La mise au point de [M. Alain G. Gagnon, parue dans Le Devoir du 9 juin et
reprise le même jour dans Vigile->13881], montre comment le rapport de la
commission Bouchard-Taylor a tronqué une citation empruntée à l'un de ses
textes pour lui faire dire le contraire de sa pensée, le transformant ainsi
en appuyeur de la thèse multiculturaliste des commissaires alors qu'il s'y
oppose. À la lecture de la phrase et compte tenu de la coupure effectuée,
il est évident qu'il ne s'agit ni d'une distraction ni d'une malencontreuse
erreur mais d'une manipulation intentionnelle . À quel niveau?
Qu'un cégépien fin finaud recoure à un tel expédient dans une dissertation
lui vaudrait déjà un zéro assorti d'un savon en règle. Que dire
d'universitaires utilisant un tel stratagème? Certes, le procédé n'a rien
d'original, il est moins rare qu'on pourrait le croire, l'honnêteté
intellectuelle n'étant pas davantage l'apanage des universitaires que des
autres, surtout lorsqu'il s'agit de promouvoir une idéologie. Cependant,
ce qui paraîtrait déjà médiocre et méprisable chez un chercheur allumé
devient encore plus scandaleux lorsqu'il se retrouve dans le rapport d'une
commission mandatée par un gouvernement. On peut s'interroger sur la
qualité et l'honnêteté de l'ensemble du travail.
On savait déjà que les conclusions du rapport allaient plutôt à l'encontre
de ce que les résultats de la consultation publique permettaient de croire,
et on connaissait l'orientation personnelle des deux co-présidents.
Pourquoi alors avoir, quelque part, senti le besoin d'en rajouter, et de
combien d'autres entourloupettes le rapport est-il parsemé?
Bien sûr, on ne peut d'emblée attribuer la malversation aux co-présidents;
il est possible que quelqu'un ait voulu étoffer les conclusions présumées
des patrons, d'autant plus que le document final ne pouvait s'appuyer
exclusivement sur les convictions de ces derniers sans que le jupon ne
dépasse trop : il faut tout de même sauver les apparences. Mais justement
: combien de fois les a-t-on sauvées? Par ailleurs, les co-présidents ont
tout de même lu attentivement le contenu final avant de l'approuver;
ignoraient-ils donc la position de M. Gagnon ou l'ont-ils cru converti? Je
n'en sais rien, mais la question se pose, même sans arrière-pensée. Il
n'en demeure pas moins qu'au moins un des réviseurs ou documentalistes
aurait non seulement pu mais dû vérifier. Si personne n'a rien vu, voilà
déjà quelque chose de très étonnant. Dans le cas contraire...
Quelles que soient les circonstances, ce genre de manipulation risque de
plus d'entacher la crédibilité de ceux dont on triture les textes.
Déjà que la commission n'aura servi qu'à noyer le poisson tout en
culpabilisant à tort la nation, était-il vraiment indispensable qu'elle
nous inflige un spectacle dont on se demande s'il relève d'une incompétence
crasse ou d'une malhonnêteté assumée jusqu'au plus haut niveau?
Faudrait-il donc une commission d'enquête sur la commission?
Raymond Poulin
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3 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
15 juin 2008Là où des peuples existent sur la terre, en Amérique du sud, en Afrique, au Moyen-Orient, quand des situations pourrissent comme ici, la révolte éclate dans la rue, et on ne se demande pas si les sondages sont à 49.1% ou plus: ça pète!
Seulement voilà, pour avoir un Québec, il faut des Québécois... Maintenant que les Bouchard du Saguenay ont participé dans l'honneur à nous canadianiser... It's too late, much too late!
Gaston Boivin Répondre
11 juin 2008Votre commentaire monsieur Prud'homme résume bien la situation et celle qui nous en résulte! Ce qui est désolant dans tout cela, c'est que l'histoire se répète sans cesse en ce que l'on trouve toujours le moyen de passer par dessus les préoccupations de notre nation et la volonté de notre peuple!
Archives de Vigile Répondre
11 juin 2008Il y a beaucoup de tronquage dans ce rapport. D'abord Charest a tronqué la commission en choisissant seulement deux commissaires et ces deux-là pour pondre un oeuf de coq. Monsieur Taylor, philosophe certes, mais homme qui a fait une sortie délirante contre la loi 101. Puis ce Bouchard qui ne croit qu'à la nation civique dans son livre ¨la nation en crise¨. Il faut ,selon lui, jeter par dessus bord l'histoire, la culture et la civilisation québécoise actuelle pour éviter la discrimination envers l'immigrant qui nous arrive. Il ne faut pas que ce dernier assimile ces éléments et se les approprie pour devenir québécois, que non! La loi et la connaissance du français suffisent pour créer un nouveau peuple ¨sans histoire¨comme l'a écrit si bien Lord Durham. Donc je suis rassuré, grâce à la seule loi -codes criminel et civil- j'ai une identité canadienne-française - moi qui ai dans ma lignée diverses origines ethniques. Comme si j'étais une corporation en vertu de la loi. Voilà toute mon identité: un robot légal. Ainsi il n'y a pas de discrimination contre les immigrants mais seulement contre la nation québécoise. Que monsieur Taylor et le Roc doivent l'aimer ce monsieur Bouchard qui nous fait la leçon. À nous les peureux, les phobiques, les gerçés, les scieurs de bois, les porteurs d'eau, les aliénés de Trudeau, les racistes, les felquistes stratégiques du fédéral, les 50 bombes des édifices à Montréal et les skinhead d'un certain quotidien de l'île. Nous avons peur de l'immigration pour notre ethnie étroite, de les voir s'intégrer en anglais à Montréal, nous avons peur des ghettos, des mosquées dans toutes les écoles, de la burka et de la cagoule à la banque, bref nous avons besoin du psychiatre Bouchard pour nous redresser les esprits. Ce redressement il doit être multiculturel-interculturel-canadien-français pour ouvrir le Québec étroit d'esprit, il formera un nouveau peuple ouvert c'est-à-dire sino-nippo-araba-africano-onusien-cosmopolite. Fini les étroits d'esprit. Vive le melting-pot-french-canadian de Trudeau différent de celui des USA par l'identité civique. Nous cesserons d'être un troupeau de moutons libéral (Cité libre) On vous aime...minoritaires et soumis dans un Canada from coast to coast, sans loi 101 dans les bureaux du fédéral.