Comme on a pu le constater depuis quelques mois, la présence des immigrants inquiète bon nombre de Québécois. Une grande partie des témoignages devant la commission Taylor-Bouchard porteront sans doute sur ce thème. Il faut espérer qu'on entendra aussi l'autre version des faits. Celle des gens qui, sur papier, avaient tout pour réussir ici, mais qui, après des années d'efforts, n'ont toujours pas réussi à se faire une place chez nous.
Il subsiste, dans l'esprit de nombreux Québécois, une espèce de mythe de l'immigration selon lequel le nouvel arrivant doit consentir à tous les sacrifices. Cette vision suppose que l'individu a quitté une situation intolérable, qu'il ne peut pas faire demi-tour et, donc, que ses conditions de vie ici devraient le satisfaire, quelles qu'elles soient.
Cette conception de l'intégration à la dure n'est pas sans fondement, elle a prévalu durant des siècles, ici comme ailleurs. C'est encore l'expérience de nombreux réfugiés, et de la plupart des clandestins. Mais ce n'est pas la réalité à laquelle s'attendent les travailleurs qualifiés que le Québec et le reste du Canada recrutent activement à l'étranger.
Il suffit de les écouter, ou de lire leurs commentaires sur internet, pour réaliser à quel point nombre d'entre eux se sentent floués. Ils ne comprennent pas que nos services d'immigration aient accordé autant d'importance à leurs diplômes et à leur expérience (jusqu'à 38 points, il en faut 59 pour qu'une personne seule soit acceptée au Québec) alors que ceux-ci ne sont pas reconnus ici.
Le malaise, soulignons-le, n'est pas propre au Québec. Les critiques formulées au Canada anglais sont au moins aussi virulentes, sinon davantage.
Les nouveaux arrivants ont une part de responsabilité. La documentation gouvernementale mentionne la difficulté de se replacer et il ne faut pas chercher longtemps sur les sites des médias québécois pour trouver des reportages sur les déboires des professionnels étrangers et des diplômés de minorités visibles. Pour ne rien dire de la précarité générale du marché de l'emploi, ou des rigueurs climatiques. Certains immigrants avouent d'ailleurs qu'ils avaient lus de tels témoignages avant de partir, et qu'ils n'en avaient pas tenu compte.
Il serait facile de rester sourd à ces critiques, en disant qu'elles sont le fait d'une minorité, voire même d'incompétents. Mais quand plusieurs de ces étrangers finissent par trouver un travail satisfaisant aux États-Unis ou dans leur pays d'origine, il faut se poser des questions.
Immigration-Québec a ajouté une section à sa grille pour tenir compte de la valeur que le marché québécois accorde aux formations étrangères. Ainsi, un cours de boucherie accorde 12 points supplémentaires (le maximum) alors qu'un diplôme de médecine, très difficile à faire reconnaître ici, n'en donne que cinq. Peut-être faudrait-il aller plus loin et revoir l'importance accordée aux études universitaires et à l'expérience à l'étranger.
Nous n'avons rien à gagner à attirer des travailleurs théoriquement qualifiés dont les employeurs ne veulent pas. Les meilleurs s'en iront, les autres risquent de nourrir du ressentiment à l'égard de leur société d'accueil. De quoi compromettre sérieusement notre désir de les voir s'intégrer.
Quelques liens intéressants sur l'immigration
>>>Le guide d'Immigration-Québec :
http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/publications/fr/divers/apprendrelequebec.pdf
>>>Des reportages au Canada anglais :
http://www.youtube.com/watch?v=VhSWoMK_3zo&mode=related&search
http://www.youtube.com/watch?v=VhSWoMK_3zo&mode=related&search
http://www.youtube.com/watch?v=6lY_AP3uELI&mode=related&search
http://www.youtube.com/watch?v=6lY_AP3uELI&mode=related&search
http://www.thestar.com/article/238305
>>>Une pub choc pour les employeurs :
http://www.youtube.com/watch?v=mREnRy3Iay4
akrol@lapresse.ca
La difficile immigration
Le malaise, soulignons-le, n'est pas propre au Québec. Les critiques formulées au Canada anglais sont au moins aussi virulentes, sinon davantage.
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