Un nouveau «conte allemand ». L’histoire de « Goldmarie etPechmarie » (l’éternelle histoire de la belle et bonne fille maltraitée par sa marâtre au profit de la propre fille de celle-ci, laide et méchante, NdlT). Son nouveau titre ? « La face lumineuse de l’Allemagne et sa face sombre ». Madame Merkel prêche une « culture de l’accueil » et de braves citoyens allemands couvrent les réfugiés syriens d’ours en peluche.
Réfugiés à la gare centrale de Munich
Quand on parvient à s’arracher à l’émotion qu’on déverse sur nous, on a l’impression d’assister à une mauvaise pièce de théâtre. Ou d’entendre un morceau de musique joué sur un instrument désaccordé.
Ce n’est tout d’abord qu’une sorte de malaise difficile à localiser. Il y a quelques années, le jacquemart de Munich a été restauré. Et chaque jour, pendant plus d’un an, il a joué faux, jusqu’à ce qu’enfin des musiciens aient assez bien tendu l’oreille pour s’apercevoir qu’on avait interverti les cloches du do et celles du do dièse… On n’a pas encore localisé exactement les origines du malaise devant le drame actuel ; mais quelque chose sonne faux, c’est sûr.
Essayons d’abord de disséquer l’objet, d’en repérer les éléments et enfin de poser la célèbre question « à qui profite le crime ? »
Au premier coup d’œil, ce sont d’abord les images qui vous intriguent. Deux surtout. La photo de l’enfant noyé sur une plage, et celle où Madame Merkel figure à Budapest en compagnie de réfugiés et sous un drapeau de l’UE. En les regardant on a l’impression d’avoir avalé une arête de poisson.
Tous ceux qui se penchent sur le sujet des migrants le savent : il y a des années que des gens se noient en Méditerranée. L’une des histoires les plus effroyables s’est produite durant les bombardements sur la Libye. Un bateau transportant des dizaines de migrants a dérivé pendant quinze jours sans pilote en Méditerranée. Il a croisé deux navires de guerre, a été survolé par des hélicoptères et a continué à dériver, jusqu’à ce qu’enfin les survivants abordent l’Italie. Deux semaines sans qu’on essaie de les sauver, sur une route qui était à l’époque strictement surveillée. La nouvelle n’a pas été reprise par les grands médias, et l’on n’a jamais su quels bateaux, venant de quels pays, avaient enfreint les lois maritimes internationales, qui font obligation de secourir tous les naufragés.
Durant toutes ces années, des hommes, des femmes, des enfants ont péri. Beaucoup ne sont pas morts noyés, mais de soif. Durant toutes ces années, on n’a vu que bien peu de photos et encore bien moins l’indignation à grand spectacle qui a dégouliné ces jours derniers dans les gazettes.
Mais la photo de l’enfant mort avait eu droit à un petit prologue, il faut le dire : l’Action „Centre pour une politique élégante “ devant le Bundestag. Un peu étonnant aussi. Il ne faudrait pas croire qu’il est si facile de piétiner quand on le veut les plates-bandes du Bundestag. Que la gentille intervention policière montrée par les vidéos est tout ce que l’appareil a à vous offrir. Non, vraiment, on reste sur l’impression que cette manifestation était tolérée, sinon appuyée. On pourrait penser que ses organisateurs étaient d’innocents humanistes – s’ils n’avaient pas en même temps approuvé une intervention militaire en Syrie. Ce qui était une énigme à l’époque – il y a quelques mois seulement – s’éclaire maintenant. Cette action et cette photo vont de pair.
Et la photo de Madame Merkel a déjà été abondamment exploitée par Telepolis . Merkel et le drapeau européen, ça fait un peu propagande organisée contre les photos qui nous arrivent de Grèce.
Mais venons-en aux faits.
C’en est un : des dizaines de milliers de gens se rendent en Allemane par la route Sud- Est de la Méditerranée. Beaucoup (mais pas tous) sont syriens (les passeports syriens ont paraît-il beaucoup enchéri). Pourquoi empruntent-ils ce chemin ?
C’est une question qui n’a rien de banal. À l’exemple du père du petit noyé, les fuyards passent d’abord en Turquie. Ce qui n’est cependant pas tout nouveau ; il y a déjà quelque temps que cela dure.
Ce qui déclenche les mouvements de réfugiés, ce sont les guerres – à leur début – ou des changements politiques décisifs. L’Ukraine nous en a donné la preuve évidente. La guerre, en Syrie, dure depuis des années et aucun changement décisif n’est en vue. Cet important mouvement migratoire se produit donc à un curieux moment.
Les fuyards choisissent une destination qui leur semble sûre, c’est-à-dire que leur destination indique souvent leur orientation politique. Dans le Donbass, la majorité des réfugiés a choisi la Russie et pas Kiev. On peut donc penser que les Syriens qui se réfugient en Turquie sont plutôt favorables à l’opposition – quelle qu’elle soit. (En Syrie, les réfugiés intérieurs sont de loin les plus nombreux.)
Selon certaines sources, il est relativement difficile d’être admis dans les grands camps de réfugiés gérés en Turquie par l’ONU. Le mouvement soudain auquel nous assistons suppose donc plusieurs choses. D’une part, on a dû trouver un moyen quelconque de faire de la réclame pour pousser tant de gens à se rendre en un endroit aussi précis. En règle générale, les mouvements de réfugiés ont un point de départ – un lieu que l’on fuit – et une direction définie, mais il est plutôt rare qu’ils aient un but aussi précis, surtout aussi éloigné. D’autre part, les camps de réfugiés turcs doivent avoir être ouverts. C’est-à-dire que sans une collaboration active de la Turquie ce mouvement n’airait pu avoir lieu. On le voit très bien sur la carte : toutes les routes Sud-Est confluent à Istanbul.
Un indice évident que nous n’avons pas affaire à un événement spontané.
Au premier abord cela semble bizarre. Des réfugiés instrumentalisés dans un but précis ? on va certainement crier immédiatement à la « théorie du complot ».
Mais c’est que l’histoire de la RFA offre plusieurs exemples de ce type. Tout d’abord : en RFA l’étiquette de « réfugiés » a été accolée aux fuyards allemands arrivés après la Deuxième guerre mondiale. Contrairement au roman officiel, qui souligne en permanence le bon accueil qu’ils ont reçu et leur intégration réussie, ils sont restés dans des camps jusqu’au début des années 50. Ce n’est qu’en 1952, après une grande manifestation du KPD (Parti communiste allemand NdlT) (!!) à Bonn pour réclamer un peu de bienveillance en faveur de ces réfugiés que le pays gouverné par Adenauer a enfin songé à leur procurer des emplois et des logements. Les raisons cachées de cet étrange comportement (plusieurs années après la guerre), c’était que l’on pensait utiliser ces gens si la guerre devait reprendre, contre l’Union soviétique cette fois. La manifestation (qui, soit dit en passant, donna aussi l’occasion d’introduire dans le droit fédéral la notion de « périmètre de sécurité») fit craindre que les pensionnaires des camps, jusque-là solidement anticommunistes, puissent changer d’avis ; on révisa donc la politique en conséquence.`
Les rapports avec « l’autre Allemagne » ont durablement reposé sur le débauchage des Allemands de l’Est. Jusqu’à la fermeture de la frontière, on a surtout veillé à attirer à l’Ouest une main-d’oeuvre déjà formée, s’épargnant ainsi les coûts de sa formation. Lorsque les gens cessèrent d’affluer, l’utilisation propagandiste des émigrés de RDA se poursuivit ; on les poussait si possible à des actions casse-cou.
Une fois cet afflux tari, les industriels ouest-allemands sont allés chercher la main-d’oeuvre nécessaire dans des pays qui en proposaient. Dans ce cas l’on ne pouvait plus faire l’ économie d’une formation, mais en revanche on n’a pas investi dans la prise en charge des enfants, ce qui aurait permis aux femmes vivant dans le pays de travailler elles aussi. Et bien sûr la main-d’œuvre ainsi recrutée était extrêmement bon marché. Des jeunes gens qui ne parlent pas allemand et n’ont pas de famille sont relativement faciles à rouler dans la farine et à déplacer selon les besoins.
Je ne veux pas cependant affirmer que le gouvernement allemand est derrière tout ça. C’est un point qui pour le moment reste à tirer au clair. Mais il est important de savoir que, s’il en était ainsi, ce ne serait pas une nouveauté en RFA.
Mais même sans du tout chercher qui a déclenché ce mouvement et dans quel but, il demeure que l’Allemagne est responsable du traitement de cette affaire dans ce pays.
Considérons déjà les réactions concrètes. Assez vite les conditions imposées aux réfugiés ont été rendues plus sévères. Toutes les améliorations obtenues au cours des dernières années (par exemple la suppression durement acquise de l’obligation de résidence et le remplacement des colis de nourriture par de l’argent) ont été balayées d’un revers de main, et cela même à l’encontre des jugements déjà rendus par la Cour constitutionnelle ; la « bienvenue » mise en scène officiellement a donc été transformée en son contraire dans le droit.
Le PDG de Daimler a déjà déclaré qu’il allait chercher de la main d’œuvre. On a déjà parlé de supprimer le salaire minimum pour les réfugiés. N’oublions pas qu’il y a toujours ici des jeunes issus de l’émigration qui ne trouvent pas de formation. Se pourrait-il que devoir les intégrer soit précisément le problème ? Peut-être parce qu’ils connaissent mieux leurs droits et ne sont pas aussi faciles à manipuler que des immigrants « de fraîche date » ?
On rappelle souvent que les Syriens ont un niveau de formation élevé. La ZDF (deuxième chaîne de télé publique allemande, NdlT)a diffusé un gentil petit film où une biologiste syrienne déclarait « vouloir faire de son mieux ». Si nous n’avons pas affaire à une campagne de recrutement organisée par l’Allemagne pour aller chercher une fois de plus une main-d’œuvre déjà formée par d’autres pays, du moins les recruteurs montrent-ils le bout de l’oreille : ils sont en pleine activité !
Les conséquences politiques pourraient être tout à fait incalculables (en restant d’abord au niveau de l’appareil d’État). Il semble que la crise des réfugiés permet de faire un pas de plus en direction d’une unification européenne sous contrôle allemand – comprenez qu’il s’agit d’un nouveau recul démocratique au niveau européen. De Maizière, le Ministre de l’intérieur, a tenu ces propos hautement sibyllins: « Il faudra nous attendre partout à des changements : à l’école, dans la police, la construction de logements, la justice, la santé, bref: partout. » Et « cela devrait se faire très vite.» – de préférence en quelques semaines. « Pour certains de nos processus sociaux encroûtés cela pourrait représenter un gigantesque ébranlement.»
C’est inquiétant. Sans même rappeler que les modifications juridiques des dernières années ont souvent abouti au chaos, parce qu’elles n’avaient pas été examinées selon des procédures parlementaires régulières, on peut subodorer dans ces propos un appel à des mesures extra-légales, aux décrets d’urgence à la Brüning (Chancelier allemand de 1930 à 1932, il a imposé des mesures déflationnistes dont le résultat le plus clair a été de favoriser la montée de l’extrême-droite, NdlT). Les semaines qui viennent nous apprendront à quoi l’on peut encore utiliser les réfugiés et je ne serais pas étonnée que tel ou tel droit démocratique fasse encore les frais de l’affaire.
D’ores et déjà l’ouverture euphorique des frontières est terminée. Et il est temps d’examiner toute l’histoire en détail.
Une pénurie artificielle
De temps en temps il faut le souligner : la RFA est l’un des pays les plus riches du monde. Même si les chances des travailleurs normaux d’obtenir un salaire suffisant, un logement à prix décent et une perspective à long terme se sont nettement dégradées depuis 20 ans, le pays s’est encore enrichi. La productivité s’est encore accrue, et le revenu moyen a augmenté. Sauf que ce sont les 10% les plus riches (ou moins encore) qui ont raflé la mise.
La RFA dispose aussi d’infrastructures développées. Quand on fait du catastrophisme sous prétexte que 20 000 réfugiés débarquent à la gare centrale de Munich, on ne devrait pas oublier que cette gare, l’une des plus importantes d’Europe, voit passer chaque jour 500 000 voyageurs, et que Munich , la ville de la Fête de la bière, est à même d’offrir un hébergement provisoire à plus de 100 000 personnes. La grosse difficulté provient des règles légales, qui obligent à héberger les réfugiés dans des camps.
Les dispositions légales qui régissent leur accueil sont codifiées dans le droit fédéral. Même la décision d’abroger en faveur des Syriens les règles de Dublin (qui chargent le premier État de l’Union où abordent les réfugiés de leur responsabilité) a été prise à l’échelon fédéral. C’est encore l’État fédéral qui répartit les réfugiés enregistrés entre les différents länder. Le nombre de réfugiés accueillis dans un land donné n’est donc ni du ressort de ce dernier ni de celui des communes.
Les détails de l’application des règles et le lieu d’hébergement des réfugiés incombent aux länder. La nourriture fournie et la qualité des logements peuvent différer fortement d’un land à l’autre. Les länder décident par exemple s’il y a une obligation de résidence (qui peut signifier qu’un réfugié n’a pas le droit de quitter sans autorisation le landkreis (division administrative comparable à l’arrondissement français, NdlT) qui l’héberge, mais peut aussi bien s’étendre à toute l’Allemagne) et si l’on reçoit des colis alimentaires ou bien si les gens peuvent s’acheter eux-mêmes leur nourriture ; tout cela est du ressort juridique du land. Dans ces domaines, quelques décisions du Tribunal fédéral constitutionnel ont accordé quelques libertés supplémentaires ; mais elles viennent d’être balayées d’un revers de main par le gouvernement fédéral.
En cas d’afflux important et soudain (avant le début des procédures d’accueil et de répartition) la compétence revient d’abord aux communes, puisque c’est à elles qu’il incombe de ne pas laisser les gens à la rue. Mais, à l’échelon politique, ce sont elles qui ont été saignées à blanc, de manière relativement ciblée, durant ces dernières décennies ; dans plusieurs länder les deux tiers sont placées sous administration judiciaire, c’est-à-dire qu’elles doivent faire approuver leurs budgets et n’ont autant dire aucune marge de manœuvre politique, sans parler de réserves pour les situations d’urgence. Dans ce contexte c’est une mauvaise blague de la part du gouvernement que d’offrir des crédits à 0% aux communes qui accueilleront des réfugiés, puisqu’elles n’ont pas le droit d’accepter ces crédits supplémentaires.
Étrange : la protection civile, pourtant étroitement liée aux tâches de sécurité, n’a pas été sollicitée. La Bundeswehr, qu’on expédie le reste du temps jeter des sacs de sable pour étayer la moindre digue, est restée dans ses casernes. Traduisons : on a parlé de catastrophe, mais on n’a pris aucune des mesures usitées en pareil cas. S’il s’était agi d’une véritable catastrophe, le gouvernement aurait pu recourir à une mesure fort simple et toujours accessible : envoyer en permission une partie des soldats et héberger les gens dans les casernes. Ces dernières constituent une infrastructure adaptée à l’accueil de personnes en grand nombre et même en règle générale une zone interdite. Au reste l’Église catholique dispose de quelques centaines de monastères désormais inoccupés, qui disposent également des installations nécessaires pour nourrir les gens, réfectoires et cuisines pour collectivités. Cette option n’a même pas été mentionnée, elle non plus.
On a donc plutôt expédié des masses de gens dans les communes, qui ne pouvaient qu’être dépassées par la tâche. Plus encore : si parfois une localité a accueilli plus de réfugiés qu’elle ne compte d’habitants, c’était voulu. Tandis que le gouvernement proclame à son de trompe que maintenant l’on pratique une « culture de bienvenue » et que notre imagination suspend déjà partout des guirlandes de fleurs à l’hawaïenne, tout le processus est guidé par une subtile perversité. En psychologie, on appelle cela « double contrainte » : le message délivré exige le contraire de ce que l’on souhaite. La perversité est du reste une sorte de leitmotiv dans toute cette histoire.
Une propagande par les actes
L’État-providence est devenu inabordable en Allemagne : voilà la longue lamentation des politiciens depuis quelques décennies. Pour affirmer qu’il en est ainsi, on recourt abondamment à une séparation entre les divers niveaux du politique. Au niveau fédéral on peut sans aucun problème jeter dans le gosier des banques plusieurs fois le budget annuel, mais le manque d’argent contraint les communes à fermer les piscines, bibliothèques et maisons de jeunes. Une vision économique d’ensemble surréaliste, mais sur place une implacable réalité.
Cependant, au fil des ans, on a fini par voir où se dirigent les grands flux financiers et il était impossible de laisser passer cette magnifique occasion d’étayer la fiction de la paupérisation. Finalement, l’argument à demi convaincant qu’«il n’y a pas d’argent » est le meilleur moyen de mettre hors circuit les souhaits de la société et l’éventualité d’une riposte. C’est ce qu’on fait en matière de logement, un poste totalement abandonné au marché depuis des années ; ce qui provoque depuis longtemps déjà une pénurie criante de logements et en maint endroit (Munich par exemple) de vrais problèmes d’accessibilité en raison des loyers élevés (dans les cliniques munichoises, des services entiers sont déserts parce que le personnel ne peut plus payer ses loyers). C’est aussi ce qu’on fait avec Hartz IV, qui prévoit une diminution des retraites (reculer l’âge de la retraite revient de fait surtout à diminuer les retraites) et pour que nul n’en ignore, il s’y ajoute le message clair que des gens qui ne sont plus à même d’être une main-d’œuvre rentable sont à vrai dire superflus.
Quand une discussion s’engage pour décider si les communes peuvent ou non réquisitionner des habitations pour abriter les réfugiés (c’est un droit qu’elles ont toujours eu), il ne faut pas s’étonner que les gens se demandent pourquoi, devant la pénurie croissante de logements, cette mesure ne peut être envisagée en faveur des autochtones. Cet exemple montre bien comment on peut donner un tour dramatique aux coups joués par les politiciens. Car ce débat ne vise nullement à mettre effectivement en pratique ce droit des communes, ni pour les réfugiés ni pour quelqu’un d’autre ; le but en est plutôt de déclarer que cette mesure est condamnable. Et en fin de compte les deux groupes, réfugiés et autochtones, n’ont toujours pas de logement, mais on a bien montré que les politiciens n’y pouvaient décidément rien. Comme on dit, on fait prendre des vessies pour des lanternes.
Le manque de volonté se déguise en impuissance. Et pas à pas, d’un exemple à l’autre, on fait croire à la misère, à la demande excessive, à la pénurie. Somme toute, on a tant souligné ces mois derniers la bonne santé économique de l’Allemagne que les gens ont fini par redemander de légères améliorations. Les enseignants ont fait grève, par exemple. L’énorme effort qu’exige l’accueil des migrants vient à point nommé ; d’une réduction du salaire minimum, déjà dérisoire, jusqu’à une baisse des retraites (sans même mentionner les traitements des fonctionnaires), on peut parier que le lourd fardeau que constituent les réfugiés sera mis plusieurs fois à contribution. Et comme l’appareil politique peut déplacer à son gré la masse humaine des réfugiés, on aura droit à d’autres mises en scène pour octroyer à cette comédie crédibilité et présence médiatique.
(L’une des informations que le drame des réfugiés a occultées concerne du reste la répartition de la richesse en Allemagne. Chaque fois qu’on y regarde de plus près, elle paraît plus étrange, plus injuste, à dire le vrai depuis longtemps insoutenable. Comme c’est commode que presque personne n’y ait songé cette fois-ci. Et quel immense avantage que depuis l’abolition sous Helmut Kohl de l’impôt sur la fortune la pauvreté se fasse certes de plus en plus visible dans ce pays, mais que la richesse ne soit même plus prise en compte.)
Le grand mélo à la gare de Munich, les appels à l’aide en direction de la population, tout cela n’est que propagande. Si adroitement mise en scène que personne ne prend le temps de se demander s’il faut vraiment des volontaires pour fournir à 20 000 personnes de la nourriture, de l’eau et quelques objets indispensables. Si l’on avait pris les décisions nécessaires, tout cela aurait pu se faire sans bruit. À la fête de la bière, on offre certains jours à 500 000 personnes distractions, nourriture et breuvage jusqu’à plus soif. Comment se fait-il qu’un nombre si modeste de gens – bien moins que les spectateurs d’un match de la Bundesliga !- ne puisse être pris en charge qu’avec l’aide de volontaires ? Non, ce n’était pas une nécessité technique. Et à coup sûr ni la solution la plus économique ni la plus efficace au problème. Mais une solution basée sur les possibilités logistiques réelles n’aurait pourvu ni à l’émotion, ni aux images. Le but visé n’était pas en l’occurrence d’apporter la meilleure aide possible, mais le spectacle, la propagande par l’action.
Comme c’est pratique et agréable que la fin de la pièce ait été prévue dès le début. Finalement le grand tournant pouvait être pris, apparemment en toute innocence, avant le début de la Wiesn (fête de la bière, NdlT). Car si l’on veut remplir les chopes sous le chapiteau de la Bavaria, il ne reste plus de place pour les flux de réfugiés, et comme les visiteurs de la Wiesn sont aussi des étrangers, on peut refermer gare et frontières sans encourir le reproche de xénophobie.
Droits humains et ennemis des êtres humains
Venons-en à ce qui sous-tend cette histoire de « face sombre » et de « face lumineuse » de l’Allemagne, comme il a été dit. Ou de l’espace qui sépare Heidenau des ours en peluche de la gare centrale de Munich.
Heidenau était l’antithèse indispensable pour mettre en valeur le drame de Munich. S’il n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Rejeter les réfugiés, c’est du racisme: cela fait déjà consensus. Et toute question sociale a déjà été suffisamment éradiquée de la conscience politique pour que la nuance de mépris sociologique qui colore la mise en scène reste au fond de l’inconscient.
Car «la face lumineuse de l’Allemagne» est nettement située sociologiquement, c’est la sphère du petit-bourgeois (encore) bien protégé, tandis que « la face sombre de l’Allemagne », c’est la racaille prolétarienne, que l’on regarde avec méfiance et en fronçant le nez. Bien sûr on n’a pas oublié de célébrer aussi à cette occasion la fracture qui subsiste toujours dans notre pays prétendument réunifié : ce sont finalement les vilains Ossis socialement formatés par le socialisme qui constituent « la face sombre de l’Allemagne » et les bons bourgeois de l’Ouest qui sont du côté lumineux.
La situation des réfugiés n’est pas confortable, personne ne le conteste, et nombre de ceux que ce flux, quelle qu’en soit l’origine, a attirés ici, constateront très vite que ce pays est tout sauf amical. Mais le pathos démesuré des appels en leur faveur peut exciter pour diverses raisons une colère parfaitement légitime.
Tout d’abord, son aspect sélectif. En quoi, pour l’amour du Ciel, les réfugiés syriens ont-ils mérité plus de prévenance que les réfugiés yéménites, somaliens, afghans, irakiens ou originaires d’un autre pays (ils sont nombreux), que les puissances occidentales ont bombardé et précipité dans le chaos ou anéanti, pour diverses raisons, au cours de ces dernières années? En quoi sont-ils davantage les bienvenus que les réfugiés kosovars, un pays que la RFA a pris beaucoup de peine et mis plusieurs années de fervente collaboration avec les USA à transformer en un mix de colonie mafieuse et de porte-avions ? Ce tri soigneux entre réfugiés de pays que l’on désire encore mener à la ruine,et qui présentent donc une utilité pour la propagande, et ceux dont le pays est déjà en ruines et qu’on souhaite donc au diable vauvert, est d’un insondable cynisme. Mais la gauche est très occupée à distribuer des ours en peluche et n’a pas le temps d’attirer l’attention sur cette hypocrisie.
Mais comment cet appel à une « culture de bienvenue » est-il perçu par tous ceux que leur propre pays traite de manière largement hostile ? Est-ce forcément du racisme, si cet altruisme qu’on impose soudain donne des aigreurs à ceux qui sont sous la curatelle de la caisse de chômage ou se propulsent péniblement de début de mois en début du mois suivant avec des salaires de misère ? Et à qui de surcroît on ne cesse de rebattre les oreilles avec « ceux qui réussissent » et que l’on traite de parasites? chez qui on économise les brosses à dents et dont la seule perspective d’avenir est une vieillesse besogneuse? Qu’on ne nous parle pas de solidarité, c’est contre ceux d’en bas en faveur de ceux d’en haut qu’elle s’exerce et elle n’a rien à voir avec une « culture de bienvenue. » Nous vivons dans un pays où seul le premier centile est bienvenu, et où on aimerait vraiment mettre les 50% d’en bas (qui, notons-le au passage, font tout le travail vraiment utile) au pain sec et à l’eau. La promesse du paradis terrestre que le capitalisme a faite au moment de l’armistice s’est depuis longtemps évaporée, fini la carotte, reste le bâton. « Une culture de bienvenue » ? Si cela éveille en vous les mêmes sentiments que le mot de « réforme » – donc des craintes obscures -, c’est tout simplement que vous êtes réaliste. Oui, on se trompe de colère, mais cette colère ne prend pas pour autant sa source dans le racisme, mais dans des ténèbres sociales bien réelles.
Et la « face lumineuse » de l’Allemagne ? C’est politiquement aussi noble d’en faire partie que de faire ses courses au supermarché bio. La question d’une culture naturelle de fraises espagnoles cueillies par des Marocains traités en esclaves étant résolue, et celle de relations commerciales équitables noyée dans le chocolat « fair trade », on peut désormais acheter des indulgences pour la conduite de guerres impériales en offrant un ours en peluche. Nous levons-nous en masse pour demander la levée des sanctions contre la Syrie? Non. Combien de politiciens/ciennes s’expriment-ils/elles en faveur dune sortie immédiate de l’OTAN ? Aucun. On ne fait aucun effort véritable pour améliorer la situation des réfugiés syriens en Turquie. Mais nous avons notre « culture de bienvenue. » .
N’oublions pas que cette course aux indulgences (comme toutes les autres du reste) recèle une bonne part de ce que les Anglais appellent désormais « classism », par analogie avec « sexisme » et « racisme », un « classisme » donc, qu’en allemand l’on dénomme « haine de classe » (même si dans le cas présent le vocabulaire marxiste demanderait plutôt « couches intermédiaires » que « classe ».) Il s’agit en effet de se distinguer, de tracer une frontière, qui en définitive aboutit non par hasard, mais pour de bonnes raisons, à approuver la politique impérialiste. Dans le médecin syrien si souvent cité (ne cherchons pas à savoir s’il se trouvait vraiment dans la foule des réfugiés), le petit-bourgeois allemand reconnaît la chair de sa chair ; il n lui viendrait pas à l’idée d’apporter ses ours en peluche dans des hébergements pour SDF ou de célébrer la « culture de bienvenue » devant l’agence pour l’emploi ; chaque geste caritatif contient son grain de mépris pour ceux qui n’ont rien.
Oui, on ronchonne un peu contre la politique des USA. On ne devrait cependant pas oublier que la rigueur impitoyable qui répond actuellement à la moindre velléité d’indépendance des pays membres de la constellation coloniale est certes du fait des États-Unis, mais ne profite pas aux intérêts des seuls États-Unis (on devrait plutôt dire, aux intérêts du capital états-unien). L’industrie allemande gagne aussi à ce que les pays fournisseurs de matières premières continuent à ne pas pouvoir en fixer le prix. C’est surtout parce que les cueilleurs des colonies occidentales étaient (et sont toujours) empêchés par la force de se battre pour des salaires raisonnables que les célèbres bananes, qui étaient devenues le symbole de la supériorité de la RFA sur la RDA, étaient si bon marché ici. En effet, la participation active de l’économie et de la politique allemandes aux diverses saloperies n’est pas le seul problème. Un autre est qu’elles en profitent. L’exemple de la Grèce a montré que ces intérêts peuvent très bien laisser une trace sanglante, même si dans ce cas ce ne sont pas les bombardiers qui tuent, mais par exemple la destruction du système de santé. L’ensemble des structures qui tiennent à la gorge de vastes pans du monde, le FMI, la Banque mondiale et les armées de l’OTAN, n’est nullement en conflit fondamental avec les intérêts du capital allemand, et, comme dans une bande de racketteurs, celui qui flanque une raclée au « client » indocile n’est pas le seul coupable. En ce moment on mène des guerres coloniales impitoyables, impensables durant des décennies, qui précipitent des pans entiers de continents dans le chaos. Dès qu’on moufte, on est menacé de « changement de régime» – avec passage à l’acte. Mais tant que les bananes ne coûtent pas cher ici, rout va bien. Et si d’aventure les intérêts du capital allemand entrent en conflit avec ceux du capital US-américain, on ne devrait pas pour autant oublier qu’ils sont tout à fait d’accord pour maintenir tout en bas de l’échelle les pays qui s’y trouvent.
La relation du petit-bourgeois allemand avec l’impérialisme en soi, qui s’exprime en ce moment dans le malaise face à la politique belliciste des USA, est plutôt d’ordre esthétique. Les grossiers Amerloques sont priés de bien essuyer leurs pieds sur le paillasson, afin de ne pas faire de taches de sang sur le tapis. Entre un ours en peluche à la gare et le refus des guerres coloniales, il y a un abîme.
(Soit dit en passant : si l’on regarde de près les storytellings actuellement à la mode pour légitimer l’impérialisme, on ne devrait pas attendre longtemps pour assister au premier bombardement pour cause de racisme.)
La gauche caritative
C’est un fait : l’ensemble de la gauche, en RFA, fait preuve de beaucoup plus d’énergie en faveur de l’accueil des migrants et d’élan à contre-manifester que dans la lutte contre les guerres impériales (ce qui désormais chez certaines gens prétendument de gauche s’attire le soupçon « d’antisémitisme ».) Ni les manipulations médiatiques, par exemple l’utilisation de la photo du petit noyé (qui pose un grand nombre de questions), ni la « culture de bienvenue » si hautement louée ne sont mises en question. Au contraire, on y participe avec ardeur et cette explosion d’hypocrisie caritative en RFA est comptabilisée au titre des progrès de l’antiracisme.
Car la vie politique comporte quelques règles générales bien simples. L’une d’elles c’est : si le Bild trouve bonne une chose que je trouve bonne moi aussi, il faut que je réfléchisse, j’ai sûrement fait une erreur.
Toutefois cette réaction est tout sauf innocente et montre, une fois de plus, que nous avons affaire à une gauche fondamentalement bourgeoise, avec une morale bourgeoise. Peut-on donc admettre (sachant bien à quel point les chemins empruntés pour fuir vers l’Europe sont sélectifs) que l’on se donne la peine d’accueillir le plus généreusement possible ceux-là seuls qui ont jusqu’ici gagné à la loterie darwinienne et qu’on ignore complètement ceux qui n’ont pu se payer cette fuite de luxe ? La solidarité, c’est autre chose. La solidarité, c’est assister quelqu’un dans sa lutte. En quoi l’accueil en Allemagne d’une fraction relativement aisée et cultivée des réfugiés sert-il la lutte du peuple syrien pour un avenir meilleur ? Rien d’étonnant à ce que les industriels allemands soient ravis de puiser dans d’autres pays des travailleurs déjà formés. Mais il est plus étonnant de voir que la gauche allemande semble ne pas pouvoir imaginer d’autre réponse que « Droit de tous à rester. »
Tandis que le Haut commissariat pour les réfugiés aux Nations unies déclare que les fonds prévus pour l’année sont déjà épuisés (ce qui représente justement un grave danger pour les réfugiés qui ne peuvent se payer un voyage haut de gamme en Europe), personne ne débat des moyens de réparer sur place les dommages causés (c’est-à-dire non seulement de lever les sanctions contre la Syrie, mais d’aider à la reconstruction) ; non, on se soucie de ceux qui ont réussi à arriver jusqu’ici.
Ce n’est l’intérêt ni de la classe ouvrière allemande, ni de la résistance à l’impérialisme (employons ici le vocabulaire « classique » pour bien révéler le problème). C’est une « solution » individuelle à un problème collectif ; autant mettre un pansement sur le nez pour soigner une blessure à la jambe.
Tous les réfugiés sont de braves gens? Vraiment ? Et si des fascistes ukrainiens reçoivent un coup de poing sur le nez et frappent là où on leur a déjà donné asile, c’est-à-dire ici en Allemagne, c’est toujours bien ? Il faut ouvrir les frontières aux ukronazis ? Parce qu’aucun autre pays n’a autant d’expérience que l’Allemagne dans la resocialisation des criminels de guerre ?
Les migrations sont une soupape qui stabilise des situations insupportables. L’indépendance irlandaise aurait-elle été acquise plus tôt sans l’émigration massive du 19ème siècle ? Comment l’Allemagne aurait-elle évolué sans l’émigration massive qui a suivi la défaite de 1848 (ce pays a été un pays d’émigration, et non d’accueil, jusqu’au début du 20ème siècle) ? Peut-on vraiment dire que l’émigration ait été un facteur de progrès social, où et quand que ce soit ? ( Soit dit en passant, au cours des dernières années, on a beaucoup émigré, de Grèce, du Portugal, d’Espagne, entre autres vers l’ Allemagne. Ici on ne l’a guère remarqué, mais cela a sûrement eu une incidence politique dans les pays d’origine.)
Et ne pas se demander qui émigre, quand, pourquoi et pour aller où, mais admettre implicitement que tous les habitants du monde veulent vivre comme nous en Allemagne, ou plutôt vivre en Allemagne tout court, n’est-ce pas une attitude fondamentalement autojustificative et conformiste, une simple variante du sentiment de supériorité arrogant des colonialistes ? Pour ainsi dire, un suprématisme US à l’allemande ?
Oui, au cœur des ténèbres on vit mieux qu’à leur périphérie. Mais il ne faudrait pas oublier que c’est précisément le cœur des ténèbres, et pas une Terre promise.
Un nouveau dogme
Le plus inquiétant dans le cirque autour des migrants, c’est qu’il s’insère dans une longue succession de mises en scènes macabres du même genre, qui a débuté au plus tard avec le battage en faveur de Maïdan et Monsieur Klitchko, s’est aussitôt poursuivi avec le matraquage médiatique à propos de l’avion malaisien disparu et a culminé en début d’année avec l’effrayant « Je suis Charlie ». Tous ces évènements paraissaient artificiels, dotés d’une surcharge émotionnelle écrasante et objets une exploitation médiatique démesurée.
Dans tous les cas, il y a eu un roman officiel qu’il était interdit de critiquer. Dans tous les cas, il était particulièrement tabou de parler d’intérêts, alors qu’un flot gigantesque de « valeurs » se déversait sur un public sidéré. En outre, depuis « Je suis Charlie », des masses considérables sont associées à des professions de foi publiques.
Ces « valeurs » relèvent largement de la simple certitude dogme. S’il sait qui est propriétaire des médias, personne ne dira sérieusement que nous avons une liberté d’opinion. Devant la scène perfide entre Angela Merkel et la petite réfugiée palestinienne („Je voudrais la caresser“), personne ne peut croire à la « culture de bienvenue » de la « face lumineuse de l’Allemagne ». Mais la mise en scène est de plus en plus accentuée.
Le roman des réfugiés syriens obéit aussi à des intérêts géopolitiques. Wolfgang Ischinger, le porte-parole de l’Alliance pour les Affaires étrangères, a déjà réclamé une intervention en Syrie, comme German Foreign Policy le rapporte avec sa minutie accoutumée; contre Assad, s’entend. Il en va de même en Grande-Bretagne et en France. Mais dans cette histoire il y a plus encore.
Tous ces évènements bénéficient d’un traitement fortement irrationnel. J’avais déjà écrit, à propos de « Je suis Charlie », que cela faisait penser à une communauté populaire des « valeurs européennes » ; la « face lumineuse de l’Allemagne » renforce encore cette impression. Parallèlement il n’a jamais été aussi facile d’être considéré comme un ennemi de l’État – quelques objections à ces romans suffisent. Nous avons affaire à un regroupement transversal indépendant des partis en interne, avec, en direction de l’extérieur, une position agressive, lourde de composantes irrationnelles et d’émotions manipulatrices. J’espère vraiment me tromper, mais il me semble voir poindre par étapes successives l’idéologie fasciste européenne du 21ème siècle.
Au fil de l’année dernière, il est apparu que des forces très puissantes en Europe poussaient à la guerre, mais parallèlement que la propagande « normale » ne suffisait pas à gagner la population à leurs buts. Depuis nous assistons à une succession d’évènements qui chaque fois poussent légèrement dans la « bonne » direction, toujours sous un emballage qui permet de le faire avaler jusque dans les milieux petits-bourgeois de gauche. Parallèlement, les aspects non seulement géopolitiques, mais aussi sociaux et économiques sont évacués du discours, et le même message passe en boucle : tous ça n’est rien comparé aux « valeurs ». Et peu à peu ce massage spirituel insinue que, pour des « valeurs », on doit être prêt à faire des sacrifices.
Diverses théories courent en Allemagne sur les auteurs du déclenchement du flux de réfugiés en RFA. Peut-être au début une invite amicale des USA. Ou de Monsieur Erdogan, qui aimerait bien continuer sa partie avec l’EI sans être dérangé. Mais l’instrumentalisation a été ici rapide et efficace, on en est arrivé presque à l’état d’urgence, et avec un peu d’imagination l’on peut trouver des moyens de franchir cette ligne (on a déjà dit que des partisans de l’EI pourraient être arrivés avec les migrants). La participation euphorique de larges pans de la gauche aussi bien à « Je suis Charlie » qu’à la « face lumineuse de l’Allemagne » me retient de trop y réfléchir.
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