Le commissaire aux langues officielles Graham Fraser s'attend à ce que les plaintes affluent avec le dépôt du projet d'oléoduc Énergie Est uniquement en anglais à l'Office national de l'énergie (ONÉ).
Même si TransCanada compte traduire tous les documents d'ici un mois, M. Fraser insiste sur le fait que tous les Canadiens devraient pouvoir comprendre les détails d'un tel projet.
«Je crois fortement que les citoyens ont besoin d'avoir accès aux informations critiques qui affectent où ils vivent dans la langue officielle de leur choix», a-t-il tranché en conférence de presse, jeudi.
TransCanada a déposé mardi à l'ONÉ pas moins de 39 000 pages expliquant son controversé projet d'oléoduc Énergie Est, qui doit acheminer 1,1 million de barils de pétrole brut de l'Alberta jusqu'au Québec et au Nouveau-Brunswick.
L'ONÉ avait exigé de l'entreprise une version consolidée de son important projet, jugeant «qu'il (était) difficile même pour des experts de s'y retrouver». La documentation fournie tel que demandé mardi était presque exclusivement en anglais.
TransCanada assure qu'elle offrira la version traduite en français d'ici un mois, mais les groupes environnementaux ont dénoncé le fait que les francophones auront ainsi moins de temps que les anglophones pour étudier la proposition. L'affaire n'est pas anodine, parce que l'oléoduc doit parcourir plus de 600 kilomètres au Québec.
«J'ai fortement l'impression que ça va provoquer des plaintes», a indiqué M. Fraser, ajoutant qu'il ne voulait ainsi pas trop commenter cet enjeu qui pourrait aboutir sur son bureau.
De façon plus large, il a signalé que les consultations pour de tels projets devaient être comprises de tous.
«C'est extrêmement important, si on engage un processus de consultation, que tous les Canadiens puissent avoir accès aux informations proposées dans la langue officielle de leur choix», a-t-il insisté.
La ministre responsable des langues officielles, Mélanie Joly, a indiqué qu'elle étudiait la situation avec son collègue des Ressources naturelles, Jim Carr.
Pour le néo-démocrate François Choquette, l'ONÉ agit tout simplement «en vrai délinquant» dans cette affaire.
Paradoxalement, l'ONÉ a exigé la concordance des versions française et anglaise du projet, sans toutefois exiger formellement de version française.
Accès à la justice
Le commissaire Graham Fraser a fait ces commentaires alors qu'il déposait son dixième et tout dernier rapport annuel, à Ottawa.
Dans ce rapport, il insiste sur l'importance d'améliorer les capacités bilingues des juges, une faiblesse qu'il note dans plusieurs provinces et territoires.
À ses yeux, il reste encore beaucoup de travail à faire pour que tous les citoyens aient le même accès à la justice devant les tribunaux canadiens, peu importe qu'ils soient francophones ou anglophones.
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