Sauveurs en rupture de stock

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«L'establishment du PQ refuse de voir qu'il navigue de défaite en défaite»





Le 7 octobre prochain, le Parti québécois choisira son sixième chef depuis le départ de Jacques Parizeau. D’ici là, on parlera beaucoup des débats. Enfin! On décryptera les sondages. On se demandera où iront les appuis de Véronique Hivon, retirée de la course pour soigner une labyrinthite.


On mesurera les chances du meneur, Alexandre Cloutier, de l’emporter au premier, deuxième ou troisième tour. On vantera les idées foisonnan­tes de Jean-François Lisée. Quitte à oublier que sa seule constance en la matière est malheureusement son inconstance.


Seule à promettre un référendum rapide, on dira de Martine Ouellet qu’elle est résiliente, mais trop «pressée». Quant au jeune ex-orphelin politique, Paul St-Pierre Plamondon, on soulignera son bel «apport» à la course.


Pendant ce temps, on perd de vue le problème démocratique réel posé par la mainmise évidente de l’establishment péquiste sur la course. «Course au rabais», «Course invisible». Quel que soit le descriptif, l’idée saugrenue de la déclencher en pleine saison des barbecues était la sienne.


Mainmise intéressée


Ce faisant, avec la subtilité d’un éléphant dans l’isoloir, l’establishment a tout fait pour ouvrir une voie royale à son protégé, Alexandre Cloutier. Depuis le dernier référendum, la peur bleue de remettre l’option souverainiste au centre de l’action politique du PQ est aussi l’œuvre du même establishment.


Paralysé par une autre peur – celle de ne pas prendre le pouvoir s’il reprend trop clairement le flambeau de son option –, l’establishment refuse de voir qu’il navigue au contraire de défaite en défaite.


En se choisissant un protégé, l’establishment oublie aussi que l’ère des «sauveurs» est terminée depuis belle luret­te au PQ. De toute manière, ses soi-disant «sauveurs» ont tous fini par se sauver un jour...


Il semble aussi ignorer le principe suivant de réalité. Malgré l’impopularité montante des libéraux, le bipartisme PLQ-PQ étant chose du passé, les clés du pouvoir ne sont pas acquises aux péquis­tes pour autant.


Rejet massif


Selon le dernier sondage Léger/Le Journal/Le Devoir, près de 80 % des francophones tournent le dos au gouvernement Couillard. Le rejet est massif. Au Québec, le PLQ a même perdu huit points depuis son élection.


Or, grâce à une division marquée du vote francophone – la nouvelle potion magique des libéraux –, ils mènent encore dans les intentions de vote. Résultat: même si le prochain chef du PQ trouvait le remède contre le cancer, à moins que la CAQ ne se saborde – ce qui n’arrivera pas –, le mieux qu’il puisse espérer à l’élection de 2018 serait une victoire minoritaire.


La CAQ stagne peut-être à 23 %, mais c’est suffisant pour bloquer la route au PQ. À moins qu’il n’emprunte la seule voie de passage qu’il lui reste: la fameuse «convergence» des forces souverainistes.


Pour qu’elle puisse voir le jour, le PQ devra cependant s’engager clairement sur la souveraineté. Ce qui, pour l’establishment, Alexandre Cloutier ou Jean-François Lisée, ne semble pourtant pas être la priorité des priorités.




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