Stéphanie Vallée: vaut mieux en rire

«Je demande honnêtement: quand Mme Vallée dit ne pas voir de signification religieuse dans un vêtement, est-elle sérieuse, sotte ou fait-elle semblant?»

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Ce pourrait être drôle si ce n'était pas si tragique






«C’est pas une charte sur le linge.» L’ineffable ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, présentait ainsi son projet de loi 62 sur la prétendue «neutralité» de l’État.




Quand j’ai entendu cette sottise, j’ai spontanément pensé à Jean-René Dufort, mieux connu sous le nom d’Infoman.




Depuis 2007, Infoman décerne annuellement les Prix Aurore aux pires navets du cinéma québécois.




En 2010, une grande cuvée, l’Aurore pour la meilleure-pire réplique avait été remporté par Julie Lebreton qui, dans Cadavres, s’écrie: «T’es-tu en train de me fourrer?!»




Fumisterie




Mme Vallée voudrait se limiter à interdire que l’on puisse demander et offrir des services publics avec le visage caché.




Les employés de l’État, y compris policiers, juges, enseignants et éducatrices en CPE, pourront donc porter tous les signes religieux connus ou à venir.




C’est donc un projet de loi qui transforme l’idée de la neutralité de l’État en son contraire.




Si les mots veulent encore dire quelque chose, la neutralité authentique serait que les agents de l’État n’affichent pas leurs convictions religieuses.




Pour Mme Vallée, la neutralité, c’est que l’État permette à un employé d’afficher n’importe quelle croyance.




Pour elle, c’est s’ouvrir à toutes les religions au lieu de se fermer à toutes.




L’État n’est plus au-dessus ou à côté des croyances religieuses individuelles, il devient le bazar qui les accueille toutes, y compris dans un palais de justice ou dans une garderie.




«Quel est le problème de ce que porte un individu?» s'est-elle interrogée. Je demande honnêtement: quand Mme Vallée dit ne pas voir de signification religieuse dans un vêtement, est-elle sérieuse, sotte ou fait-elle semblant?




Elle devait être fort occupée quand le premier ministre de la France, Manuel Valls, est venu expliquer la portée symbolique de certains vêtements. Voulant clarifier, Mme Vallée a ensuite lâché: «L'État n'a pas de croyances et n'a pas de non-croyances.»




De kessé?




C’est tellement idiot que ça me rappelle un finaliste pour l’Aurore 2014, toujours dans la catégorie meilleure-pire réplique.




Dans La maison du pêcheur, Luc Picard s’écrie: «Qu’y a fassent leur crisse de révolution, mais pas devant mon camping!»




C’est simple, le projet de loi 62 va encore moins loin que les recommandations de Bouchard-Taylor.




Quand vous êtes en dessous de Bouchard-Taylor, vous creusez sous terre avec une lampe sur le front.




Évidemment, comme nous sommes au Québec, il se trouvera quelques imbéciles, éclairés par l’esprit de clocher, qui demanderont à quoi bon tout ceci puisqu’on n’a pas encore vu un tchador dans les rues d’Alma.




Insignifiant




C’est tellement insignifiant que MM. Bouchard, Taylor et des tas d’intervenants n’ont même pas jugé bon de se présenter devant Mme Vallée cette semaine. On aura compris que, dans ce lamentable vaudeville, Mme Vallée n’est que la porte-voix des ventriloques qui la font parler.




Le PLQ avait promis d’agir. Il est «pogné» pour livrer quelque chose.




Son unique souci est de passer le test des chartes des droits pour s’éviter une saga juridique. Pitoyable.



 



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