Dimanche à New York, dans l’océan des 300 000 manifestants qui participaient à la « marche du peuple pour le climat », une pancarte résumait adroitement le problème : « Il n’y a pas de plan(ète) B ». Partout, les voix s’élèvent de plus en plus contre l’inertie des élites politiques et économiques, pendant que s’entassent les rapports d’experts annonçant la fin du monde si rien n’est fait d’urgence. Mardi à l’ONU, au sommet éclair sur le climat, un gotha de 120 chefs d’État et de gouvernement a accouché d’engagements chétifs.
Un rapport frais du Global Carbon Project vient d’établir que les gaz à effet de serre ont franchi à l’échelle mondiale de nouveaux pics en 2013. Vingt-deux ans après le sommet de Rio. La Chine est depuis devenue la plus grande émettrice au monde. À elle seule, l’Inde a accru ses émissions de 5 % l’année dernière, une tendance qu’on imagine mal voir se renverser, étant donné la décision prise par son nouveau gouvernement de défaire ses lois environnementales afin de ne pas nuire à la croissance de son PIB. Même les États-Unis, dont les émissions ont pourtant eu tendance à diminuer, ont enregistré une augmentation en 2013, selon le rapport.
Au-delà des incontournables cibles de réduction contraignantes dont il faudra impérativement que les gouvernements finissent par convenir avant qu’il soit trop tard, s’il ne l’est pas déjà, une sortie de crise ne peut pas être véritablement envisagée tant qu’une solution n’aura pas été trouvée à la fracture Nord-Sud entre pays « développés » et « en développement » sur le partage de la facture et des responsabilités dans la lutte contre les GES.
Aucune avancée n’a été réalisée à ce chapitre au sommet de New York. Et dire qu’il ne fallait pas en attendre de percée parce qu’il est préparatoire à la grande conférence de Paris, en décembre 2015, n’excuse rien. Barack Obama a eu raison de dire que la donne avait changé depuis l’époque où la Chine pouvait prétendre qu’il revenait avant tout à l’Occident riche de payer la note. La Chine comme l’Inde continuent de s’accrocher au principe de responsabilité différenciée établi dans le protocole de Kyoto (1997), en vertu duquel il leur est permis de se soustraire à des obligations environnementales si cela nuit à leurs efforts antipauvreté. Faux alibi pour ce qui concerne en particulier l’Inde, où l’impressionnante croissance économique des dix dernières années n’a pas fait vraiment reculer la pauvreté.
Un baume sur ce différend crucial porte le nom de Fonds vert pour le climat (FVC), dont la création a été annoncée au sommet de Copenhague en 2009. Il est destiné à aider les pays plus pauvres à réduire leurs émissions de GES et à s’adapter aux effets du réchauffement. Mais les caisses du fonds sont vides (55 millions) alors que l’objectif est de mobiliser 100 milliards par an d’ici 2020. Paris s’est engagée à y verser 1 milliard…
Le sommet s’est clos sur une absence de résultats concrets alors qu’en fait, les gouvernements ont aujourd’hui en main tous les remèdes pour réduire significativement les GES — technologies vertes, transport collectif, recours aux énergies renouvelables… —, et ce, contrairement à l’idée reçue, sans compromettre la sacro-sainte croissance économique. Un rapport d’experts intitulé « The New Climate Economy Report » a récemment calculé qu’un développement plus vert ne coûterait sur 15 ans que 1 % à 4 % de croissance mondiale pour faire jusqu’à 90 % du chemin nécessaire pour nettoyer les poumons de la planète. C’est dire que l’initiative n’étouffe pas nos élus. Nous ne sommes pas ici pour parler, mais pour faire l’histoire, a déclaré le secrétaire général, Ban Ki-moon, en matinée. Ils n’ont pas fait beaucoup plus que parler.
SOMMET SUR LE CLIMAT
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