Projet de loi 21 : il faut une laïcité « réelle et apparente »

8210540cf5c09ae3d9c8d81d4dfe61e5

Le MLQ prône une interdiction totale des signes religieux dans la fonction publique

Le Mouvement laïque québécois souhaite la « stricte autonomie de l'État par rapport à la religion ».


Voici la ou les sources de cet article : Assemblée nationale (00:00 à 12:05) et LexumVoici la source de la photo : Capture d'écran


Les consultations particulières et auditions publiques portant sur le projet de loi 21 tirent à leur fin et les membres du Mouvement laïque québécois (MLQ) étaient les premiers à présenter leur mémoire, mercredi avant-midi. Fort de plus de 400 membres à travers la province, le MLQ a mis sur la table ses arguments en faveur d'une laïcité « réelle et apparente ».


S'appuyant sur le jugement de la Cour suprême du Canada en 2015 interdisant aux élus de la Ville de Saguenay de réciter une prière lors des séances du Conseil en plus d'enjoindre la municipalité à retirer tout symbole religieux de leurs enceintes, le MLQ ne prône rien de moins que la « stricte autonomie de l'État par rapport à la religion ».


Une laïcité « réelle et apparente »


Le Mouvement laïque québécois était représenté par sa présidente, Lucie Jobin, et son vice-président, Daniel Baril. Pour ces Montréalais, deux constats s'imposent d'emblée : la laïcité doit être « réelle et apparente », et surtout, s'appliquer « dans les milieux les plus [multiculturels], multireligieux [et] multiethniques » du Québec.


L'organisation reproche au projet de loi 21 de manquer de précision et de ne pas refléter suffisamment ce que devrait être la séparation de l'État et de la religion, se fiant au jugement émis par la Cour suprême dans l'affaire juridique opposant principalement le MLQ à la Ville de Saguenay en 2015.


M. Baril s'inquiète en effet du risque que la nouvelle loi, si elle est adoptée, puisse être interprétée comme consacrant l'indépendance de la religion par rapport aux droits et aux responsabilités civiles des individus habitant dans la province. Cette façon erronée d'entrevoir la relation entre le religieux et la société serait partagée au Canada hors Québec, mais aussi chez nos voisins américains où la séparation de l'Église et de l'État signifie que ce dernier n'a pas à intervenir dans les affaires religieuses.


Par conséquent, la « stricte autonomie de l'État par rapport à la religion » est de mise ; la séparation de l'Église et de l'État doit se traduire par la séparation du citoyen représentant l'État de sa foi personnelle : aucun fonctionnaire, quel qu'il soit, peu importe sa date d'entrée en emploi, ne devrait pouvoir porter de signes religieux. Le vice-président du MLQ ajoute que puisque la neutralité religieuse implique les institutions de l'État et non les individus, ceux-ci ont le devoir de respecter la neutralité « apparente » de l'État.


L'organisation recommande en outre au gouvernement d'aller plus loin que prévu initialement et de proscrire le port de signes religieux pour l'ensemble du personnel des écoles, des centres de la petite enfance au niveau collégial en passant par les établissements d'enseignement primaire et secondaire, qu'ils relèvent du secteur public ou privé.


Le Mouvement laïque québécois a tenu à saluer le passage de l'ex-députée libérale Fatima Houda-Pepin lors des auditions publiques ainsi que sa revendication pour que soit inscrit dans le projet de loi 21 le droit à la neutralité religieuse de l'État pour les citoyens québécois.