Soyons fiers de ce drapeau!

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Merci qui ? Merci Duplessis !


Il y a 71 ans aujourd’hui, le Québec remplaçait le « Union Jack » par le fleurdelisé. La nation québécoise allait désormais se représenter au monde par la croix blanche et les quatre fleurs de lys.  


En ce Jour du drapeau, il importe de rappeler qu’il nous faut, collectivement, être fiers de ce drapeau, sans égards à nos inclinaisons politique ou nos origines. Ce drapeau est celui de tous les Québécois; il nous lie à notre passé, il nous rassemble dans le présent, il nous projette dans le futur aussi.  


Ce drapeau, c’est l’emblème de la survivance d’une nation francophone en Amérique; une nation qui a bravé bien des tempêtes, une nation traversée de doutes parfois, mais une nation au « front de beu » capable d’assurance et de grandes choses.   


Depuis qu’elle a hissé ce drapeau, cette nation a vécu des moments de noirceur et l’exaltation des changements soudains. Elle a la révolution tranquille cette nation, elle qui préfère la quiétude à la chicane, la bonne entente plutôt que le conflit.   


De la noirceur à la modernité, cette nation, en bien peu de temps, doit-on le rappeler, s’est ouverte sur le monde, s’est diversifiée, s’est enrichie de la présence et des savoirs de tous les coins du monde.   


Sa capacité d’accueil est l’une de ses plus belles qualités. Cette nation qui aime se montrer au monde, qui fait toujours de la place aux autres, tout en étant fière de son patrimoine, de ses racines, de ce long chemin parcouru, par hivers rigoureux, par la sueur de ceux qui ont défriché ses terres de roches et dérivé les rivières pour inventer un courant bien à elle.   


De grandes choses vous dites!  


La plus belle façon d’honorer ce drapeau, c’est d’être fier de la nation. C’est aussi, et surtout, de nous assurer de partager cette fierté avec ceux qui arrivent chez nous. Être fiers de notre langue, de notre patrimoine, de notre histoire, de nos reels, de nos légendes mais également du métissage et de l’apport de l’autre...   


Le Québec de demain, je l’espère, sera « métissé serré », francophone et pluriel. On y célèbrera la poésie de Miron, le génie de Laferrière, celui de Bissoondath et de Thuy. On se souviendra de son folklore, de ses racines, de Boudreault, de Allard, mais aussi de ceux qui ont métissé ce folklore jusqu’à lui faire traverser époques et océans. Vous connaissez le musicien-virtuose Jean-François Bélanger?   


Soyons fiers de ce drapeau, projetons-le dans l’avenir, rendons-le attrayant pour ceux que l’on accueille, portons-le et montrons-le à la face du monde. Il le mérite.   




Gaston Miron

Gaston Miron




Dans un texte publié en 2007 sur la poésie de Gaston Miron, l’enseignant Pascal Chevrette avait qualifié l’œuvre de cet auteur d’antidote au cynisme :   


« Comment parvenir à entendre le verbe de Miron dans le climat de cynique morosité et de repli sur soi individualiste qui caractérisent le monde d'aujourd'hui ? C'est parce que je suis convaincu que la poésie de Miron peut offrir un remède au cynisme que j'ai voulu que la fin de notre étude de ce poète serve de prétexte à commenter le monde actuel. »  


Pour célébrer ce drapeau, ce texte magnifique du poète Gaston Miron, Compagnon des Amériques, tiré du recueil L’homme rapaillé.  


Compagnon des Amériques  


Québec ma terre amère ma terre amande

ma patrie d’haleine dans la touffe des vents

j’ai de toi la difficile et poignante présence

avec une large blessure d’espace au front

dans une vivante agonie de roseaux au visage  


je parle avec les mots noueux de nos endurances

nous avons soif de toutes les eaux du monde

nous avons faim de toutes les terres du monde

dans la liberté criée de débris d’embâcle

nos feux de position s’allument vers le large

l’aïeule prière à nos doigts défaillante

la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles    


mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi

et marche au rompt le cœur de tes écorces tendres

marche à l’arête de tes dures plaies d’érosion

marche à tes pas réveillés des sommeils d’ornières

et marche à ta force épissure des bras à ton sol    


mais chante plus haut l’amour en moi, chante

je me ferai passion de ta face

je me ferai porteur de ton espérance

veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement

un homme de ton réquisitoire

un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse

un homme de ta commisération infinie  


l’homme artériel de tes gigues

dans le poitrail effervescent de tes poudreries

dans la grande artillerie de tes couleurs d’automne

dans tes hanches de montagnes

dans l’accord comète de tes plaines

dans l’artésienne vigueur de tes villes

devant toutes les litanies  


de chats-huants qui huent dans la lune

devant toutes les compromissions en peaux de vison

devant les héros de la bonne conscience

les émancipés malingres  


les insectes des belles manières

devant tous les commandeurs de ton exploitation

de ta chair à pavé

de ta sueur à gages    


mais donne la main à toutes les rencontres, pays

toi qui apparais

par tous les chemins défoncés de ton histoire

aux hommes debout dans l’horizon de la justice

qui te saluent  


salut à toi territoire de ma poésie

salut les hommes et les femmes

des pères et mères de l’aventure