Comme les trois Rois mages, ils nous ont montré l’Étoile qui devrait guider nos pas. Ils nous ont recommandé de suivre l’Étoile pour atteindre la solution au fameux voile qu’une religion, venue d’ailleurs, a introduit dans le vêtement féminin québécois sans demander notre permission avant. Les « belles-mères » l’ont fait pour notre plus grand bonheur parce que c’est bien connu de ces messieurs que les femmes n’ont jamais été capables de réfléchir par elles-mêmes et surtout qu’elles ne peuvent jamais se mettre d’accord sur un sujet. Comme si eux le pouvaient.
L’homme est si grand que la femme a toujours été écrasée dans le monde des hommes d’hier et d’aujourd’hui. On l’a crue sans âme, puis sans cerveau, sans rien qui ferait d’elle une égale. Misère. Nos victoires vers l’égalité sont fragiles. Nous le savons toutes.
Que disent-ils, les « belles-mères » ? Ils disent « du haut de la chaire » que nous, les femmes d’aujourd’hui, devrions nous calmer devant ce que le voile ou les signes ostentatoires religieux peuvent représenter comme danger pour notre avancement dans cette société où depuis des siècles on nous a appris à plier l’échine, à présenter l’autre joue pour être frappées une deuxième fois et à obéir à Dieu les yeux fermés. Avec un petit peu d’effort, on pourrait s’y mettre et finir par porter le voile nous aussi parce que c’est si joli et surtout… si féminin.
On ne peut quand même pas tous perdre la mémoire en même temps. Il faut se souvenir des « folles finies féministes » qui se sont battues pour le droit de vote des femmes. Nous savons que le voile dans la religion musulmane signe l’asservissement des femmes aux hommes comme le faisaient les chapeaux que les femmes devaient porter pour aller à l’église chez nous, par soumission. Il faut se rappeler qu’on a forcé la première femme élue à l’Assemblée nationale du Québec à porter un chapeau pour siéger parmi ses collègues au début. Il a fallu attendre mon départ de la politique en 1981 pour qu’un nouveau groupe de femmes arrache la permission de porter le pantalon durant leurs heures de travail. De petites victoires gagnées une par une dans le mépris total de l’égalité entre les femmes et les hommes. Les enseignements du dieu des hommes sont toujours faits pour nous tenir en laisse, nous les femmes. Toutes les religions se bâtissent sur le dos des femmes. Il aura fallu faire éclater toute la bulle de la religion ici pour finalement découvrir ce que cachaient les cierges et l’eau bénite, l’encens et les confessionnaux. On a mis fin à ces erreurs et ces mensonges. Les églises se sont vidées. Nous avons appris à respirer enfin.
La religion, chassée par la porte d’en avant, revient par la porte d’en arrière. Personne ne peut nier le phénomène de la montée des religions à travers le monde. Certains parlent même de la mondialisation des religions. Et nous, nous avons encore en mémoire les immenses trous d’ignorance que la religion catholique nous a imposés pendant si longtemps.
Le dieu de nos voisins américains prend aussi de plus en plus de place. La noirceur s’épaissit au fur et à mesure des « God Bless America ». Partout on essaie de remplir la tête des enfants de religion comme si c’était ça l’école. Ces dieux qui se prétendent tous uniques encouragent les guerres, les assassinats, l’intolérance et la vengeance. Monter les hommes les uns contre les autres semble être leur principale préoccupation. La collaboration des religions et des États est l’étau fatal qui étouffe d’abord les femmes et qui fait miroiter plus de pouvoir pour les hommes. Qu’on fonce dans le World Trade Center ou qu’on lance ses guerriers en Irak sous prétexte de sauver des femmes, que ce soit au nom d’une religion ou d’une autre, le cri de ralliement est toujours le même : mon dieu est plus fort que le tien.
La question est posée : avez-vous l’impression que ceux qui se déplacent d’un pays à l’autre apportent leurs autels dans leurs bagages ? J’ai trouvé la réponse dans un livre d’Élie Barnavi, professeur d’histoire de l’Occident à l’Université de Tel-Aviv, un petit livre dans lequel il explique clairement que les religions représentent d’abord et avant tout des structures de pouvoir, et que les immigrants veulent bénéficier des richesses de l’Occident mais combattent nos valeurs qu’ils trouvent inacceptables. De là, je crois, le débat dans lequel nous pataugeons. Ici, nous savons ce que ça donne quand la religion et l’État couchent dans le même lit. Un jour, nous avons forcé les nôtres à faire chambre à part. Nous ne voulons pas avoir à faire la même chose une deuxième fois avec une religion venue d’ailleurs.
Si bien que je fais partie depuis longtemps de celles qui pensent qu’il faut agir avec courage et détermination tout de suite. On a trop tardé déjà. En langage d’homme : arrêter de niaiser avec la rondelle. La mettre dans le filet rapidement car, autrement, quelqu’un d’autre va compter dans nos buts. Couvrir tout le territoire. Ne pas se laisser détourner de l’objectif. Compris, les belles-mères ?
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