Le rapport déposé hier par la Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire propose un nombre impressionnant de recommandations. Quarante-neuf en tout, comme si les commissaires s'étaient gardé une petite gêne et n'avaient pas voulu donner dans le Top 50.
Tous ceux qui s'intéressent à la production alimentaire y trouveront quelque chose à se mettre sous la dent. Mais combien de ces belles idées seront effectivement mises en application? Lorsqu'un gouvernement en reçoit 49, il peut facilement en ignorer 15. Davantage en tout cas que si on lui en soumet 20
Le message central, heureusement, est sans équivoque: l'heure des remises en question a sonné. Le monopole syndical de l'Union des producteurs agricoles (UPA), le financement de fermes qui ne respectent pas les exigences environnementales, les subventions réservées à un nombre limité de productions, le manque de soutien pour des activités à volume moindre qui ont pourtant un potentiel commercial intéressant, comme le bio ou les cultures en serre Peu de vaches sacrées ont résisté au regard critique des commissaires.
Pour le milieu hyper-conservateur de l'agriculture, c'est une petite révolution. Québec, accusé d'avoir perdu son leadership au fil des ans, n'en sort pas grandi non plus. Le gouvernement Charest aura-t-il le courage de porter ce chapeau qui aurait aussi bien fait aux administrations précédentes? Souhaitons-le. Ce rapport mérite mieux qu'une tablette où il disparaîtra sous la poussière.
On aurait aimé savoir ce qu'en pense le ministre de l'Agriculture, mais Laurent Lessard, qui avait pourtant convoqué une longue conférence de presse pour réagir au rapport, a soigneusement évité de se prononcer sur les recommandations.
Ce n'est que partie remise. Le budget printanier nous offrira une bonne occasion de tester la détermination de son gouvernement. Ce sera le moment de montrer de l'intérêt pour de nouvelles productions et pour le secteur de la transformation, responsable de plus de 70% du chiffre de vente des agriculteurs.
D'accord, l'économie québécoise ralentit et il faudra faire des choix, la ministre des Finances l'a souligné au crayon jaune fluo hier. Sauf qu'après le dépôt d'un document aussi déterminant sur l'agriculture et l'agroalimentaire, on voit mal comment elle pourrait ignorer le secteur. S'il faut faire des choix, assurons-nous que l'industrie reçoit sa juste part des aides à la recherche et à la commercialisation, et qu'on mise sur les produits et les pratiques les plus rentables.
Québec consacre déjà beaucoup d'argent à l'agriculture. La quasi-totalité sert à entretenir le statu quo: atténuer les effets des crises, soutenir les acteurs établis, etc. Pour la première fois, un groupe de réflexion totalement indépendant propose de mettre ces fonds au service d'une vision différente, qui tiendrait à la fois compte des intérêts de la population, de l'environnement et de l'ensemble des producteurs. Il faut l'écouter.
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