Lettre d'un étudiant sur l'enjeu de l'accessibilité à l'éducation

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012



Jonathan Rioux - Comme vous le savez, les étudiants revendiquent l'abolition de l'augmentation des frais de scolarité. Vous devez voir ce geste non pas comme un geste pour vous soutirer plus d'argent de vos impôts, mais bien un geste pour s'assurer que lorsque vous prendrez votre retraite, suffisamment de travailleurs instruits pourront cotiser à vos régimes de retraite et payer pour les services de santé dont vous bénéficierez.
Les jeunes devront assumer la dette de 200 milliards du Québec que la génération précédente leur laisse, je trouve qu'il est juste que ceux-ci aient accès à une éducation de qualité sans s'endetter personnellement en plus.
Vous me direz que les jeunes se paient des voyages, qu'ils perdent leur temps à l'école et qu'ils ne paient pas leur juste part de leur éducation. Ce peut être le cas pour certains, mais pour la majorité, ce n'est pas le cas et ces jeunes payeront plus que leur part dans le financement de l'état. Les jeunes travaillent fort pour réussir leurs études et trop de jeunes abandonnent les études parce qu'ils consacrent trop de temps au travail. Ce dont nous n'entendons pas parler, c'est du décrochage scolaire. C'est une réalité que beaucoup vivent et qui passe sous le silence en ce moment. Combien de campagnes de publicité ont été faites pour sensibiliser les jeunes à ne pas décrocher? Voilà ce qui coûte cher à l'État, lorsque les études ne sont pas terminées et que ce jeune n'obtient pas un travail convenable pour payer de l'impôt. N'oubliez pas aussi que le taux de criminalité et la santé de la population sont en étroite relation avec l'éducation.
Je pourrais vous expliquer toute l'importance d'avoir un grand nombre de jeunes travailleurs extrêmement compétents pour le Québec de demain et leur rôle capital dans l'économie du savoir, mais je me contenterai de vous démontrer que plusieurs solutions existent pour financer le système de l'éducation. Outre le fait de revoir en profondeur la gestion des finances des universités comme demandé par plusieurs associations étudiantes, voici des mesures qui allégeraient la charge fiscale de l'éducation pour 90% de la population. En adoptant plusieurs de ces mesures, il serait possible de rendre l'éducation universitaire gratuite au Québec sans impact sur les contribuables.
Voici donc des solutions:
- Une redevance sur l'exportation de ressources naturelles comme les minéraux.
- Augmenter le nombre de paliers d'imposition.
- Resserrer les échappatoires fiscales des entreprises, des bonis et des dividendes.
- Devoir rembourser les études si l'on quitte le Québec avant 10 ans au pro rata.
- Réinvestir l'argent transféré du fédéral dans l'éducation au lieu de la détourner.
- Interdire les bonis et les primes de départ pour les fonctionnaires de la fonction publique.
La solution la plus prometteuse selon moi est celle-ci:
Verser une redevance de 1,50$ par crédit universitaire (réussi ou non) chaque année pour le restant de leurs jours. Avec plus de 1 million de bacheliers au Québec, cette mesure à elle seule permettrait une éducation universitaire gratuite. Ceux qui ont eu accès à une éducation supérieure seront à même de payer les 180$ par années afin de permettre au Québec de former des milliers d'autres étudiants qui à leur tour viendront investir dans le système de l'éducation! Voilà comment on inverse la situation et qu'on rend attrayant pour l'État que plus de gens aient une éducation supérieure, au lieu d'augmenter la contribution des étudiants et de diminuer l'accès à l'éducation. Pensez-y, un système «utilisateur payeur».
Des solutions, il y en a, je demande à la population d'appuyer les étudiants, parce qu'ils font cela avant tout pour ceux qui viendront après eux et qu'ils font preuve d'un grand altruisme et d'une vision à long terme pour l'avenir du Québec. Soyez fiers de vos étudiants dans les rues et indignez-vous que ceux-ci doivent faire les devoirs du gouvernement au lieu d'étudier! Les étudiants ont dénoncé la situation, devons-nous attendre plus longtemps avant d'agir?
Il est important de se souvenir des raisons qui ont poussé le Québec à offrir l'éducation moins cher qu'au reste du Canada depuis 50 ans. Si ces raisons ne sont plus bonnes, c'est tous les changements apportés par la Révolution tranquille qu'il faut revoir, pas juste l'accessibilité à l'éducation et ça, c'est un choix de société et non celui d'un gouvernement qui fait la sourde oreille.
Le gouvernement doit décider, soit il tient sa position et mène le Québec 50 ans en arrière en réfutant la totalité du Rapport Parent qui a permis l'accessibilité aux universités, peu importe la classe sociale et qui a mené à la création du ministère de l'Éducation pour encadrer l'accès à l'éducation afin qu'elle soit accessible à tous; soit il fait marche arrière et revoit comment il peut poursuivre l'idéologie des générations précédentes.
Si les frais de scolarité augmentent aujourd'hui, les étudiants sortiront de l'université plus endettés que jamais et paieront plus de taxes que jamais, comment pourront-ils faire tourner l'économie de demain? Qui souffrira du choix du gouvernement? Toute la société de demain.
En tant qu'étudiant, je vous demande d'en discuter entre vous et d'appeler votre député pour signifier votre appui aux étudiants.
Jonathan Rioux
Étudiant en Soins infirmiers 3e année
Granby


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