L’un des avantages de vieillir est que là où certains verront une nouveauté, vous savez que c’est seulement le retour d’une vieillerie.
Depuis que François Legault a dit son opposition aux oléoducs de transport de pétrole albertain, on se déchaîne, dans le Canada anglais, contre le Québec, éternel « enfant gâté ».
La principale pièce à conviction de l’acte d’accusation ? Le Québec recevra, l’an prochain, 13 des 20 milliards de dollars du programme canadien de péréquation.
Pédagogie
Reprenons pour la millionième fois... mais avec un petit ajout.
Premièrement, le montant reçu doit être apprécié en fonction de la taille de la population.
Le Nouveau-Brunswick recevra 2610 $ par habitant, la Nouvelle-Écosse 2090 $, et le Québec... 1548 $.
Oui, je sais, ce n’est pas drôle d’être comparé à une province atlantique, mais j’arrive à cela dans un instant.
Deuxièmement, le Québec offre à ses citoyens des services publics qu’on ne trouve pas ailleurs au Canada, comme les garderies subventionnées, des droits de scolarité universitaires très bas, etc.
On peut être pour ou contre, mais c’est un autre débat.
Dans l’Ouest, on véhicule l’idée fausse que le Canada anglais finance cette générosité avec « son » argent.
Non, on la finance nous-mêmes en payant plus d’impôts que les autres Canadiens.
Je répète : on peut être contre, mais c’est un débat qui n’a rien à voir avec la péréquation.
La dernière fois que j’ai vérifié, les Québécois étaient soumis aux mêmes tables d’imposition fédérales que les autres Canadiens.
Troisièmement, l’Ouest se plaint aujourd’hui parce que son industrie pétrolière est en difficulté.
Mais c’est lui seul qui a décidé de TOUT miser uniquement sur le pétrole, de garder ses impôts bas, et de dépenser au fur et à mesure les surplus issus des hydrocarbures, au lieu de se faire une réserve pour les temps difficiles.
Mon Dieu, j’allais oublier Ottawa là-dedans !
Pour aider l’Ouest, Justin Trudeau a décidé que son gouvernement achèterait, au coût de 4,5 milliards de fonds publics – auxquels vous et moi avons contribué –, un oléoduc, Trans Mountain, dont aucune entreprise privée ne veut.
Ben coudonc...
Régime
Posons-nous maintenant une petite question supplémentaire.
Le Québec fait partie du Canada depuis 1867 et, pendant 132 de ces 151 années, il a été dirigé par des gouvernements provinciaux de conviction fédéraliste.
Le Québec reçoit de la péréquation parce que c’est l’une des provinces les plus pauvres du Canada.
Or, il est plus pauvre depuis bien avant la création du programme de péréquation en 1957.
Sommes-nous collectivement plus bêtes que les autres ? Je ne croirais pas.
D’où ma question : se pourrait-il que le fédéralisme canadien ne soit pas une si bonne affaire au plan économique pour le Québec ?
Un Québécois qui fonde son adhésion au fédéralisme sur le « cadeau » de la péréquation, c’est comme un assisté social qui pense que la solution à son problème serait un plus gros chèque.
Je souhaite un très Joyeux Noël à tous nos lecteurs.