Surprise. Le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Mario Beaulieu, se présente à la chefferie du Bloc québécois.
Réduit à un mini caucus de quatre députés – dont un, André Bellavance était seul en lice pour succéder à Daniel Paillé -, la candidature de Mario Beaulieu lui donnera au moins une course à deux à se mettre sous la dent. À moins que d’ici le 7 mai, date limite pour soumettre sa candidature, une ou un troisième volontaire ne vienne s’y ajouter.
Considérant le double coup de la vague orange de 2011 et de la défaite cuisante du PQ le 7 avril dernier, le tout ressemble néanmoins à un sursis.
Redevenu dans les dernières années de Gilles Duceppe à sa tête au parti nationaliste qu’il était à sa création en 1991 (*)- soit défendant à Ottawa «les intérêts du Québec» et les «consensus» de l’Assemblée nationale -, le Bloc que voudrait diriger Mario Beaulieu serait plutôt, pour reprendre ses propres mots, celui de la promotion de l’indépendance du Québec.
Or, le Parti québécois et son option étant dans l’état qu’ils sont, c’est à se demander ce que ferait encore le Bloc à Ottawa si jamais il survivait minimalement à l’élection fédérale d’octobre 2015. Ce qui, à son tour, explique pourquoi André Bellavance était seul à vouloir en être le chef…
Ancien président particulièrement proactif au PQ de la mythique région de Montréal-Centre, Mario Beaulieu est connu pour sa défense passionnée du français et pour des convictions souverainistes qui ne font aucun doute.
«Je suis convaincu qu’il faut remettre l’indépendance de l’avant», dit-il en entrevue à La Presse. «C’est ce qui va nous permettre de ramener l’enthousiasme dans notre action politique. Sous mon leadership, ce serait la priorité de tous les députés bloquistes. (…) Plus le PQ va parler d’indépendance, plus il va regagner des votes.»
Face à André Bellavance, dont le discours s’inscrit plutôt dans la continuité du flou depuis le dernier référendum, le discours de Mario Beaulieu trancherait certes par sa clarté.
Or, le Bloc vivotant sur respirateur artificiel et le PQ étant puni entre autres, pour ce même flou sur sa propre option, croyez-vous qu’il soit même encore possible de débloquer le Bloc?
Surtout, est-il encore ou non son utilité à Ottawa?
La question se pose d’autant plus depuis la défaite cuisante du PQ du 7 avril, mais aussi parce que sa déconfiture de mai 2011 s’est installée depuis à demeure dans le paysage politique. Ce matin, un énième sondage le confirme. Selon un sondage non-probabiliste CROP-La Presse-Le Soleil, à 38%, le NPD est toujours premier au Québec chez les francophones, le PLC est à 24%, le Bloc est également à 24% et le Parti conservateur, toujours bon dernier, à 10%…
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(*) Sous l’impulsion des échecs successifs des accords de Meech et de Charlottetown, de même que de la direction de Jacques Parizeau au Parti québécois, le Bloc deviendra par la suite lui-même souverainiste dans les années menant au référendum de 1995.
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