Dans un texte paru le 19 janvier dans Le Devoir, l'ex-fondateur de l'Union paysanne (UP), Roméo Bouchard, réagit à un récent éditorial de la rédactrice en chef du Devoir Josée Boileau en déployant une panoplie d'acrobaties argumentaires pour expliquer sa position sur le modèle syndical des agriculteurs québécois.
On peut facilement comprendre pourquoi l'ex-président de l'UP est contre l'accréditation unique. Après dix ans d'existence, cette organisation agrico-citoyenne est en effet incapable de susciter une adhésion agricole significative (à peine une poignée de producteurs), et ce, malgré une visibilité disproportionnée depuis la publication du rapport Pronovost. Dans ce cadre, il apparaît évident que l'heure est à l'introspection pour cette organisation au regard de son leadership, des idées qu'elle véhicule et des mythes qu'elle entretient sur le régime syndical actuel.
Car il s'agit bien de mythes, quoi qu'en pensent certains éditorialistes, animateurs de radio et gérants d'estrade. Nous sommes déjà en situation de pluralisme syndical dans le secteur agricole, et chacun des 42 000 agriculteurs québécois est libre d'adhérer à l'association qu'il souhaite. Une seule d'entre elles a toutefois le mandat légal de parler au nom de tous les agriculteurs, soit celle qui obtient la majorité des appuis, comme dans n'importe quel autre régime syndical. Ce statut, validé tous les deux ans par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, suppose, comme ailleurs, une cotisation obligatoire (formule Rand), car tous profitent des fruits de ses actions, membres ou pas.
Soyons clairs. L'UPA ne défend pas son statut d'association accréditée lui permettant d'agir comme interlocutrice officielle. Elle défend plutôt le principe selon lequel les producteurs agricoles ont droit aux avantages syndicaux qui prévalent au Québec, à savoir la liberté d'association accompagnée d'une représentation forte et démocratique pour défendre leurs intérêts. Le jour où une autre association syndicale comptera plus d'appuis que l'UPA, cette dernière deviendra à son tour l'association accréditée.
Soulignons, à cet égard, que 95 % des agriculteurs québécois adhèrent volontairement à l'UPA et le font à chaque année au rythme des renouvellements et des nouvelles adhésions. Cet appui, fondé sur le partage de valeurs inhérentes au modèle agricole familial et la nécessaire approche collective pour rétablir l'équilibre entre le monde agricole et les grandes multinationales de l'alimentation, fait consensus chez nos agriculteurs.
Si l'UP souhaite un jour devenir l'association accréditée, elle n'a qu'à prendre le bâton du pèlerin, «faire les rangs» et vendre des cartes, comme tous les autres syndicats au Québec (y compris l'UPA).
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