SANTÉ

Québec déclasse des dizaines de cadres

Faa2f9140d49ef3f1bb89cc85cf78909

Autant, ou si peu ?

Des dizaines de gestionnaires du réseau de la santé ont appris que leur salaire annuel serait amputé du jour au lendemain de 5000 à 15 000 $ à la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). Ils ne l’acceptent pas. Une centaine d’entre eux comptent d’ailleurs exiger que la baisse salariale soit échelonnée dans le temps, sans quoi ils s’opposeront carrément à la mesure.

Le MSSS a revu à la baisse la classe d’employé de quelque 1000 gestionnaires au cours des dernières semaines, ce qui pourrait lui permettre de dégager des économies annuelles de 7 à 10 millions par année, a révélé The Gazette lundi.

Précisément, 24 cadres au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) et 20 cadres au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) font partie du lot, ont confirmé les deux établissements au Devoir. « Seulement 24 et 20 ? », s’étonne une source du Devoir, tout en rappelant que les ex-directeurs généraux du CHUM, Christian Paire, et du CUSM, Arthur Porter, avaient été montrés du doigt pour avoir autorisé « aveuglément » l’embauche de cadres rémunérés au moins 70 000 $ par année.

Révision

« D’ici une, deux ou trois semaines, [les 1000 gestionnaires dans la mire du MSSS] vont être ramenés à la classe salariale qui leur convient en fonction des tâches qu’ils ont à accomplir, selon le ministère », explique le président-directeur général intérimaire de l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux du Québec (AGESSS), Yves Bolduc. Par exemple, des gestionnaires se sont vu rétrograder de la classe 19 à la classe 16, subissant ainsi une baisse salariale de quelque 15 000 $ par année, soit environ 5000 $ par échelon.

Environ 100 cadres mécontents, éparpillés dans 40 établissements au Québec, demandent donc au MSSS d’échelonner dans le temps leur baisse salariale. Si ce n’est déjà fait, ils feront connaître un « avis de mésentente » à leur employeur ce qui signifie « qu’un arbitre de différent va [être appelé à] trancher », précise M. Bolduc. Il n’est pas question de démissions en bloc à ce moment-ci, souligne-t-il.

En juin, tous les dirigeants du réseau de la santé et des services sociaux ont été sommés de soumettre à l’évaluation du MSSS tous les contrats de travail de cadres de classe 16 et plus conclus depuis le 1er octobre 2008 — et non déjà approuvés par le MSSS. Après vérifications, le ministère a décidé de déclasser quelque 1000 gestionnaires, selon The Gazette. À elle seule, la réévaluation effectuée par le MSSS au CUSM permettra d’économiser environ 80 000 $ annuellement, a appris Le Devoir.

« Qu’ils décident de ramener des gens à des classes “x” ou “y”, on ne peut pas faire grand-chose, ce sont les évaluations [du MSSS] qui font foi de tout », dit le p.-d.g. de l’AGESSS en entrevue téléphonique. Les directions d’établissements de santé et de services sociaux ont commis « une erreur » : « [elles] n’ont pas [systématiquement] fait entériner leurs évaluations par le ministère, comme cela leur avait été demandé », reconnaît-il.

Ce rappel à l’ordre du MSSS illustre la nécessité de « moderniser » le système de classification des employés de l’État mis en place en 1971, fait valoir la directrice générale de l’Association des cadres supérieurs de la santé et des services sociaux (ACSSSS), Carole Trempe. « Celui-ci ne tient plus la route », lance-t-elle au téléphone.

Selon elle, un certain nombre de directeurs généraux ont « fait preuve de beaucoup de créativité ou d’innovation […] pour assurer la rétention de leurs directeurs » au fil des dernières années. « Quelque part, les gens du ministère ont peut-être fermé les yeux pendant un certain temps pour assurer cette forme de pérennité-là », soupçonne-t-elle.

Pourtant, les directions et les conseils d’administration des établissements de santé sont habituellement « très frileux » à octroyer des classes d’employé élevées, se fiant à des « critères d’attribution serrés ». « Quand on monte un dossier d’un cadre supérieur dans le but d’augmenter sa classe salariale, je peux vous dire que ça ne passe pas comme du beurre dans la poêle. Souvent, ça incommode, ça irrite même les cadres supérieurs qui pensent avoir droit à une classe supérieure. »


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->