Pour un chroniqueur politique, le bilan de fin d’année est un classique du temps des Fêtes, comme les dessins animés des années 1970 à la télévision.
2018 aura fait deux grands gagnants : la CAQ et QS.
Elle aura fait deux grands perdants : le PLQ et le PQ.
Gagnants
L’exploit de la CAQ, qu’on s’en réjouisse ou pas, fut proprement historique.
Il faut remonter à 1966 pour voir les Québécois porter au pouvoir une formation autre que le PLQ ou le PQ.
Cette victoire, M. Legault la doit certes à sa persévérance et à la très impressionnante équipe rassemblée autour de lui.
Mais il la doit surtout au déclin de la polarisation autour de la question nationale, qui ne « forçait » plus les électeurs à choisir entre le principal parti fédéraliste et le principal parti souverainiste.
Il la doit aussi, comme toujours, aux erreurs de ses adversaires, mais encore fallait-il savoir en tirer profit.
On verra la suite, mais il faut se réjouir de voir un gouvernement prioriser l’éducation et adopter un ton général fait de modestie et d’écoute.
L’autre grand gagnant fut Québec solidaire.
Nous étions plusieurs à penser que ce parti ne sortirait jamais de l’île de Montréal.
Manon Massé, dans un registre très particulier, a mené une campagne d’une indéniable efficacité, mettant à profit la prime que l’air du temps accorde à l’authenticité, qu’elle soit réelle ou entretenue.
Comme des tas d’autres mouvements à fort coefficient de populisme, de gauche ou de droite, QS a aussi tiré profit du discrédit qui frappe les partis politiques traditionnels.
QS, c’est notre version locale, avec ses particularités, de Podemos en Espagne, de la France insoumise de Mélenchon, du Mouvement 5 étoiles en Italie, de Syriza en Grèce, de Candidature d’unité populaire en Catalogne, etc.
QS est radical, mais le radicalisme n’exclut pas forcément la rigueur.
On peut avoir des idées tranchées, mais nombre d’idées radicales à leurs débuts ont fini par devenir des réalités.
Cela suppose cependant que ceux qui les portent réussissent à passer le test de la crédibilité.
Pour le moment, l’après-1er octobre est laborieux pour QS, dont on parle surtout pour des raisons futiles, comme les accoutrements vestimentaires de ses élus.
Perdants
Le PLQ est l’un des deux grands perdants du 1er octobre.
Il doit sa déroute à l’usure, à son éloignement des francophones, et au fait qu’il ne se distingue plus guère du PLC.
Comment reconquérir les francophones s’il projette l’impression d’être, d’abord et avant tout, le véhicule politique des minorités ethniques et des anglophones ?
Le PQ est le plus mal pris des quatre partis.
Il paie pour le déclin de la question nationale, dont il est partiellement responsable, et pour son désolant flirt avec l’extrême gauche, qui a incité nombre de nationalistes modérés à lui tourner le dos.
Rien ne garantit que le pire soit derrière lui.