Réconcilier l’Europe et ses nations

Gérard Bouchard se penche sur l’identité et les mythes de l’UE dans un nouveau rapport

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Bouchard semble ignorer, ou feint d'ignorer, l'affrontement entre souverainistes et globalistes qui est désormais entré dans sa phase finale. La survie de l'UE dépend de l'issue de cet affrontement






Crise de l’euro, crise des migrants, Brexit. Les turpitudes que connaît l’Union européenne depuis plusieurs années seraient-elles liées à son désamour avec les nations ? C’est ce que semble soutenir l’historien Gérard Bouchard dans un rapport produit récemment pour l’un des principaux think tanks européens de France, l’Institut Jacques Delors. Dans son rapport intitulé L’Europe à la recherche des Européens. La voie de l’identité et du mythe, l’historien du Lac-Saint-Jean estime que, pour des raisons qui tiennent à la fois de l’histoire de sa fondation et des choix faits par Bruxelles depuis les années 1970, l’Europe s’est trop souvent inscrite en faux contre les nations qui la composaient.


 

« Compte tenu des conséquences désastreuses des nationalismes », les fondateurs de l’Union européenne ont estimé qu’« il fallait se méfier des nations et des classes populaires qui suscitaient la méfiance, et les tenir à distance », écrit Gérard Bouchard. En faisant des nations le « coupable idéal des deux guerres », en attribuant ces deux guerres mondiales aux seuls nationalismes, « dans l’esprit de nombreux fondateurs, il était clair que désormais, les États nations n’avaient plus d’avenir ».


 

Cultures sur la sellette


 

Cette thèse justifiera une construction de l’Union européenne par le haut qui donnera la priorité à l’économie, rappelle Gérard Bouchard, qui fait néanmoins abstraction dans son analyse du gaullisme, dont on sait qu’il entrait en contradiction avec le projet de Jean Monnet. Le résultat de cette orientation, c’est que les cultures nationales seront traitées avec suspicion et que les peuples seront tenus « à l’écart de cette nouvelle grande aventure », écrit Bouchard.


 

Aujourd’hui, souligne l’historien, l’Union européenne éprouve donc un énorme « déficit démocratique ». Constatant la désaffection des jeunes, le chercheur va d’ailleurs jusqu’à envisager que « l’Union européenne ne dispose pas du fondement symbolique lui permettant d’atténuer et de surmonter ses graves difficultés ». Bref, qu’elle disparaisse.


 

Or, contrairement à ce que supputaient les fondateurs de l’Europe, rappelle l’historien, les États nations sont loin d’être disparus. Leur nombre a même été multiplié par quatre à l’ONU depuis 1945. Si l’historien s’interroge sur les principes qui ont amené l’Union européenne à se construire contre les nations, il ne remet pas en question certaines de ses réalisations. La première d’entre elles serait le maintien de la paix pendant de nombreuses années, dit-il, même si cette affirmation est de plus en plus contestée en Europe, l’OTAN ayant joué un rôle au moins aussi déterminant à cet égard. L’historien n’explique pas non plus dans quelle mesure l’Europe a reconnu ou nié ses racines chrétiennes. Un grand sujet de controverse en Europe depuis de nombreuses années.


 
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