Victimisation

Profilage racial : la police de Repentigny montrée du doigt

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9 Noirs... et 33 Blancs ont reçu des contraventions : il faut cesser la pleurniche


Des représentants de la communauté noire estiment que la police de Repentigny a fait preuve de discrimination en délivrant des constats d’infraction totalisant 11 500 $ à neuf jeunes Noirs pour avoir enfreint les règles sanitaires en jouant au basketball, alors que de jeunes Blancs n’ont reçu qu’un avertissement, le même soir, sur le même terrain. Ils exigent une rencontre avec la cheffe de police pour discuter de l’enjeu du profilage racial.


« On ne peut pas avoir un poids, deux mesures. Ce qu’on demande, c’est un service de police qui traite tout le monde de la même façon », a déclaré hier Alain Babineau, du Centre de recherche-action sur les relations raciales, lors d’un point de presse qui s’est déroulé sur les lieux de cette affaire.


L’incident s’est déroulé le 22 mai dernier au parc de la Seigneurie. Un peu après 18 h, des policiers sont intervenus auprès d’un groupe de jeunes Noirs qui jouaient au basketball, alors que les sports d’équipe n’étaient toujours pas autorisés par Québec. Neuf contraventions ont été délivrées : sept de plus 1500 $ pour les jeunes âgés de 18 ans et plus et deux de 500 $ pour les mineurs du groupe.


Nathan Dery, un étudiant de 20 ans, faisait partie du nombre. « Ce n’est pas une question d’argent, mais une question de profilage, a-t-il dénoncé hier. Les policiers nous ont dit qu’ils ne donnaient plus d’avertissements. »


 

Après avoir lu un article sur le déconfinement, il affirme avoir mal compris ce qui était permis ou non. Ce jour-là, les rassemblements extérieurs d’un maximum de 10 personnes étaient permis pour la première fois. La pratique des sports d’équipe était toujours proscrite. En revanche, la pratique de sports individuels sans contact était permise depuis le 20 mai.


« On a montré au policier l’article qu’on avait lu. Alors on lui a dit : “Malgré notre mauvaise compréhension, est-ce qu’on peut avoir un avertissement ?” Lui [le policier] ne voulait rien entendre… Il nous a dit : “Si vous voulez, contestez, mais moi, je vous donne des tickets aujourd’hui.” »


Une heure trente plus tard, de jeunes Blancs ont été interpellés dans la même situation. Ils ont pu quitter le parc avec un avertissement.


Alain Babineau, qui est également un ancien policier de la GRC, estime qu’à première vue, les policiers de Repentigny ont usé de leur pouvoir discrétionnaire d’une manière qui paraît discriminatoire. « Nous avons besoin d’avoir une conversation sérieuse sur le racisme systémique et la discrimination au sein de la police de Repentigny », dit-il.


La police nie avoir agi de manière discriminatoire


Appelé à réagir, le Service de police de la Ville de Repentigny a défendu ses agents.


En mai, 9 citoyens noirs et 33 citoyens blancs ont reçu des constats d’infraction pour avoir enfreint les règles sanitaires liées à la pandémie de COVID-19, indique le corps policier municipal. « Nos interventions ne sont pas guidées par la couleur de la peau, elles sont guidées par le fait que les gens ont collaboré ou pas », a souligné la directrice adjointe du service de police, Lison Ostiguy, en entrevue avec La Presse.


Elle souligne par ailleurs que le 22 mai à 17 h, les deux mêmes policiers ont donné trois constats d’infraction à des jeunes qui jouaient au basketball dans un autre parc, mais qu’ils étaient blancs. Par ailleurs, ces deux mêmes policiers avaient déjà averti « trois ou quatre » des neuf jeunes Noirs de ne pas jouer au basketball lors d’une intervention précédente survenue le 28 avril.


Elle termine en indiquant que ce sont des policiers différents qui sont intervenus auprès du groupe de jeunes Blancs dans le parc de la Seigneurie environ deux heures plus tard, vers 20 h 20. Les policiers ont « rencontré les jeunes qui n’avaient pas été avisés de ne pas jouer. Les jeunes, coopératifs, sont partis », raconte Mme Ostiguy.


Alain Babineau affirme que les jeunes songent à entreprendre des recours légaux dans cette affaire, devant la Commission des droits de la personne ou le Comité de déontologie policière.




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