Ça va mieux, au Québec, depuis que la CAQ a pris le pouvoir et que François Legault est premier ministre.
Après 15 ans de gouvernance libérale, le cynisme n’en finissait plus de monter, alors que la crédibilité des institutions empruntait le chemin inverse. Le ton de la conversation devenait strident dès qu’il était question de ce gouvernement qui était si sûr d’être là pour toujours qu’il ne faisait même plus semblant de s’intéresser à ce qui préoccupait les Québécois.
Un an plus tard, l’ambiance a changé. Les Québécois sont satisfaits de leur gouvernement, et ça paraît dans le climat social. Et, même les caquistes l’admettent, la situation financière avantageuse laissée par les libéraux aide à remplir les promesses.
Tourne à gauche
Jusqu’ici, François Legault a entretenu la confusion sur la nature de son projet politique. On ne sait toujours pas où il veut amener le Québec. Il a changé de priorité trop souvent, avant que ça devienne les maternelles 4 ans.
On a souvent reproché au Parti québécois de mettre son clignotant à gauche avant de tourner à droite. Le génie de la reconfiguration politique proposée par François Legault, c’est de faire exactement l’inverse. On « flashe » à droite, puis on tourne à gauche.
François Legault est revenu en politique en tenant un discours fort sur la responsabilité fiscale et le respect du contribuable. Or, on ne se refuse plus aucune dépense, depuis que la CAQ est au pouvoir.
Vous avez entendu ce discours ferme tenu par François Legault à l’endroit des fonctionnaires qui renégocieront bientôt leur convention collective ? Vous pouvez être certain que, surplus aidant, les ministres du gouvernement recevront pour directive de tout faire pour éviter un conflit.
De même, son nationalisme économique nous ramène aux belles années de l’interventionnisme dirigiste à la Bernard Landry. Les anciens péquistes ne s’en plaindront pas, mais qu’en pensent les adéquistes ? Un gouvernement Legault, ça ressemble à un gouvernement Bouchard, mais avec un surplus.
De bonne guerre
Même chose sur l’identité, la langue et l’immigration. La CAQ tenait un discours ferme en ces matières. On a plutôt essayé de faire une chose et son contraire. La loi sur la laïcité représente certes une pièce législative centrale. Reste que, dans le concret, son adoption ne change rien aux relations intercommunautaires, si ce n’est de les rendre plus tendues. Sur la langue, on a procrastiné, alors que le rapport de la députée Claire Samson proposait une politique toute faite. Sur l’immigration, on a prétendu diminuer les cibles, mais on ne l’a pas vraiment fait.
François Legault n’a jamais même tenté de définir sa vision de l’intégration au Québec. « Au Québec, c’est comme ça qu’on vit », c’est assez mince comme propos quand des immigrants se demandent s’ils sont toujours les bienvenus ici.
Sur l’environnement, le premier ministre reconnaît que c’est important, mais soucieux de ne pas déplaire à sa base, il a le culot de présenter des projets qui noirciront le bilan du Québec, comme le 3e lien et GNL Québec, comme des projets verts. Il ne convaincra personne ainsi, mais continuera de faire plaisir à ceux qui l’ont élu.
À la fin, satisfaire son monde, c’est de bonne guerre. C’est l’essence de la démocratie que de gouverner pour réaliser son programme.
C’est dommage, toutefois, parce que François Legault s’est bâti un rapport de force qui lui permettrait d’être beaucoup plus qu’un premier ministre qui se limite à aller d’une promesse à l’autre en faisant le contraire de ce qu’il prétend être en train de faire.
Bref, ça va mieux, au Québec, mais ça va où ? Pas trop clair.