Une élection à plus de 4 M$ : le PQ a joué « le tout pour le tout »

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Une catastrophe financière


En théorie, la dernière campagne électorale n'a pas coûté plus cher au Parti québécois qu'à ses adversaires : la CAQ et le PLQ ont aussi dépensé environ 4 millions de dollars pour séduire les électeurs. Mais en pratique, les conséquences de cette facture risquent d'être plus lourdes pour le PQ, affirme un expert.




Outre Québec solidaire (QS), la Coalition avenir Québec (CAQ), le Parti libéral (PLQ) et le Parti québécois (PQ) ont déboursé des sommes qui frôlaient le plafond de dépenses, soit environ 4 257 000 $.


C'est ce que révèlent les rapports de dépenses des quatre principaux partis politiques obtenus par Radio-Canada en vertu de la Loi sur accès aux documents des organismes publics.



« On aurait pu s’attendre à ce qu’il y ait une certaine retenue sur le plan des dépenses électorales », affirme Éric Montigny, professeur de science politique à l’Université Laval. En effet, c’est un secret de polichinelle que les finances du PQ traversent une période houleuse.


En 2017, les états financiers du parti indiquaient un « fonds de roulement déficitaire ». Le document affichait alors un actif net négatif de presque 2,3 millions de dollars.



D’atteindre des plafonds de dépenses comparables à ceux des autres partis, même si sa situation financière était déjà plus précaire, ça illustre une volonté de la direction du Parti québécois […] de miser le tout pour le tout.


Éric Montigny, professeur au Département de science politique à l'Université Laval


Des emprunts?


« Est-ce que le Parti québécois s’est endetté pour faire une campagne à ce niveau-là? » se demande M. Montigny. Impossible de le savoir, puisque le PQ a décliné notre demande d’entrevue.



Sur les 4 millions de dollars qu’il a dépensés au plan national lors de la campagne, le PQ recevra un remboursement d’environ 2 millions.


En vertu de la Loi électorale, tout parti qui obtient au moins 1 % des votes récupère 50 % de ses dépenses via Élections Québec. La CAQ, le PLQ et QS y auront donc également droit.


Sommes perdues


Un autre élément risque de plomber les finances du PQ. En plus des dépenses nationales, les associations de circonscriptions peuvent financer les campagnes des candidats.


La loi prévoit alors que tout candidat qui obtient au moins 15 % des voix reçoit un remboursement de 50 % de ses dépenses. Or, le PQ n’a pas atteint ce seuil minimal dans quelque 65 circonscriptions.




 

 




Campagne à 4 M$ au PQ : l'analyse d'Éric Montigny

Ainsi, ce sont théoriquement des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars que les instances du PQ pourraient ne pas récupérer à la suite de la dernière élection.


Le PLQ devra aussi affronter ce problème, souligne Éric Montigny, car la formation n’a pas obtenu 15 % des voix dans près de 40 circonscriptions.


L’impact de ce recul risque toutefois d’être moins douloureux qu’au PQ, puisque « la structure financière du Parti libéral est plus solide que celle du Parti québécois », rappelle-t-il.


En 2017, les états financiers du PLQ étaient au vert, indiquant un solde de fonds de plus de 6,6 millions de dollars.


L’importance du financement public


Au cours des prochaines années, le PQ et le PLQ devront aussi composer avec une baisse de l’allocation que leur verse Élections Québec, qui correspondait à 1,58 $ électeur l’an dernier.


A contrario, la CAQ et QS, qui ont vu leur pourcentage de vote augmenter substantiellement le 1er octobre dernier, connaîtront une hausse marquée de leur allocation.


« On parle d’une allocation annuelle bonifiée de plus de 1,3 million de dollars annuellement [pour la CAQ] », calcule le professeur Montigny.



Dans le cas de QS, c’est 800 000 $ de plus annuellement aussi en allocations étatiques.


Éric Montigny, professeur au département de science politique de l'Université Laval


Selon M. Montigny, ces montants viennent modifier « la structure du rapport de forces entre les partis » puisque la CAQ et QS ont des coûts de fonctionnement moins élevés que leurs rivaux.


« Ça veut dire que pour la prochaine élection, comme ils sont en mesure d’accumuler ce financement-là, ils vont avoir les reins plus solides », entrevoit déjà le professeur.



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