
Des représentants de la ville, du gouvernement fédéral, des communautés locales et des peuples autochtones ont été consultés. Le rapport final du comité de travail doit être remis dans les prochains jours.