Hier, dans sa chronique, mon ami Mathieu Bock-Côté a écrit que Jean-Martin Aussant représentait « la dernière chance du PQ ».
Vraiment ? Sérieux ?
René Lévesque, Jacques Parizeau, Bernard Landry, Lucien Bouchard et... Jean-Martin Aussant ?
Le gars d’Option nationale ?
Eh bien...
Si Jean-Martin Aussant est la dernière chance du PQ, c’est que le PQ est dans le trouble pas à peu près...
LE SURVENANT
Remettons les choses dans leur contexte.
Lors des élections de 2012, Jean-Martin Aussant s’est présenté dans le comté de Nicolet-Bécancour.
Il n’a amassé que 25,8 % des voix contre 32 % pour Donald Martel de la CAQ. Quant à son parti, il n’a récolté que 1,9 % des votes au Québec.
Et à la course à la direction du PQ de 2015, Aussant (alors en « exil » à Londres) a appuyé Martine Ouellet qui est arrivée... dernière.
Pour l’influence, on repassera.
Pas sûr que ce soit la bouée de sauvetage dont le PQ a actuellement besoin. Ça ressemble plus à une ancre.
En fait, si le PQ tire autant le diable par la queue, c’est parce que le vote francophone s’est morcelé à cause, entre autres... de Jean-Martin Aussant lui-même, qui a quitté le PQ pour former son propre parti !
Et là, les péquistes dérouleraient le tapis rouge pour qu’il daigne revenir ? Ils se mettraient à genoux devant le Survenant ? Voyons...
Soyons sérieux : Jean-Martin Aussant n’est pas un acteur politique d’importance. C’est une créature médiatique.
Comme ces chanteurs subventionnés qui ne vendent pas d’albums et qui jouent dans des salles vides, mais qui continuent malgré tout à passer à la télé et à avoir une carrière...
LE CONCOURS CATELLI
D’ailleurs, c’est quoi cette propension à toujours chercher un sauveur ? Les péquistes n’ont pas besoin d’un énième concours de talents Catelli.
Ils ont besoin de revoir les bases mêmes de leur parti.
La force du PQ, c’est que c’était une coalition arc-en-ciel. On y trouvait des gens de droite, de gauche, des étudiants, des fonctionnaires retraités, des travailleurs autonomes, des entrepreneurs, des syndicalistes...
Ces gens n’avaient rien en commun sauf une chose : ils voulaient faire du Québec un pays.
Enlève la souveraineté, et jamais ces personnes n’auraient pris un verre ensemble.
C’est comme des nudistes. Habillés, ces gens n’ont strictement rien à se dire. Mais demande-leur de jouer au ping-pong les fesses à l’air, et ils deviennent les meilleurs amis du monde...
Le hic est que le PQ n’est plus une coalition. C’est un parti de gauche.
On a pris les gens de droite et on leur a montré la porte, en disant qu’ils n’étaient plus les bienvenus.
Pierre Karl Péladeau aurait pu rebâtir cette coalition. Mais la fenêtre d’opportunité s’est refermée, et l’auteur de Pour une gauche efficace et Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments a pris les rênes du parti et a payé un verre à Manon Massé.
RETOUR VERS LE FUTUR
Il faut que le PQ cesse d’être un club privé pour bobos et qu’il redevienne ce qu’il était.
Un rassemblement de gens qui rêvent de « rebooster » le Québec.
Pas continuer de gérer la Révolution tranquille des années 60. Mais fomenter la Révolution tranquille du XXIe siècle.