Mal placés pour faire la leçon

Quand on habite une maison de verre, on ne lance pas de cailloux

Québec, 22 novembre 2012
Le rapport de la firme de consultants SECOR/KPMG intitulé Étude sur la gestion actuelle du Plan québécois des infrastructures et sur le processus de planification des projets, qui vient d’être rendu public, met en lumière l’improvisation et l’amateurisme qui ont marqué la gestion des finances publiques québécoises au cours des dernières années du gouvernement Charest.
Selon ce rapport, une sous-évaluation de l’ordre de 14 milliards des coûts de projets majeurs d’infrastructures aura comme conséquences la mise en veilleuse de plusieurs projets de première nécessité du ministère de la Santé et des Services sociaux déjà annoncés par les libéraux.
Cela étant dit, il faut vraiment avoir l’esprit tordu et être de mauvaise foi pour qualifier le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, « d’inconscient » en matière de contrôle des dépenses publiques, et ce en évoquant le fait que « la carte de crédit est pleine », comme l’a fait récemment à l’Assemblée nationale le député de Louis-Hébert, Sam Hamad.
On peut cependant se demander où était cet ex-ministre lorsque le gouvernement auquel il appartenait avait recours si allègrement à la fameuse carte de crédit, alors que la dette publique du Québec s’est alourdie de plus de 60 milliards au cours des neuf années pendant lesquelles son parti a exercé le pouvoir.
Ce gouvernement aura d’ailleurs été délinquant jusqu’à la fin de son règne, puisqu’il lègue en héritage au gouvernement Marois un « trou budgétaire » dépassant 1,5 milliard pour l’exercice financier en cours.
Quiconque a servi au sein d’un gouvernement dont le laxisme dans la gestion des finances publiques a contribué à une augmentation d’une ampleur sans précédent de la dette de l’État québécois (1/3 de la dette accumulée dans l’histoire du Québec est attribuable au gouvernement Charest) devrait être plus circonspect et plus réservé dans ses critiques d’un gouvernement qui tente désespérément de réparer les pots cassés par l’ancien régime.
Ce ne sera pas d’ailleurs la première fois qu’un gouvernement du Parti québécois est confronté à un défi de cette nature puisque le gouvernement libéral défait aux élections de 1994 avait fait cadeau d’un déficit de près de 6 milliards de dollars au gouvernement nouvellement élu de Jacques Parizeau.
À la lumière de tous ces chiffres, les prétentions des Bachand, Fournier, Hamad et autres voulant que les libéraux sont les champions en matière de finances publiques et d’économie sont plutôt risibles. De toute évidence, ils n’ont pas la crédibilité nécessaire pour faire la leçon au nouveau gouvernement à ce chapitre.
Louis Duclos - Ex-député libéral fédéral de Montmorency-Orléans (1974-1984)


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