Le secteur du porc s'en va droit dans un mur. Le réalise-t-il? Dix jours après que le rapprochement piloté par Guy Coulombe eut tourné en eau de boudin, on ne sent pas grand sentiment d'urgence. Faut-il que Québec rajoute de la pression?
L'ex-mandarin n'avait pas pour mission de trouver des solutions, comme il l'a fait dans la forêt, mais d'amener les agriculteurs et les transformateurs à le faire. Peine perdue. Même si les parties ont montré des signes d'ouverture, elles sont restées campées sur leurs positions. On se demande ce qu'il faudra pour les ébranler.
Pourtant, tout le monde s'entend sur la gravité de la situation. Le prix du porc a beau avoir augmenté récemment, les cours du grain, la force du dollar canadien et la concurrence internationale demeurent problématiques. L'industrie ne peut compter que sur elle-même. Ce qui veut dire faire progresser un bataillon d'entreprises indépendantes, aux intérêts souvent divergents, dans la même direction, avec la même souplesse et la même rapidité que si elles formaient une seule grande entité.
Fichu contrat! Mais avec ses sept millions de porcs par an, le Québec n'a pas d'autre option. Il se bat contre des géants américains totalement intégrés, qui contrôlent leur cheptel de l'éprouvette à la côtelette, et des pays émergents aux coûts de production dérisoires. Des concurrents qui viennent jusque dans notre cour. En 2001, 93% du porc mangé ici provenait d'un élevage québécois. C'est tombé à 63% il y a deux ans.
L'industrie n'a pas le choix, elle doit suivre la tendance et réduire ses coûts, souligne Guy Coulombe. Rogner sur les normes environnementales et les conditions de travail n'est pas une solution, améliorer les conditions climatiques non plus. Restent les gains d'efficacité. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent.
Les coûts de production des éleveurs, par exemple, sont plus importants qu'en Ontario, au Manitoba et aux États-Unis, Quant aux transformateurs, le rendement de leur main-d'oeuvre est nettement moins bon que dans le reste du pays ou aux États-Unis. Et ce n'est pas qu'une question de salaires: les entreprises ont investi trois fois moins que leurs concurrents canadiens au cours des dernières années.
Un sérieux coup de barre s'impose. Mais pour cela, il faudrait que les agriculteurs et les transformateurs rament dans la même direction. En sont-ils capables? «Il manque la volonté d'accepter certains compromis de part et d'autre», faisait remarquer Guy Coulombe dans son rapport. C'était il y a 10 jours, mais les rencontres tenues cette semaine par le ministre de l'Agriculture ne semblent pas avoir donné plus de résultats.
Pendant ce temps, la note monte. Les producteurs porcins toucheront des indemnités records de 375 millions pour l'année 2007. Ils financent une partie de cette aide, mais la plus grande part vient des contribuables. Ça ne peut pas continuer comme ça. Le ministre de l'Agriculture l'a d'ailleurs dit clairement au cours des dernières semaines. A-t-il été entendu? Ou devra-t-il joindre le geste à la parole, en retenant le soutien de l'État jusqu'à la conclusion d'une entente? Nous attendons une réponse.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé