Comment prendre à bras-le-corps notre rapport face à l’histoire du Québec? Toutes choses étant égales par ailleurs, la solidité d’une éducation dans tous les domaines – y compris le réinvestissement massif de la matière de notre histoire – et une culture du livre des plus étendues offrent les garanties durables d’une nourriture constante de l’esprit. Au cours des deux ou trois dernières semaines, je me suis longuement retiré de l’écriture publique. Il me fallait avant tout réfléchir face aux événements qui secouent notre société.
Tout d’abord, indéniablement, j’ai pris le parti de ce qui participe à une dynamique culturelle. À l’instar de certains récalcitrants et occupés, j’ai boudé une autre année le Salon du livre de Montréal. Déjà assidu des bouquineries, je prise le livre usagé à défaut de passer au numérique. Par la même occasion, j’ai alors réfléchi à l’opportunité de redonner la place aux librairies indépendantes et par ricochet, aux bouquineries qui vivotent. Librairies et bibliothèques devraient prendre la place qui leur revient.
Avant même de penser aux livres, j’ai songé à la dimension publique de nos engagements sociaux. Évoquer les grandes transmutations en cours ne nous permet guère d’écarter la politique au passage. Depuis les contre-offensives du gouvernement Charest, que ce soit en matière de frais scolaires, de C-10 ou encore du Plan Nord, nous percevons les signes d’usure qui l’agitent. Je repense alors à cette plaque que le gouvernement a inaugurée en mémoire du 5e anniversaire de la Bibliothèque Nationale du Québec.
Nous saurons nous indigner le temps venu, en dignes héritiers d’une démarche nationale. Récemment encore, nous avons assisté à un des moments forts du parcours de VLB. Ce monument plus grand que nature a tenu à dire ses quatre vérités face aux détenteurs de la Paix mondiale. Il ne lui suffisait point de recevoir un prix, il se devait de l’annoncer d’emblée sans crier gare et dans le registre pamphlétaire qui le caractérise. Humblement, nous nous devons de chausser les souliers qui nous mèneront assez crûment vers l’engouement de cette prise de liberté directe.
En attendant les auspices des temps nouveaux, je reprends cette méditation du défunt essayiste québécois André Belleau à propos de l’effet – Bernard – Derome :« il fallait entendre Derome « hyper-prononcer » les saintes syllabes, mordre voluptueusement en elles, en ajouter et en remettre avec un acharnement étrange. Décidément, Derome a l’anglais obscène. »
Il n’est tout de même pas curieux que 30 ans plus tard, nous en sommes toujours à buter sur les graves lacunes et cassures directes du langage emprunté à la commission Bastarache. Lire ici : que nulle commission n’absolve les fautes de la grossière indignité en matière d’État.
Repenser l’histoire du Québec
À travers le livre, aspirer à une plus grande paix
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3 commentaires
Élie Presseault Répondre
3 décembre 2011M. Pomerleau,
S'il y a une chose qui m'apparaît avec beaucoup d'acuité depuis le jour que j'ai lu L'amour du pauvre de Jean Larose, c'est que nous vivons avec un regard confus et contondant en cette époque d'économisme triomphant. Gaston Miron, Hector de Saint-Denys Garneau et les poètes du Québec nous permettent de nous recueillir au coeur de ce qui nous rapproche comme humains. Paul Chamberland réussit à bien décrire ce sentiment qui nous tend vers un imaginaire appocalyptique. Renouer avec la nature et dégager nos visions bétonnées nous permettra de décrire avec justesse nos aspirations, même dénudées à l'occasion.
Archives de Vigile Répondre
29 novembre 2011Bonjour M. Presseault,
Si vous êtes intéressé à repenser l'histoire du Québec, je vous suggère la lecture d'un livre publié en 1916 par Robert Sellar (1841-1919): "The Tragedy of Quebec - The Expulsion of its Protestant Farmers" (disponible sur internet - merci Google).
Je dois dire que ce point de vue d'un Orangiste pur laine a changé en profondeur la façon dont je voyais jusque-là notre histoire. Au temps du Canada français, il a existé quelques rouleaux compresseurs qui n'étaient pas anglo-saxons...
Jean-Claude Pomerleau Répondre
28 novembre 2011Repenser l'histoire
Juste une question comme ça: Comment expliquer que la narration de notre histoire soit passé, de glorieuse (avant 1960) à honteuse (après 1960)?
JCPomerleau