Le D Magazine du Devoir publie chaque samedi, depuis un an, environ 11 critiques de livres [1], l’appréciation des journalistes et collaborateurs se mesurant en étoiles (l’échelle en comptant cinq).

     De septembre 2024 à août 2025, 549 livres écrits ou traduits en français ont été critiqués et cotés. Sauf erreur, 225 d’entre eux provenaient du Québec, 169 de l’extérieur du Québec (56 de moins que les premiers) et 155 étaient des traductions (70 de moins que les premiers) [2]. La grande majorité des livres ont obtenu des cotes allant de 3 à 4 étoiles.

     Les livres québécois, avec une moyenne de 3,51 étoiles, ont été un peu moins appréciés que ceux des deux autres catégories, avec une moyenne de 3,56 pour les livres étrangers écrits en français et de 3,65 pour les livres traduits en français. Mais ce tableau n’est pas fidèle à la réalité, car nous savons tous que la proximité des auteurs québécois influence des critiques.

     En effet, il est délicat d’attribuer une cote déplaisante, bien que juste, à un auteur d’ici (et, par ricochet, au directeur d’une maison d’édition d’ici) que vous pouvez croiser sur la rue (c’est pareil avec les films québécois). Les critiques n’ont pas tous le caractère trempé de Robert Lévesque et du regretté Réginald Martel. Il est aisé de concevoir que des critiques venus d’ailleurs auraient été davantage objectifs.

     Mes conclusions sont les suivantes : Comme les livres québécois (225) sont généralement moins intéressants que les autres (169 + 155), l’équipe de la section « Critique Lire » ne devrait pas les favoriser, quantitativement parlant, au détriment des autres. Ce que je souhaite, c’est que Le Devoir nous entretienne des meilleurs livres disponibles au Québec.

     Il est vrai que la situation s’est légèrement améliorée cette année, comparativement à l’année dernière. En effet, de septembre 2023 à août 2024, 536 livres écrits ou traduits en français avaient été critiqués et cotés (versus 549 pour l’année 2024-2025 : + 13). Sauf erreur, 230 d’entre eux provenaient du Québec (versus 225 : - 5), 161 de l’extérieur du Québec (versus 169 : + 8) et 145 étaient des traductions (versus 155 : + 10). Mais il faut faire plus.

     Je ne sais pas à combien s’élèvent le nombre de livres étrangers écrits ou traduits en français (selon Wikipédia, il y aurait 275 millions de personnes qui feraient un usage quotidien du français dans le monde [3]), mais je suis convaincu qu’ils sont beaucoup plus nombreux que les livres québécois écrits en français.

     En 2024, 637 films ont été présentés dans les salles de cinéma du Québec [4]. Imagine-t-on les critiques de cinéma du Devoir réserver la part du lion aux films québécois (part du marché : 15 % [5]) ? Ce serait dur à avaler.

Sylvio Le Blanc

[1] Deux numéros du Devoir ne contenaient pas de cotes de livres dans les 12 derniers mois, du fait de deux rentrées littéraires.

[2] Voir le document Excel ci-contre.