Pas de kirpan au parlement

«Je pense qu'ils pourraient faire un petit effort», a ajouté Mme Beaudoin en parlant des sikhs.

Kirpan - Québec



Le Soleil (Québec) - La World Sikh Organization of Canada ne comprend pas que ses membres se soient vu refuser l'entrée à l'Assemblée nationale du Québec, hier, en raison du kirpan qu'ils portaient sous leurs vêtements. L'organisation déplore un manque d'ouverture.
À l'extérieur de l'Assemblée nationale, les deux hommes et les deux femmes du groupe ont souligné qu'ils peuvent pénétrer à la Chambre des communes à Ottawa, dans les parlements de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, ainsi qu'à la Cour suprême du Canada. Mais pas au parlement du Québec.
Ironiquement, le groupe est venu en matinée pour présenter aux élus un mémoire sur les accommodements raisonnables au Québec. Il espérait pouvoir bénéficier d'un «accommodement».
Le service de sécurité de l'Assemblée nationale considère le kirpan comme une arme, et non comme un symbole religieux.
«Le kirpan, pour moi, c'est un poignard, c'est une arme blanche», a dit le chef de la sécurité, Pierre Duchesne, au Soleil, pour expliquer le refus de laisser le groupe entrer avec des kirpans.
«Ce n'est pas une arme, a insisté une des deux femmes présentes. On porte le kirpan jour et nuit.»
Il n'était pas question pour les membres de la World Sikh Organization of Canada de laisser les kirpans en consigne et de les récupérer après la présentation du mémoire aux élus, comme le service de sécurité le leur a proposé.
Cour suprême
D'accord avec la décision du service de sécurité, la péquiste Louise Beaudoin a rappelé son propre désaccord avec un arrêt rendu par la Cour suprême du Canada en mars 2006. Les neuf juges du plus haut tribunal au pays avaient alors autorisé le port du kirpan dans les écoles en autant que ce poignard rituel soit porté de manière sécuritaire; que son étui soit cousu aux vêtements, par exemple.
«Essayez donc de passer la frontière entre le Canada et les États-Unis avec un kirpan», a laissé tomber la députée de Rosemont.
«Je pense qu'ils pourraient faire un petit effort», a ajouté Mme Beaudoin en parlant des sikhs.
«C'est comme porter le niqab ou la burqa dans un service public, ou en prenant un cours de français, en disant : "Moi, je ne veux pas me dévoiler"...»
La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, n'a pas voulu commenter la décision du service de sécurité. Elle a fait savoir que les parlementaires prendraient tout de même connaissance du mémoire de la World Sikh Organization - et insisté pour dire que la société québécoise est ouverte au pluralisme.
Dans son mémoire, le groupe rappelle que la religion sikhe interdit le port du voile aux femmes sikhes. Ce n'est pas pour autant qu'il appuie le projet de loi 94, qu'il considère comme une atteinte à la liberté religieuse.
«Inadmissible du point de vue moral et juridique», il «créerait un dangereux précédent qui diminuerait considérablement les droits des femmes et des communautés religieuses minoritaires vivant au Québec», peut-on lire dans le document.


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