Le baptême de feu

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La véritable lutte commence

On l’a dit avant moi : ce sera, dès ce matin, pour Pierre Karl Péladeau, le nouveau chef du PQ, un baptême de feu.
Partout, on l’attend. De pied ferme.
Bien que différemment les uns des autres, tous l’attendent.
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Ses supporteurs l’attendent depuis longtemps, les journalistes aussi, tout comme ses consoeurs et confrères, pas tous avec la même ferveur, ses ennemis du même côté de la chambre – QS, on l’a bien vu, la CAQ on le verra davantage – mais surtout, surtout, ceux du bord du Pouvoir avec, comme on dit, une brique et un fanal. Et, bien sûr, les Québécois l’attendent aussi, discrètement mais curieusement.
Sans doute pouvons-nous nous dire que l’homme en a vu d’autres. Et son humour, comme sa capacité d’indignation, de franc parler, voire de colère, lui seront et nous seront peut-être de surprenants atouts.
Quel chemin rapide parcouru depuis mars 2014. Je voyais Pauline Marois hier soir aux actualités, s’amenant pour le Gala des Patriotes, l’air réjouie et, à l’entendre, fière de son poulain: un bon choix, selon elle, celui d’un homme qui aime le Québec et qui le connaît. Et confiante, donc, pour la suite des choses.
PKP a été élu; il a reçu ce mandat clair et fort qu’il demandait. À tel point que l’on assiste même aujourd’hui à l’expression d’une intention de trève dans la lutte acharnée qu’a mené à son endroit le SPQ libre, cette « faction » syndicale pure et dure du Parti Québécois, que représentent Pierre Dubuc et Marc Laviolette. Ceux-ci ont déclaré qu’on « le regarderait aller quelque temps ». La chance au coureur ? Tant mieux. À condition que cette trève soit de bonne foi, on peut penser qu’ils auront à leur tour d’agréables surprises.
Déjà, on a identifié ici et là les nombreux défis qui attendent le nouveau chef, dont le rassemblement des « forces souverainistes ».* Mais, comme l’écrit Mathieu Bock-Côté, point n’est besoin de perdre son temps avec ceux « qu’il ne vaut pas vraiment la peine de solliciter, tellement ils se moquent de la question nationale (…) : 1) la gauche radicale internationaliste, qui n’a jamais cru aux nations, aux patries, qui s’imagine les frontières arbitraires et qui cultive l’esthétique du citoyen du monde 2) la droite libertarienne qui déteste au fond d’elle-même le Québec, parce qu’elle rêve en anglais et rêve de s’américaniser et se montre allergique à toute forme d’identité collective. » **
Par ailleurs, comme tout le monde l’a souligné aussi, le Grand Comité d’accueil libéral a préparé pour le nouveau-venu deux sympathiques évènements afin de l’aider à apprécier la façon de faire libérale : cette fameuse Commission parlementaire sur son « cas », débutant le 26 mai***, et deux élections partielles en début juin dans les deux comtés de Québec que l’on estime hors de la portée péquiste: l’un que l’on concède sans doute à la CAQ – Chauveau – et Jean-Talon qui, depuis sa création en 1965, n’a jamais lorgné sérieusement un autre parti que celui de Jean Lesage, qui l’habitait à ce moment si je ne m’abuse.
Il serait réjouissant si, comme certains le croient, ces deux pièges tendus avec malice – la Commission parlementaire et l’élection dans Jean-Talon – se retournaient contre ces Libéraux arrogants, manipulateurs et plein de mépris tout autant pour les institutions gouvernementales que pour les électeurs.
Et, puisque PKP a parlé d’indépendance – et qu’il en parlera sans relâche – ce gouvernement de mauvaise foi se prépare aussi à ressortir la menace d’un référendum à l’horizon péquiste, indéfectible épouvantail qu’il prend pour une baguette magique. Mais vient sans doute un jour où les citoyens, comme les enfants, cessent de croire aux monstres ou aux mauvais sorts.
Ce que ce grand génie libéral du Pouvoir néglige cependant de considérer, c’est que nous avons trois belles années pour en parler au monde de cette indépendance, sous toutes ses coutures. Il devra s’y faire et se mettre lui-même au défi, en contrepartie, d’entretenir les Québécois des avantages qu’il voit au fédéralisme… Nous entrons ainsi dans une intéressante et sans doute décisive période de débat ouvert : être ou ne pas être. Nous avons une très bonne équipe à l’opposition officielle, un chef qui apprend vite et bien, comme nous avons pu le constater et comme le mentionnait Bernard Drainville, et qui s’ajuste avec aisance, comme le constate Joseph Facal. *
Tenez-vous bien, les Libéraux. Comme j’osais l’écrire hier alors que votre chef prétendait s’amuser : rira bien qui rira le dernier.


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