Reprise de ma chronique parue ce vendredi dans les pages du Journal de Montréal et du Journal de Québec.
NI DRAINVILLE, NI LISÉE
La saga des avis juridiques sur la charte des valeurs rattrape Bernard Drainville. Quelques plumes appelant à sa démission ou le traitant de menteur l’ont obligé à sortir de sa tanière.
Cherchant à s’en délester depuis l’élection, l’ex-ministre péquiste n’a eu d’autre choix que de défendre son dossier miné. Or, qu’il le veuille ou non, son boulet l’exclut d’office de la succession au Parti québécois.
S’il existe le moindre espoir de renouvellement au PQ, le populisme manipulateur de Bernard Drainville le disqualifie par définition. L’échec du «virage identitaire» appartient au gouvernement Marois, mais son peddleur acharné en portera dorénavant la croix.
La salve de Jean-François Lisée contre le manque de transparence de son collègue Drainville dans la même saga des avis juridiques braque les projecteurs sur un autre candidat possible à la chefferie.
Si la charte est la malédiction de M. Drainville, celle de M. Lisée est l’ensemble de son œuvre. Depuis son entrée en politique aux bureaux de messieurs Parizeau et Bouchard, l’ex-ministre a épousé des positions contradictoires sur des enjeux aussi fondamentaux que la souveraineté et la question linguistique.
Condamné pour son manque de cohérence depuis le dernier référendum, le PQ peut-il se payer le luxe d’un prochain chef connu pour ses propres virages, nombreux, sur le fond des choses?
La mémoire sélective de Gérard Bouchard
Gérard Bouchard, sociologue et ancien coprésident de la commission Bouchard-Taylor, réclame quant à lui la démission de Bernard Drainville.
Il dénonce le rôle «plutôt sinistre» du «tandem Marois-Drainville» sur la charte et dit espérer un «grand ménage» au parti. Ce faisant, il exprime surtout un haut-le-cœur politique global partagé par de nombreux souverainistes, péquistes ou non.
Demander la démission de M. Drainville est toutefois parfaitement inutile. La population vient de punir clairement le gouvernement péquiste et sa chef. Quant au vendeur de la charte, sa propre punition viendra bien assez vite s’il plonge malgré tout dans la course à la chefferie.
En tout respect, s’il s’inquiète autant de l’avenir du PQ et de son option, Gérard Bouchard a l’indignation retardataire. Bien avant la catastrophe de la charte, celle de la gouverne de son frère à la tête du gouvernement et des troupes péquistes fut bien plus déterminante.
Par sa mise en veilleuse des trois piliers du PQ – souveraineté, social-démocratie et protection du français –, Lucien Bouchard enclenchait en fait le déclin annoncé du PQ et de son option.
Voir ce parti poursuivre sa chute sur un virage identitaire aussi pitoyable devrait appeler le sociologue à une réflexion moins collée sur la seule question de la charte.
La charte n’est pas la cause du déclin. Elle est le produit d’un problème bien plus profond. Celui d’un parti vidé de sa raison d’être.
Addendum:
«Creux historique pour le Parti québécois» – les résultats du sondage Léger/Le Devoir parus ce samedi matin: http://www.ledevoir.com/politique/quebec/407985/sondage-leger-creux-historique-pour-le-pq
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