BUDGET OLIVER

Timide P. Couillard

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Couillard l’agenouillé

Philippe Couillard est déçu du budget Oliver, qui ignore les besoins du Québec en ce qui a trait au financement des programmes de santé et d’infrastructures. Déçu, mais peut-être encore plus embêté par les choix faits par Ottawa sur le plan des mesures sociales. Pour autant, pas question pour lui de partir en guerre contre le gouvernement Harper.
On a dit de ce budget qu’il a été conçu comme un piège pour les partis fédéraux d’opposition. Libéraux ou néodémocrates seraient-ils élus l’automne prochain qu’ils hériteraient de politiques fiscales orientées durablement à droite pour lesquelles presque toute la marge de manoeuvre financière du gouvernement fédéral aura été engagée. Cela vaut aussi dans une certaine mesure pour les provinces. Ce budget oriente à l’opposé de leurs propres choix une partie de leurs politiques.

Mezzo-voce, le premier ministre Couillard le reconnaissait mercredi, disant que « face à une marge de manoeuvre similaire, nous n’aurions probablement pas fait les mêmes choix ». Il ajoutait que ses priorités seraient allées aux familles de la classe moyenne et à plus bas revenus. On comprendra qu’il n’est pas d’accord avec le fractionnement du revenu entre conjoints qui ont des enfants, avec l’étalement du retrait des sommes des FERR pour les personnes de plus de 71 ans et avec le doublement à 10 000 $ de la contribution annuelle à des comptes CELI.

Le problème est que le Québec devra harmoniser ses politiques fiscales à celles d’Ottawa. Difficile d’imaginer que le Québec maintienne la limite de 5500 $ par année alors qu’Ottawa permet 10 000 $. Politiquement, cela ne tiendrait pas la route. La décision n’est pas prise, mais on devine, quand Philippe Couillard souligne que les équilibres financiers du Québec ne sont pas menacés, qu’on dira oui.

En suivant Ottawa, le Québec se privera toutefois de ressources qui ne pourront pas être allouées à des mesures destinées à la classe moyenne et aux familles à bas revenus. Et cela pour des années à venir. En 2050, quand le programme du CELI sera à maturité, ce sera sans doute près de 2,5 milliards de revenus fiscaux par année dont le Québec se privera. On ne peut dire que le Québec et les provinces sont libres de leurs choix.

Ce que le Québec perd par ces mesures fiscales, il ne le gagne pas par ailleurs par l’augmentation des paiements de transfert en santé que le premier ministre Couillard réclame. Ottawa les fera passer ces prochaines années de 23 % à 18 %, tout en continuant de dicter les exigences auxquelles les provinces doivent se plier. Ne se sont pas matérialisés non plus des investissements fédéraux dans les infrastructures à la hauteur qu’espérait Québec pour soutenir une relance économique.

L’opposition à l’Assemblée nationale déplore que Philippe Couillard ne réagisse pas vigoureusement, comme l’a fait le gouvernement de l’Ontario. Vrai que sa réaction est bien timide quand on fait l’addition de tout ce qui le déçoit dans ce budget qui va rendre l’équilibre des finances du Québec plus difficile à atteindre.

L’approche Couillard à l’égard d’Ottawa n’est pas vindicative. Ce n’est pas son style. L’homme aime la nuance et déteste les amalgames. Face à ce budget, il tient à souligner que tout n’est pas noir, qu’il ne faut pas condamner en bloc. Il y a des limites à faire pression sur le gouvernement fédéral. Ainsi, à propos de la décision attendue d’Ottawa pour l’octroi de deux contrats au chantier maritime de la Davie à Lévis, il se refuse à chercher à influencer le processus de décision. Il suffit d’interpeller les députés conservateurs du Québec. On verra si sa méthode est plus efficace que celle de ses prédécesseurs.


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