LIGNE CHAMOUCHOUANE–BOUT-DE-L’ÎLE

Tu l’as voulue, tu l’as eue

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Au diable les impacts sociaux et environnementaux

Dans le budget de juin 2014, le gouvernement invoquait la croissance de la demande en électricité de l’est de Montréal et de la région de Lanaudière pour justifier la construction d’une coûteuse ligne de transport à haute tension de 400 km, entre le Saguenay et l’île de Montréal. Cette construction prétendue nécessaire s’accompagnerait d’investissements importants et de création d’emplois. De plus, le plan budgétaire du gouvernement indiquait qu’Hydro-Québec avait déposé une demande d’autorisation à la Régie de l’énergie et que le BAPE émettrait par la suite ses recommandations. Le tout serait ainsi effectué selon les règles de l’art.

Fort heureusement par ailleurs, car le projet d’Hydro-Québec a fait et fait toujours l’objet d’une opposition ferme de la part de municipalités locales et régionales, de citoyens, d’agriculteurs et de gens d’affaires de Lanaudière, région déjà sillonnée par des centaines de kilomètres de lignes de transport d’électricité.

Manque de transparence

Ces préoccupations ont certainement été entendues par le BAPE et jugées suffisamment importantes et fondées pour qu’il recommande l’élaboration, en collaboration avec les MRC concernées et les ministères responsables de la gestion du territoire, d’une solution de rechange au projet soumis. Pourtant, le gouvernement et Hydro-Québec annoncent aujourd’hui qu’ils iront de l’avant malgré les recommandations de l’organisme de surveillance environnemental, et en s’appuyant uniquement sur la décision favorable de la Régie de l’énergie.

Il faut savoir cependant que, lors des audiences publiques, la Régie a refusé d’entendre des propositions autres que désiraient soumettre divers spécialistes et intervenants, vraisemblablement fort différentes de celle avancée par Hydro-Québec. Le projet a donc reçu l’assentiment de la Régie malgré une absence manifeste de transparence de la part d’Hydro-Québec tout au long du processus réglementaire, selon plusieurs intervenants au dossier.

Rappelons que les régisseurs de la Régie de l’énergie sont nommés par le gouvernement, lequel détermine également les règles en vertu desquelles l’organisme réglementaire approuve les projets d’investissement. Ce même gouvernement s’attendait, coïncidence s’il en est, à une décision favorable sur le projet. Voilà qui ne fait rien pour redorer l’image de la Régie, dont l’indépendance devant les moindres souhaits du gouvernement et de sa société d’État est constamment mise en doute.

Un rapport pourtant clair

Le rapport du BAPE est pourtant clair : le passage de la ligne Chamouchouane–Bout-de-l’Île aura des impacts humains et écologiques importants pour la région de Lanaudière, impacts dont Hydro-Québec n’a pas tenu compte dans ses analyses et dont le gouvernement, de toute évidence, fait fi.

En outre, et c’est un comble, le coût du projet se reflétera sur la facture d’électricité des consommateurs québécois, puisque selon Hydro-Québec cette ligne était destinée à servir leurs besoins. Or, selon plusieurs, ce projet vise surtout à faciliter l’exportation de la production des centrales du complexe La Romaine, que la Commission sur les enjeux énergétiques avait pourtant jugées non rentables et pour lesquelles elle avait recommandé l’arrêt des travaux il y a à peine un an.

Ce genre de dossier où David doit s’incliner devant Goliath n’est pas le premier du genre devant la Régie de l’énergie. Et au train où vont les choses, il risque de ne pas être le dernier. C’est pourquoi il faut impérativement modifier les règles et les pratiques de la Régie de l’énergie dans les cas où elle examine les projets d’investissement présentés par la société d’État.

La Régie devrait être en mesure d’imposer à Hydro-Québec la prise en compte des impacts sociaux et environnementaux dans la conception de ses projets. En outre, les responsabilités de la Régie devraient inclure l’examen d’options autres, soumises par de tierces parties, plutôt que d’être limitées à la simple approbation des projets soumis par la société d’État, comme c’est actuellement le cas. L’intérêt public et le développement durable, au coeur de la mission de l’organisme réglementaire, n’en seraient que mieux servis.


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