Les résultats électoraux décevants du Parti québécois (PQ) au scrutin du 1er octobre dernier lui coûteront cher. Une compilation effectuée par Radio-Canada démontre que le PQ devra faire une croix sur des remboursements de dépenses d'environ 355 000 $.
La raison est simple : les candidats péquistes ont récolté moins de 15 % des votes dans 65 circonscriptions.
Or, la Loi électorale prévoit que les dépenses d’un candidat sont remboursées à 50 %, uniquement s’il atteint le seuil minimal de 15 % des votes.
Récemment rendu public par Élections Québec, le Sommaire des dépenses électorales des partis en lice permet de calculer que, dans les 65 circonscriptions où le PQ a échoué à atteindre ce seuil, les candidats ont dépensé un total de presque 710 000 $.
C’est donc la moitié de cette somme, soit environ 355 000 $, à laquelle le PQ doit définitivement dire adieu.
« On avait prévu faire mieux […] C’est sûr qu’il y a des comtés où on n’a pas fait 15 % et où on espérait le faire », reconnaît la présidente du PQ, Gabrielle Lemieux.
Ça met une charge supplémentaire sur notre situation financière.
Dans les 60 autres circonscriptions où les candidats péquistes ont franchi la barre des 15 %, le total des dépenses se situe autour de 1,6 million de dollars; environ 800 000 $ lui seront donc remboursés.
Une dette qui se creuse?
Mme Lemieux dit ne pas savoir si les instances locales du PQ avaient fait des emprunts d'argent pour financer la campagne en espérant décrocher au moins 15 % des voix.
Mais, selon Éric Montigny, professeur de sciences politiques à l’Université Laval, cette pratique a historiquement existé tant au PQ qu’au Parti libéral du Québec (PLQ).
« Ça peut se traduire par un manque à gagner et un alourdissement de la dette qui est transférée au niveau national », explique M. Montigny.
Les états financiers les plus récents du PQ, qui remontent à 2017, affichaient déjà un actif net négatif de presque 2,3 millions de dollars. La présidente du PQ a toutefois bon espoir que sa formation traversera la tempête.
« On a adopté justement la semaine dernière un budget pour la prochaine année, un budget qui est tout à fait équilibré, qui prévoit même des surplus », rappelle Mme Lemieux.
Ajustement de stratégie
Depuis quelques élections, les dépenses que le PQ fait pour les campagnes locales de ses candidats sont à la baisse, analyse le professeur Montigny. Ce changement de stratégie n’est pas fortuit.
« C’est clair que l’éclatement du système partisan fait en sorte que l’atteinte du seuil de 15 % dans certains comtés est plus difficile pour certains partis politiques », dit-il.
Certains partis vont être plus prudents dans l’engagement des dépenses pour éviter, justement, de devoir assumer l’ensemble des coûts qui ne sont pas remboursables par [Élections Québec].
M. Montigny rappelle, par exemple, que Québec solidaire (QS) ne fait aucune dépense à l’échelle locale, justement pour éviter de tels risques financiers.
Revoir les règles de financement?
Le PQ n’est toutefois pas seul dans cette situation délicate. Parce que ses candidats n’ont pas atteint le seuil de 15 % dans 39 comtés, le Parti libéral devra quant à lui se passer de remboursements de plus de 195 000 $.
D’ailleurs, peu de temps après le scrutin, le chef intérimaire du PLQ, Pierre Arcand, avait demandé une révision des règles de financement politique pour permettre aux citoyens de donner plus de 100 $ par année à un parti.
Malgré ses difficultés financières, le PQ n’a aucune intention d’imiter cette demande, d’autant plus que ce plafond de 100 $ a été fixé sous l'ancien gouvernement Marois.
On croit que le financement des partis politiques doit être beaucoup plus démocratique et doit être soutenu par l’État.
En plus de ses dépenses locales, le PQ a aussi dépensé 4 millions de dollars pour sa campagne nationale lors de la dernière élection.
Puisqu'il a obtenu plus de 1 % des votes à l'échelle provinciale, il pourra se faire rembourser la moitié de ce montant, tout comme la CAQ, le PLQ et QS.