Pourquoi une Charte

Réflexion sur les valeurs québécoises

Tribune libre

Comme vous, je réfléchis à la pertinence d'une charte avec ce qu'elle implique. J'observe toutes les tendances qui s'expriment et toutes les craintes que cela révèle. Les peurs des uns et les incompréhensions des autres, les intolérances de certains et la stupidité de quelques personnes de qui on se demande au final leur but.
Il y a quelques confusions pour certaines gens, par exemple, on prend un symbole pour une religion et une religion pour un Dieu. Un voile ne fait pas l'islamisme pas plus qu'une croix ne fait le catholicisme. Tous niveaux confondus, ça devient un champ de n'importe quoi.
Tout le monde parle des droits des uns et des droits des autres, mais qui se questionne sur les devoirs et les responsabilités de chacun?
La charte des valeurs va bien au-delà de la simple laïcité, elle doit englober ce qui nous réunit, ce qui nous différencie et ce qui nous distingue.
Les belles-mères craignent la discussion franche et ouverte, les Janette revendiquent la primauté de l'égalité des sexes sur la liberté religieuse, les psychiatres anglophones s'inquiètent de la stabilité mentale des gens privés de leur béquille religieuse.
Bien que le débat soit loin d'être complété, je trouve fort utile et très intéressant d'entendre tous les gens se prononcer pour parvenir en bout de route à un consensus qui nous ralliera.
Ma vision personnelle
Je me dis, il est grand temps que le Québec se définisse enfin, après deux cuisantes défaites référendaires qui ont laissé un vide identitaire profond et une quasi-honte à se dire fier d'être Québécois sans que les conquérants anglophones fédéralistes nous rappellent notre défaite avec un certain plaisir à peine contenu.
La fracture identitaire a fait des victimes des deux côtés de la clôture. Imaginer qu'aucun stigmate ne découle de ces échecs identitaires relève de la pure bêtise. Combien de peuples ont refusé à deux reprises de se donner un pays dans l'histoire du monde? Seul le Québec a vécu cette tare.
Partant de là, se redéfinir comme peuple, baliser ses valeurs et exprimer de manière consensuelle notre identité collective semble être une tâche plus qu'urgente pour l'équilibre collectif de notre peuple.
Il ne s'agit pas de faire de cet exercice une chasse aux sorcières, aux symboles, ou aux ethnies, il s'agit simplement d'exprimer et d'affirmer ce que nous sommes collectivement.
Nous avons commencé cet exercice grâce à la bavure libérale de la crise étudiante de l'an dernier qui a amené le peuple à se réveiller devant le manque de compassion et la provocation politique d'alors en sont point culminant de la Loi 78.
Il n'en fallait pas plus pour créer une réflexion commune que le Québec devait se définir plus large que la couleur d'un petit carré de tissus.
Le peuple québécois a besoin de s'unifier, de cesser les divisions nuisibles et stériles dans leur résultat. Le choix de la population pour un gouvernement minoritaire demandait alors clairement aux oppositions et au gouvernement de cesser leur travail les uns contre les autres et de viser le bien commun. On en est bien loin avec l'attitude de plusieurs députés ce qui alimente de nouveau le cynisme envers les politiciens. Les partis d'opposition devraient faire un sérieux examen de conscience de leurs agissements et de leurs attitudes en se sens.
Les cabanes à sucre ne sont pas des mosquées, tout comme les édifices publics, les écoles, les cégeps ou les universités. Mais à qui la faute? Je crois que le Québécois trop mal accommodant pour des motifs purement mercantiles et pécuniaires est le premier fautif, alors cessons de jeter la pierre aux ethnies qui demande simplement et à qui des Québécois disent oui. Les lieux de cultes doivent être respectés et ne pas être confondu avec des lieux publics, mais c'est aux Québécois de dire la limite, notre limite gentiment et simplement.
Le mal du multiculturalisme
Est-ce que le message est clair aux nouveaux arrivants en sol québécois quand ils atterrissent à l’aéroport P.E.T. de Dorval et voient Welcome to Canada? Quel message en comprennent-ils? C'est une des premières causes de tout ce flou identitaire. Un peuple francophone dans un autre pays anglophone. S'il vous plaît, cessez de nous charrier les vertus du multiculturalisme de Pierre Elliot Trudeau, c'est une belle plaie. Ça ne favorise que la ghettoïsation des communautés culturelles et ne permet aucunement l'intégration harmonieuse des nouveaux arrivants dans la réalité de ce qu'est un Québécois ou une Québécoise.
L'ouverture et le message
Le Québec est un état français, Montréal est une ville française, les institutions gouvernementales sont francophones. Si je vais en Allemagne quelle langue dois-je parler? L'allemand, non? Le message doit être clair et sans équivoque, le français est la seule langue officielle au Québec. Nous acceptons d'offrir des services en anglais là où le nombre le justifie, sans enlever la prérogative du français. Fin des accommodements linguistiques à tout vent.
Le Québec est un état laïc. Cela signifie que les religions devront être pratiquées dans des lieux de cultes et nulle part ailleurs. Aucune sollicitation ni propagande pour aucune religion ne devra se faire dans l'administration publique.
Les Québécois feront preuve d'ouverture et d'accueil envers les nouveaux arrivants pourvu qu'ils démontrent de la bonne volonté à s'intégrer à notre réalité linguistique - le français - et notre laïcité.
Si de nouveaux arrivants veulent nous convertir à autre chose, alors qu'ils s'en retournent ailleurs. Si le message est aussi clair dès le départ, aucun problème ne surviendra. Le Québec est une terre d'accueil, mais pas à n'importe quel prix.
Que sont nos valeurs?
Devons nous abolir, les fêtes qui sont au-delà de l'aspect religieux une forme de tradition qui nous définit? Noël et son sapin, Pâques et son lapin, j'arrête là :) Plus sérieusement, nos traditions sont en grande partie ce qui nous définit comme peuple. À preuve, le 17 mars nous avons la parade de la Saint-Patrick, fête des Irlandais.
L'égalité des sexes est une autre de nos valeurs communes, nier cela serait un recul majeur de notre collectivité. Les femmes se sont battues pour faire leur place au rang des hommes et en cela elles ont fait évoluer le Québec tout entier. D'ailleurs, d'avoir une femme Première ministre est un plus pour la société québécoise, quoi qu'en pensent ses détracteurs.
J'écoutais Boucar Diouf nous parlé du métissage des Québécois de couleurs et des origines diverses qui enrichissaient le Québec tout entier, et je me disais c'est pas faux si les points communs sont respectés : la langue française commune, l'égalité des sexes et la laïcité.
Message aux craintifs
Le Québec est un état où la tolérance est de mise et où le dialogue prévaut toujours sur la violence, comparé à plusieurs coins du monde actuellement, nous savons faire la preuve de notre grand sens du respect et de la démocratie pacifique. À preuve, malgré la crise étudiante et sociale provoquée par les libéraux de Jean Charest en 2012, nous avons attendu les élections pour changer les choses, ramener la paix sociale et les étudiants dans les classes avec un consensus du milieu de l'éducation.
Nous ne marchons pas au chantage ni à la menace, si vous voulez quitter le Québec, personne ne vous en empêche, car ici vous êtes libre, et c'est sans doute pour cela que vous accepterez de rester avec nous.


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2 commentaires

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    17 octobre 2013

    L’opinion de Boucar sur la Charte des valeurs Québécoises
    http://zonevideo.telequebec.tv/media/7218/edito-3-octobre-2013/bazzo-tv
    JCPomerleau

  • François A. Lachapelle Répondre

    17 octobre 2013

    Parlons du port du voile islamique au Québec, incluant foulard, hijab, burqa et niqab par des musulmanes.
    Si je comprends bien votre position, le port de ces signes religios-politiques serait interdit dans l'espace public du Québec. Vous écrivez, je cite: « Le Québec est un état laïc. Cela signifie que les religions devront être pratiquées dans des lieux de cultes et nulle part ailleurs. Aucune sollicitation ni propagande pour aucune religion ne devra se faire dans l’administration publique.»
    Que répondez-vous à l'objection suivante telle que reprise par l'écrivain Yves Beauchemin: les musulmanes arborant un signe ostentatoire de leur foi perdront leur emploi si elles refusent l'interdiction du port d'un signe ostentatoire de leur foi ?
    Ma question ne doit pas être considérée comme un simple piège. Comment à titre de Québécois(es) pouvons-nous solutionner ce problème que certains appréhendent ?
    Je rappelle une piste. Dans le Figaro du 1er août 2013, l'écrivain Claude Sicard a écrit l'article intitulé, je cite: « Le port de la burqa en pays non musulman: une provocation ? » Selon cet auteur, le Coran établit une distinction des obligations des musulmanes entre celles qui habitent dans un pays musulman et celles qui habitent un pays non musulman. La définition d'un pays non musulman est un pays où les musulmans sont minoritaires ce qui est le cas du Québec.