Il s'en est dépensé de l'énergie depuis l'annonce, en mars 2006, de la vente d'une portion du parc national du Mont-Orford. En l'espace d'un an, on aura vu passer un projet de loi, une commission parlementaire, un appel d'offres, le rapport du comité Nicolet, une négociation in extremis avec les employés syndiqués du centre de ski qui menaçaient de faire la grève Tout ça pour en arriver à l'annonce d'hier : la vente est annulée.
Non seulement le gouvernement Charest renonce à sa mauvaise idée mais en outre, il accorde deux ans aux intervenants de la région afin qu'ils arrivent à un consensus sur l'avenir du centre de ski et du club de golf.
Quelle perte de temps et surtout, quelle absurdité quand on songe qu'au départ, le ministre de l'Environnement de l'époque, Claude Béchard, justifiait la décision de son gouvernement par le fait qu'il ne voulait pas dépenser un sou de plus dans cette aventure.
Or non seulement son successeur, Line Beauchamp, va devoir résilier le contrat du locataire, André L'Espérance, (ce qui devrait coûter autour de 10 millions) mais en outre, le gouvernement devra payer durant deux ans pour l'aménagement et l'entretien du parc, tel que prévu dans la loi 23. En d'autres mots, les contribuables vont casquer pour les erreurs de jugement d'un gouvernement et de son ministre de l'Environnement responsable du dossier, Claude Béchard.
Le côté positif de cette annonce, car il y en a un, c'est qu'on ne vendra finalement pas une portion du parc à des intérêts privés. Mieux encore, le parc sera agrandi puisqu'en guise de compensation, le gouvernement avait acquis des terrains au cours de la dernière année. À l'heure qu'il est, la coalition S.O.S. Orford et ses supporteurs doivent déjà avoir sablé le champagne. Les sorties publiques dans les médias, les manifestations et le spectacle-bénéfice Sauvons Orford n'auront pas été vains. L'annonce de Line Beauchamp n'aurait pas eu lieu si le gouvernement Charest avait été majoritaire, sans l'opposition adéquiste dans les mollets.
Il s'agit enfin d'une excellente nouvelle pour les intervenants régionaux : les voilà enfin débarrassés d'un facteur irritant majeur, le locataire André L'Espérance, qui n'inspirait guère plus confiance. On repart donc à zéro dans un climat plus sain où les rumeurs de complot n'ont plus leur raison d'être. Les principaux acteurs économiques et touristiques de la région disposent de deux ans pour arriver à une solution. Pour des gens habitués à réagir avec un fusil sur la tempe, ce sont des conditions beaucoup plus favorables à la réflexion. Est-ce que cela signifie qu'on accouchera d'un projet de centre de ski alpin? Il est trop tôt pour le dire.
Qui sait, cette saga aura peut-être permis à la région de faire le deuil d'un centre de ski alpin sur le mont Orford? Dans son plan de développement, l'organisme Tourisme Cantons-de-l'Est propose de transformer Orford, Owl's Head et Sutton en stations de montagne quatre saisons dans lesquelles on offrirait plusieurs activités, pas seulement du ski alpin. C'est une proposition, et il y en aura sûrement d'autres au cours des prochains mois.
Chose certaine, la saga Orford aura été un beau gâchis politique qui en aura épuisé plus d'un et, surtout, qui aurait pu être évitée.
nathalie.collard@lapresse.ca
Tout ça pour ça !
Chose certaine, la saga Orford aura été un beau gâchis politique qui en aura épuisé plus d'un et, surtout, qui aurait pu être évitée.
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