Le négociateur Guy Coulombe vient à peine de classer le dossier des médecins spécialistes qu'il s'en voit confier un autre tout aussi épineux: l'industrie porcine. Le ministère de l'Agriculture lui a donné un peu plus de cinq mois pour trouver comment sortir le secteur du marasme. On lui souhaite bonne chance.
Cette production jadis florissante est frappée d'une série de revers qui échappent à son contrôle et ne semblent pas près de se résorber d'eux-mêmes. De nouveaux concurrents se pointent à l'exportation, les États-Unis sapent le marché local et le dollar canadien ne cesse de grimper. L'industrie québécoise doit aussi composer avec des coûts humains et environnementaux plus élevés que ses vis-à-vis brésiliens, chiliens et américains. La récente épidémie de circovirus a rajouté une couche de noir sur ce tableau déjà bien sombre.
Le réveil est brutal. L'an dernier, les ventes à l'étranger ont fondu de 10% par rapport à l'année précédente. La production est tombée à 7,1 millions de bêtes, 8% de moins que le sommet de 2004. Le nombre d'éleveurs a diminué de 300 en quatre ans. Sans oublier les difficultés d'Olymel, le principal transformateur, qui accuse des pertes de150 millions. Ses employés, eux, ont dû accepter d'importantes baisses de salaire pour conserver leur emploi.
Le travail que Guy Coulombe a effectué pour les forêts publiques en fait un candidat tout désigné pour s'occuper de cette production. Il connaît les contraintes d'une devise forte et surtout, il n'hésite pas à faire les recommandations qui s'imposent. Même lorsque celles-ci déplaisent aux parties. Cette indépendance d'esprit lui sera utile pour se frayer un chemin entre les doléances des producteurs, les ambitions des transformateurs et les attentes du gouvernement.
Grâce aux efforts de l'industrie et au soutien des contribuables québécois, le porc est devenu l'une de nos 10 principales sources de revenus d'exportation. Sa production et sa transformation emploient près de 12 000 personnes, sans compter les milliers d'emplois indirects qui en découlent. C'est une bonne raison pour s'intéresser aux difficultés que traverse le secteur, mais ça ne saurait justifier qu'on le mette sous perfusion. On a misé sur le porc à cause de ce qu'il pouvait rapporter, il faut aujourd'hui se demander s'il a encore du potentiel.
Les solutions proposées devront tenir compte des nouvelles caractéristiques des marchés et être viables à long terme. Tous les producteurs ne sont pas au bord de la faillite, loin de là. Peut-on s'inspirer des pratiques de ceux qui s'en tirent le mieux, et aider les autres à se hisser à leur niveau, plutôt que de tenter de maintenir le maximum d'entreprises non rentables à flots? La même réflexion s'impose pour la transformation.
Cette fois, Guy Coulombe n'est pas président de commission ni même médiateur. Le ministre de l'Agriculture l'a mandaté pour conduire les discussions entre les principaux acteurs de l'industrie et lui faire des recommandations. Ce mandat, il a tenu à lui donner la définition la plus large possible. Heureuse idée. Souhaitons aussi qu'il consulte un peu au-delà des représentants habituels, dont le discours bien rodé a déjà été largement entendu.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé