«Tout ne va pas very well» au pays du bilinguisme, note l'ex-journaliste Graham Fraser dans son premier rapport à titre de Commissaire aux langues officielles. Au cours des derniers mois, le commissaire a scruté à la loupe l'ensemble des activités du gouvernement fédéral.
Ses conclusions sont accablantes: les efforts du premier ministre du Canada, Stephen Harper, pour parler français et faire la promotion de la dualité linguistique canadienne ne dupent personne. Les gestes faits par son gouvernement depuis son élection ont aggravé la situation du bilinguisme au pays.
Avec comme toile de fond l'abolition du comité des langues officielles, le commissaire Fraser dénonce les compressions budgétaires et l'inaction du gouvernement Harper au cours de la dernière année. Des ratés de la politique linguistique de la Défense aux bilans plutôt négatifs des 37 institutions examinées, la situation est loin d'être exemplaire. Et l'avenir ne semble pas plus prometteur. Toujours selon Fraser, si le gouvernement Harper ne donne pas suite au plan d'action qui prend fin dans moins d'un an, la situation pourrait encore se dégrader.
Au fond, ce que démontre ce rapport, c'est qu'au Canada, le bilinguisme n'est pas tant un réflexe naturel qu'un droit qu'il faut sans cesse revendiquer et qui est très souvent menacé.
Et le pire, c'est qu'il n'existe plus aucun moyen à la disposition des Canadiens qui souhaiteraient exprimer leurs doléances, le gouvernement Harper ayant aboli le programme de contestation judiciaire qui permettait aux membres des minorités de porter plainte lorsque leurs droits n'étaient pas respectés. Cette décision est beaucoup plus éloquente que les prouesses de M. Harper dans la langue de Molière!
Cela étant dit, les conservateurs ne sont pas les seuls à blâmer. Les lacunes observées par M. Fraser cette année, d'autres les ont soulignées avant lui alors que les libéraux étaient au pouvoir: manquements dans la fonction publique, non respect de la loi dans plusieurs institutions... Le problème est autant de nature culturelle que politique.
Peut-on remédier à la situation? M. Fraser recommande au gouvernement qu'il impose une obligation de résultats. Avec raison. Il faudrait remettre en place le programme de contestation judiciaire et pénaliser les délinquants. C'est ce qu'on fait lorsqu'on veut faire respecter les lois. Alors pourquoi en serait-il autrement avec la loi sur les langues officielles?
Il faudra toutefois davantage qu'un rapport, aussi pertinent soit-il, pour que le gouvernement agisse. Si les élus ne sentent pas que le respect des deux langues officielles est important au sein de la population, ils ne bougeront pas. La question est la suivante: l'est-il vraiment? Ne sommes-nous pas, nous aussi, coupables de laxisme lorsque nous acceptons sans broncher que l'employé d'un service fédéral ne nous réponde pas dans notre langue? À l'exception des minorités francophones hors Québec et des anglophones québécois qui portent, chacun de leur côté, cette cause à bout de bras, les autres Canadiens adoptent une attitude beaucoup plus tolérante, voire résignée, quand il est question du respect de la loi sur les langues officielles. Peut-être serait-il temps d'être plus revendicatif. Comment peut-on exiger du gouvernement qu'il respecte l'usage de l'anglais ET du français si nous ne le faisons pas nous-mêmes?
«Read my lips»
Peut-être serait-il temps d'être plus revendicatif.
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