Le conseil municipal sera ballotté par un vent de l’Ouest

Montréal aidera-t-elle la capitale à affranchir le Québec?

Qu’adviendra-t-il des politiques de M. Lisée?

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Fracture ethnique, donc politique, à Montréal


Du point de vue politique, au Québec, on imagine le pire et c’est souvent ce qui arrive. En tout cas c’est ce qui est arrivé à Montréal il y a un petit moment. M. Denis Coderre, est arrivé d’Ottawa pour coiffer une carrière de député et… de ministre et il a été élu maire de la métropole du Québec comme une comète passe dans le firmament.
Alors réfléchissons un peu si cela est encore de mode. Il est inconcevable que, pendant sa carrière à Ottawa, M. Coderre ne se soit pas fait des amis dans le fonctionnarisme fédéral et tout ce qui l’entoure. Si ces gens-là s’étaient opposés au projet de leur collègue de devenir maire de la métropole québécoise celui-ci aurait dû penser à autre chose et se contenter de sa pension comme bien d’autres.
Qu’on me comprenne bien. Je ne crois pas que le nouveau maire de Montréal soit le diable. Sa personne est respectable et je la respecte. Je me situe ici sur le plan «politique» ainsi que je l’ai dit plus haut. Et, bien que je sois réfractaire aux calembours et autres farces, dont M. Coderre a la secret, je ne me formalise pas.
Du point de vue politique, par contre, il faut regarder les choses bien en face. Pendant la campagne électorale M. Coderre n’a jamais abordé la question nationale. Ce n’est pas dans sa nature et c’est son affaire. Mais il est étrange que les mots Québec et Nation n’aient pas été prononcés une seule fois, ni par M. Coderre, ni par les autres candidats dans les débats publics.
Mme Harel, qui avait des amis à Québec, elle, a attaché son char à un homme d’affaires aux penchants d’outre Outaouais – lui aussi - et elle est tombée dans le précipice de l’oubli politique. Bien fait! M. Richard Bergeron, lui, le seul qui ait eu une politique réfléchie et novatrice, a été balayé par les charmes d’ une femme d’affaires aux yeux bleus!
Personne, ainsi, n’a évoqué le rôle que Montréal doit jouer ou jouera dans cette matière qui concerne l’épanouissement de la nation québécoise. Il faut rappeler ici que la municipalité de Montréal est une corporation qui tombe sous la responsabilité directe du gouvernement du Québec.
Il est facile de voir que la présence du pouvoir fédéral à l’hôtel de ville de Montréal – celle que je me permets de percevoir - aura des conséquences politiques, psychologiques et symboliques néfastes. Une désolidarisation de Montréal par rapport au projet d’affranchissement du Québec divisera les forces de la nation. Je me permets de penser que les politiques d’immigration – 50,000 par année depuis 10 ans - ont pour objet précis de diviser les Québécois entre eux.
En des temps anciens les maires de Montréal s’opposaient parfois au gouvernement du Québec. Mais c’étaient des querelles de famille. Le maire Camilien Houde, par exemple, se tenait à distance du premier ministre Maurice Duplessis, mais il ne contestait pas l’autorité du conseil des ministres sur la ville dont il était le maire. Il se faisait même le défenseur – comme Duplessis – de son peuple méprisé, celui qui se trouvait à l’est de la rue Saint-Laurent. Et l’on sait ce que la solidarité de M. Houde avec ses gens lui a coûté pendant la grande guerre.

Les médias, qui ont décortiqué les résultats de la dernière campagne électorale, n’ont pas fait grand état de la division ethnique du vote. Le faire, il est vrai, n’aurait pas été très agréable pour la minorité française d’Amérique. Les choses étaient pourtant assez claires. La population de culture anglaise, ce qui comprend une bonne part des immigrants (qui sont concentrés à Montréal) a choisi la sécurité d’Ottawa, pas l’autre.
Tout cela, à mon avis, il ne faut pas se le cacher, tient au fait que la population de culture française, ses familles surtout, est partie vivre dans le « confort » individualiste des banlieues périphériques, soit loin de la vraie ville ; ils ne pouvaient donc pas voter. Tout ce qu’ils peuvent faire c’est réclamer des «gouvernements supérieurs» comme ils disent, des ponts pour venir en ville !
Le gouvernement du Québec actuel, je suppose que nous le savons tous, est autonomiste comme moi. Et il a promis, par la voix de son ministre responsable de Montréal, M. Jean-Francois Lisée, de créer une politique qui aurait pour effet de ramener en ville une partie des familles québécoises qui sont parties vivre dans le magma périphérique (ou de maintenir dans l’île celles qui ne sont pas encore parties).
Pour cela il va falloir user d’une imagination spectaculaire ; il faudra rien de moins que construire un habitat novateur (pour le confort familial) et offrir un mode de détention, un mode de propriété tout aussi novateur pour permettre aux citoyens de se faire acquéreurs en payant des mensualités raisonnables. Cela commencerait par la nationalisation des sols urbains comme René Lévesque le proposait. Souhaitons-nous bonne chance !
Il y a six mois, j’ai rencontré le ministre par hasard, dans le déambulatoire d’une église, où il était venu accompagner Mme Marois ; une cérémonie avait été organisée où le gouvernement allait subventionner le recyclage d’une église du centre-ville. M. Lisée m’a dit qu’une politique était en préparation pour intéresser les familles à vivre en ville…
Si jamais cette politique devait voir le jour – ce que je souhaite de tout mon cœur – comment le conseil municipal de M. Coderre trouvera-t-il une motivation pour contribuer à sa mise en application? Je me le demande… Cela est-il dans le domaine du possible ?
La question de la politique d’immigration se pose ici, on le voit. Comment ramener en ville des familles de culture française alors qu’il arrive, depuis dix ans, 50,000 immigrants par année dont moitié, environ, passe à l’anglais? Il va falloir à M. Lisée un courage sans borne d’autant que la plupart de ses collègues du conseil des ministres représentent des comtés périphériques.
J’estime pour ma part que, sans un moratoire de cinq ans relativement à toute immigration non-française, la politique que le conseil des ministres du Québec dit vouloir établir, soit intéresser les familles à vivre en ville, est illusoire et prend les citoyens pour moins intelligents qu’ils ne le sont.


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4 commentaires

  • Claude Richard Répondre

    3 décembre 2013

    À mon humble avis, il faudrait insister sur la baisse des niveaux d'immigration pour les ramener à un degré raisonnable (actuellement, ils sont deux fois plus élevés qu'aux États-Unis ou qu'en France), plutôt que de prôner le retour des francophones de banlieue à Montréal.
    Les banlieues, en particulier Laval, se peuplent de plus en plus d'anglophones. Je le constate même ici à Repentigny. Demander aux francophones de revenir en ville ne ferait que déplacer le problème puisque le pourcentage d'anglophones s'accentuerait en banlieue.
    Quand une baignoire déborde, il faut fermer le robinet, ou du moins en réduire le débit, et non pas transférer le surplus d'eau dans le lavabo. L'immigration est une bonne chose mais, comme toute bonne chose, il ne faut pas en abuser.
    On devrait aussi viser une meilleure répartition des immigrants, mais à travers tout le Québec. Ainsi Montréal s'angliciserait moins et les immigrants se franciseraient plus. C'est demandé depuis longtemps, mais l'action tarde.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 décembre 2013

    J'ai parlé avec une petite immigrée qui fréquente un
    Cégep en région. On a discuté du multiculturalisme. Selon
    elle le problème est "local" particulièrement Montréal.
    Alors pourquoi essayer d'en faire un problème provincial.
    Alors, pourquoi les familles Québécoises ne veulent plus s'installer dans la grande ville, ils ne se sentent plus
    chez-eux. S'est aussi simple que ca.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 décembre 2013

    Monsieur Bonhomme
    Entièrement d'accord avec votre texte que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt. Je n'arrête pas de dénoncer sur Vigile la politique d'immigration néfaste de Marois qui divise les Québécois comme vous le dites si bien et qui fait le jeu du multiculturalisme d'Ottawa. Sans un moratoire sur l'immigration, il est, en effet, presque impossible d'attirer les familles québécoises des banlieues vers la ville de Montréal avec l'immigration actuelle qui fait perdre aux Montréalais ses points de repère et sa cohésion sociale. Il faut que les gens se sentent bien chez-eux, c'est la chose la plus élémentaire; c'est un problème d'identité québécoise.
    Le problème majeur actuel au Québec, c'est dû à un manque de projet national, à un manque de vision gouvernementale pour réunir tous les Québécois vers l'objectif PRIORITAIRE DU PAYS DU QUÉBEC. Notre manque de cohésion nationale fait le jeu de nos adversaires à commencer par le West Island. Le minable "p'tit provincialisme de m.... à la semaine, j'en ai ras le bol depuis longtemps! Marois est trop collé sur l'establishment fédéraliste, c'est là le noeud du problème québécois!
    André Gignac 2/12/13

  • Stéphane Sauvé Répondre

    2 décembre 2013

    Excellent article !
    Je vous cite: "Il est facile de voir que la présence du pouvoir fédéral à l’hôtel de ville de Montréal – celle que je me permets de percevoir - aura des conséquences politiques, psychologiques et symboliques néfastes. Une désolidarisation de Montréal par rapport au projet d’affranchissement du Québec divisera les forces de la nation. Je me permets de penser que les politiques d’immigration – 50,000 par année depuis 10 ans - ont pour objet précis de diviser les Québécois entre eux."
    C'est le nerf de la guerre. Si nous poursuivons dans cette voie de l'immigration massive sans politique efficace d'intégration, c'est la fin de notre projet.
    "Code d'air" a été élu par une minorité qui n'a pas l'appui de la majorité des Québécois. Vous avez donc tout à fait raison, le gouvernement du Québec doit innover et s'organiser pour attirer des familles francophones dans cette belle ile de Montréal. Il doit également couper l'immigration massive où Montréal est la ville de destination.