Au cours de la dernière année, dans la foulée de l'adoption du plan québécois de lutte contre les changements climatiques, le premier ministre Jean Charest a répété que le Québec était un leader en développement durable. Or, comme l'a démontré notre sondage la semaine dernière, les Québécois ont encore bien des croûtes à composter avant de s'imposer comme véritables modèles en matière d'environnement. Voici donc quelques idées que la nouvelle ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamp, devrait pousser durant son prochain mandat.
Tout d'abord, elle doit aller frapper à la porte de la nouvelle ministre des Finances, Monique Jérome-Forget, afin d'obtenir davantage d'argent pour son ministère. "Put your money where your mouth is", disent les Anglais. Si le gouvernement Charest veut être fidèle à ses prétentions, il doit augmenter le budget du ministère de l'Environnement, comme le réclament d'ailleurs plusieurs groupes écologistes.
Ensuite, celle qui succède à Claude Béchard doit donner des dents à la politique québécoise de gestion des déchets qui, jusqu'ici, s'est avérée un échec. Québec doit serrer la vis aux municipalités et les obliger à mettre en place un système de collecte de matières organiques avant la date limite de 2008. Pour que cette politique soit vraiment efficace, il faudra imposer une amende sévère aux contrevenants ainsi qu'aux municipalités qui ne se conforment pas. La nouvelle ministre ne devrait pas avoir peur de sévir si elle veut respecter les promesses de son parti de réduire les déchets et augmenter le taux de recyclage à 70% d'ici 2012 (il n'est actuellement que de 23%!). Parmi les autres promesses électorales à concrétiser, il y a également l'augmentation des aires protégées à plus de 8% (la moyenne mondiale est de 12%) ainsi que d'augmenter le crédit d'impôt à l'achat de véhicules hybrides.
La ministre Beauchamp devrait également aller frapper à la porte de sa collègue Michelle Courchesne, nouvelle ministre de l'Éducation et de la Famille, afin de mettre sur pied avec elle un véritable programme d'éco-citoyenneté dans les centres de la petite enfance et les écoles. La protection de l'environnement est avant tout une question d'éducation. En sensibilisant les enfants dès leur plus jeune âge, on s'assure de créer des réflexes qui seront solidement ancrés à l'âge adulte.
Enfin, Line Beauchamp devrait inscrire au moins deux rencontres incontournables à son agenda. La première avec Andreas Carlgren, ministre de l'environnement de la Suède. On n'a pas fini d'entendre parler de ce pays scandinave qui doit occuper la présidence de l'Union européenne en 2009. Véritable leader environnemental, la Suède a pour objectif de s'affranchir de sa dépendance au pétrole d'ici 2020. Le ministre Carlgren pourrait par exemple expliquer à son homologue québécoise comment son pays produit du carburant à partir de matières organiques recyclées.
Ensuite, la ministre de l'Environnement devrait faire des pieds et des mains pour rencontrer un Américain qui lui apprendrait deux ou trois trucs pour réussir le virage vert du Québec: non, il ne s'agit pas d'Al Gore mais bien du gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger. L'ancien acteur de cinéma confiait récemment à l'hebdomadaire Newsweek qu'il voulait faire de l'environnement ce qu'il avait fait de haltérophilie à l'époque: quelque chose de branché. Il est en train de réussir là où bien des militants écolos se sont cassés les dents: convaincre les entreprises de virer au vert.
La protection de l'environnement est à la mode ces temps-ci. Il faut maintenant faire en sorte que cette mode se transforme en valeur, bien ancrée dans tous les secteurs de la société québécoise. Si Mme Beauchamp aime les défis, la voilà servie.
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