Un Québec indépendant - une idée prête à être aiguillée et menée à son plus noble aboutissement

Chronique de Nic Payne




Le PQ vient de perdre trois gros morceaux. Louise Beaudoin, Lisette Lapointe et Pierre Curzi sont des députés qui, chacun à leur façon et pour diverses raisons que l'on connaît, ont une force symbolique importante.

Selon les informations plus que fragmentaires dont on dispose au moment d'écrire ces lignes, les trois élus ne quittent pas le PQ à cause, nommément, d'un désaccord sur la " gouvernance souverainiste ", expression qui signifie, dans les faits, une mise-en-veilleuse de l'objectif indépendantiste.

On sait seulement qu'un débat autour du projet de loi Labeaume est " la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ". Qu'y a-t-il donc d'autre dans ce vase ? On parle d'autoritarisme, notamment. Cela réfère-t-il justement à la façon dont a été modifié le programme péquiste, sur ce que le PQ appelle la souveraineté ? Qui sait. On peut avoir l'impression de lire cela entre les lignes de ce que disait Lisette Lapointe aujourd'hui, elle qui fut promoteur au sein de son parti d'une proposition souverainiste un peu plus ambitieuse, qui allait être rejetée en grande partie.

Du reste, les trois dissidents n'ont peut-être pas les mêmes motifs.

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Cela dit, qu'on soit ou non d'accord avec les orientations de Pauline Marois, il est bien difficile de ne pas voir dans ce geste des trois députés une sévère critique de son leadership.

À cet égard, le départ de la députée de Crémazie, même si on ne doute pas que Mme Lapointe, femme de conviction, soit totalement maître de ses décisions, n'est pas sans rappeler le geste de son illustre mari, Jacques Parizeau, qui avait lui aussi, au milieu des années quatre-vingts, quitté le Parti Québécois accompagné d'autres députés, alors que ce parti proposait une démarche semblable à la "gouvernance souverainiste" actuelle.

Il y a certainement là un parallèle. Cependant, Parizeau et les autres avaient exprimé une dissidence claire sur la question nationale, et on comprenait déjà que l'ex-ministre des Finances se plaçait en réserve, prêt à revenir à la faveur d'un programme plus en accord avec ses convictions.

Aujourd'hui, il en est autrement. Le PQ est sans démarche indépendantiste conséquente depuis plusieurs années, et vient à peine d'adopter, dans une tonitruante unanimité, un programme de nationalisme provincial. Sans le ciment indépendantiste, la coalition qui portait autrefois ce parti, se défait vers la gauche et la droite, et ces mouvements trouvent désormais des porte-paroles forts et populaires.

Le dur coup que subit aujourd'hui le PQ place les indépendantistes, du moins ceux qui pensent qu'on a le droit, les appuis, qu'on peut et qu'on doit mettre l'option de l'avant sans plus attendre, devant le portrait suivant : que la voie soit en train de se paver pour Gilles Duceppe ou quelqu'un d'autre à la chefferie du PQ, ou que ce parti maintienne sa hiérarchie actuelle, un engagement indépendantiste pleinement assumé n'apparaît toujours pas à l'horizon. (Mis à part, peut-être, en supposant que l'aventure le tente, chez Bernard Landry, dont on comprend évidemment qu'il ne serait pas d'emblée le candidat du renouvellement). Pour ce qui est de Duceppe, malgré ses évidentes qualités de leadership et l'estime qu'il conserve fort probablement, même après la défaite du 2 mai, on ne peut pas dire qu'il se soit distingué jusqu'ici, dans ses fonctions au Bloc, par une forte initiative indépendantiste. Quant à quelques autres noms qui viennent spontanément à l'esprit, comme ceux de Joseph Facal et même François Legault, ils sont pour la plupart d'accord, sinon avec la gouvernance souverainiste, du moins, avec les prémisses myopes qui la sous-tendent.

Reste QS, qui, en la personne d'Amir Khadir, est une opposition efficace, et plus que rafraîchissante dans le conformisme ambiant. Sauf que les Solidaires sont tenants d'un souverainisme peut-être différent, mais tout aussi lourd et alambiqué que celui du PQ. Toujours cette manie de présenter la chose qu'on ose à peine nommer comme une entreprise titanesque qui consiste à se fabriquer un pays de bout en bout, en soumettant sa conception aux lubies et désirs des uns et des autres, et en s'enferrant dans toutes sortes de processus dilatoires. Du projet de pays au pays de projets, on est encore et toujours dans la grande quincaillerie des projets éthérés plutôt que sur la vraie question : l'indépendance politique, ou le maintien de la domination canadian.

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À cette heure, les indépendantistes sont donc toujours plus ou moins laissés pour compte. La propension intrinsèque des Québécois à l'émancipation nationale, même si elle est parfois latente ou inconsciente, gît toujours là, plus forte que toutes les gauches, les droites et les centres qu'on nous propose, prête à être aiguillée et menée à son plus noble aboutissement.



Nic Payne

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4 commentaires

  • Bruno Deshaies Répondre

    12 juin 2011

    2011-06-12 Bruno Deshaies
    Il est important de mettre les morceaux du puzzle ensemble.
    Nic Payne dixit : « Le PQ est sans démarche indépendantiste conséquente depuis plusieurs années, et vient à peine d’adopter, dans une tonitruante unanimité, un programme de nationalisme provincial. Sans le ciment indépendantiste, la coalition qui portait autrefois ce parti, se défait vers la gauche et la droite, et ces mouvements trouvent désormais des porte-paroles forts et populaires. »
    Andrée Ferretti dixit : « Tout s’annonce à nouveau possible avec ce rejet de mesdames Beaudoin et Lapointe et de monsieur Curzi, de la stratégie du pouvoir au détriment de l’avènement de l’indépendance du Québec. » ICI : http://www.vigile.net/La-boucle-en-voie-de-se-boucler
    Pauline Marois dixit : « Nous voulons offrir à nos enfants un pays libre, un pays souverain ! » Dans "Agir en toute liberté pour le Québec : « Imaginez! »". Discours d'ouverture au XVIe congrès national du PQ. ICI : http://pq.org/actualite/videos/agir_en_toute_liberte_pour_le_quebec_imaginez_lance_pauline_marois_dans_son_discour
    Le portrait final est curieux. En effet, les indépendantistes ne se reconnaissent pas clairement dans le discours du PQ qui reste rivé à l’idée d’« imaginer le pays ». Le Bloc a publié des documents semblables et, aujourd’hui, il a été boudé radicalement par l’électorat.
    Les points de vue de Payne et Ferretti se rejoignent. Pourtant, ne mettez ensemble que trois indépendantistes et on arrive rapidement à la quadrature du cercle. Madame Marois déclare : « Lors des prochaines élections, nous proposerons aux Québécois un gouvernement qui ne reculera devant rien ; qui va défendre les besoins et les aspirations du Québec, sans égard à ce que le Canada veut ou ne veut pas. Le Québec est libre de décider de son destin et nous allons libérer cette énergie. Nous récupérerons tous les pouvoirs qui sont essentiels à l’épanouissement d’un peuple libre. »
    Que veut dire cette dernière phrase sinon la réforme du fédéralisme canadian. Non seulement le PQ n’est pas au bout de ses peines mais il refuse l’unique chemin critique qui conduit à l’indépendance nationale du Québec au-delà des discours parlementaires et électoralistes. En effet, « le ciment indépendantiste » fait défaut entre l'ensemble des indépendantistes qui veulent acquérir la liberté collective nationale des Québécois.
    La vraie réunion des indépendantistes ne pourra jamais se faire dans le virtuel. Il faudra du corps à corps pour se comprendre par-dessus les beaux discours des hommes et des femmes politiques préoccupés surtout par le domaine des rivalités politiques. Or, l’indépendance nationale du Québec exige un rapport de force national par-delà le social afin d’atteindre l’objectif de l’indépendance complète qui n’est pas que la récupération de certains pouvoirs du fédéral canadian et de continuer à vivre dans une union fédérale comme le pensent les souverainistes confédéralistes.

  • Bruno Deshaies Répondre

    10 juin 2011

    10 juin 2011 Bruno Deshaies
    Dans la foulée de la prise de position de Nic Payne, j’aimerais rappeler l’une de mes chroniques qui traitait de la dispersion des forces indépendantistes. Dans cette chronique du 28 août 2008 (voir infra la référence Internet), je faisais allusion au concept de MOUVEMENT. Ce mot ne signifie pas qu’il faut un autre parti politique pour faire le « job » de l’indépendance du Québec. Le passé démontre assez clairement que les combats parlementaires, électoraux et référendaires ont été des échecs. Quant à la Coalition pour l’avenir du Québec, ce n’est rien d’autres qu’un énième projet de société dans le cadre étouffant du fédéralisme canadian. Cette formation politique en gestation n’est qu’un autre écran de fumée qui bouche l’horizon de l’indépendance du Québec.
    Le MOUVEMENT n’est pas une question de partis politiques. Il est plutôt une action combattive pour disséminer l’optique indépendantiste dans l’analyse de la situation actuelle et d’exposer les fondements de l’indépendance nationale du Québec à la population. Ce ne peut être un quelconque programme de gouvernance ou d’analyse de dossiers de société et de problèmes de fonctionnement de la société civile. Il doit s’attaquer au remplacement que subit le Québec par son ANNEXION au Canada-Anglais et sa très forte dépendance du système fédéral. Ce qui signifie qu’il ne peut s’agir de récupérer uniquement des « pouvoirs » d’Ottawa mais de se mettre en marche pour prendre l’offensive de la défense du principe indépendantiste en multipliant des lieux d’action où des gens se forment pour raisonner dans l’optique indépendantiste. Donc, le MOUVEMENT doit naître clairement sur des assises indépendantistes qu'une majorité de Québécois doivent partager sans équivoque.
    Il faut comprendre que l’indépendance, c’est la fin de l’ANNEXION, DU REMPLACEMENT, DE LA SUBORDINATION ET DE LA SUPERPOSITION D’UN AUTRE ÉTAT SUR LE QUÉBEC. Le combat est prioritairement NATIONAL. Ce combat doit d’abord commencer dans les cerveaux : apprendre à raisonner autrement et à faire l’autocritique de tous les neurones qui s’accrochent encore au principe fédératif. Libéré de ce lourd passé collectif, il devient plus facile de mener le combat de l’indépendance nationale du Québec sur des bases solides. Ce combat dépasse les préoccupations des partis politiques souverainistes. C'est en ce sens que le MOUVEMENT doit exister pour atteindre la population québécoise qui aura la décision à prendre. Il faut par conséquent fournir l'éclairage nécessaire afin d'entraîner le mouvement.
    Bruno Deshaies, Indépendance du Québec 331 : « Des combattants dispersés luttant les uns contre les autres par manque de réalisme. » jeudi 28 août 2008 658 visites 14 messages.
    http://www.vigile.net/INDEPENDANCE-DU-QUEBEC-331#

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2011

    Notre pays n’attend que nous !
    Dire « NON » au Québec pour dire « OUI » aux promesses des « Canadians » ?
    Dire « NON » au Québec pour dire « OUI » aux manipulations de politiciens oligarchiques ?
    Dire « NON » au Québec pour dire « OUI » à l’appauvrissement des Québécois et Québécoises aux mains des multinationales ploutocratiques ?
    Dire « NON » à la création d’un Québec souverain qui aurait le pouvoir et la liberté de percevoir ses propres impôts, rédiger ses propres lois et agir librement comme Nation sur la scène internationale pour dire « OUI » à l’occupation illégitime d’un Canada impérialiste qui ne cesse d’interférer dans nos champs de compétence afin de mieux nous subordonner à leur façon de faire les choses ? C’est ça que vous voulez ?
    Depuis une trentaine d’année le monde a été témoin de la naissance de plusieurs pays plus petits et moins fortunés que le Québec et ça en dépit de circonstances plus pénibles que les nôtres. Le Pérou en est un exemple classique de ce fait.
    Le désir de « PAYS » vient du peuple ! Disons « OUI » à notre NATION qui n’attend que nous !
    Disons « NON » à être que les trous de cul des « Canadians

  • Bruno Deshaies Répondre

    8 juin 2011

    8 juin 2011 Bruno Deshaies
    Dixit Nic Payne : « Toujours cette manie de présenter la chose qu’on ose à peine nommer comme une entreprise titanesque qui consiste à se fabriquer un pays de bout en bout, en soumettant sa conception aux lubies et désirs des uns et des autres, et en s’enfermant dans toutes sortes de processus dilatoires. »
    Analyse impeccable que le confédéraliste Gilles Bousquet va s’empresser de contredire avec des sophismes et de fallacieux prétextes. Comme lui, c’est le PQ et le Bloc. Aussi enfermés qu’ils sont dans la défense des intérêts supérieurs du Québec mais partisans naïfs de la RÉFORME du fédéralisme. Ils sont, comme Louis Hyppolite La Fontaine ou Étienne Parent dans le droit fil de l’idéal fédéral. Un siècle plus tard, c’est la « bonne entente » du Père G.-E. Lévesque, OP, avec la même mentalité collective, et Louis Stephen St. Laurent (graphie anglaise officielle) qui déclare, en 1955, face à Duplessis, que le Québec est « une province comme les autres ». Il ne faut JAMAIS oublier cette déclaration. Et ça continue avec Harper. Harper, comme tous les autres premiers ministres du Canada, a l’obligation intangible de défendre l’unité canadian.
    La bonne entente, c’est de la gouvernance − exactement ce que madame Pauline Marois entend faire. Elle nous répète inlassablement comme un perroquet : « Nous, nous avons un grand projet de pays. » Quand ce n’est pas la gouvernance, on change les mots à volonté et c’est la défense de la démocratie (p. ex.: Gilles Duceppe, d’où sa très grande déception suite à l’élection fédérale du 2 mai). Or, il a participé, à son corps défendant, au fonctionnement du fédéralisme canadian pendant 20 ans dans la pure tradition parlementaire établie depuis 1792. Il s’est habitué au domaine des rivalités politiques et de la joute parlementaire. Les souverainistes de cette catégorie, pour quelle cause se battent-ils ? Ils sont la copie conforme de René Lévesque ou de tous les nationalistes-indépendantistes-optimistes. Ils appartiennent tous à la tradition qui se précise avec La Fontaine au début des années 1840, c’est-à-dire de l’UNION des deux Canadas. Ils acceptent leur ANNEXION, c’est-à-dire le FAIT d’être remplacés. Un AUTRE gouverne à notre place (c’est la lutte au 3e degré que les Québécois ne parviennent pas comprendre). Un décalage existe entre l’objectif de l’indépendance et nos élites politiques traditionnelles.
    En ce moment, je dois comprendre, comme monsieur Nic Payne, que « les indépendantistes sont donc toujours plus ou moins laissés pour compte ». Cette situation est tragique. Les événements récents le démontrent une énième fois. Malheureusement, les ténors souverainistes parlent beaucoup mais ils ne poussent pas fort sur la roue indépendantiste. Ils perdent beaucoup de temps à s’entredéchirer entre eux au lieu de travailler à réunir ce demi million d’indépendantistes qui piaffent d’impatience parce qu’ils constatent que les chefs péquistes sont en retard sur l’évolution de la mentalité indépendantiste actuelle. Les leaders souverainistes sont en décalage avec les aspirations véritables des indépendantistes. Ils ne parviennent pas à se libérer de la lutte dans le domaine des rivalités politiques provinciales et fédérales.
    Le plan national d’action politique se perd dans des programmes à répétition de gouvernance locale. C’est un désastre. Monsieur Nic Payne a raison d’écrire : « Du projet de pays au pays de projets, on est encore et toujours dans la grande quincaillerie des projets éthérés plutôt que sur la vraie question : l’indépendance politique, ou le maintien de la domination canadian. »
    La formulation du problème est claire. Le demi million de Québécois frustrés des agissements des leaders souverainistes a atteint son comble. Par ailleur,le mécontentement de la population québécoise envers les hommes et femmes politiques expriment le même ras le bol contre les finasseries politiciennes des leaders souverainistes.
    Où est l'espoir. Seul un discours indépendantiste solide avec des concepts clairs pourra nous sortir de la logomachie souverainiste des mots vagues et souvent ébréchés qui illustrent une pensée imprécise quant à l'optique indépendantiste. Les indépendantistes eux-mêmes doivent faire naître cette conception de l'indépendance complète où le Québec sera officiellement maître de tous ses moyens tant à l'interne qu'à l'externe. Donc, un État souverain qui maîtrise majoritairement un État central et les autres paliers de la société civile au plan régional.